La stratégie nationale pour le fret ferroviaire prête d’ici l’été 2021

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Lors d’une audition de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, il a été indiqué que la stratégie nationale pour le fret ferroviaire serait en voie de finalisation et pourrait être prête d’ici l’été. Les échanges ont aussi permis de rappeler les enjeux et attentes pour le fret ferroviaire de l’Alliance 4F, la position de SNCF Réseau, le soutien de l’AUTF. La commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale a organisé une audition sur le thème « les perspectives du fret ferroviaire » le 5 mai 2021 « car la relance du fret ferroviaire est un enjeu majeur dans la politique de lutte contre le réchauffement climatique », a indiqué la députée Laurence Maillart-Méhaignerie. L’occasion de rappeler que l’Assemblée nationale attend du gouvernement la stratégie nationale du fret ferroviaire selon l’article 178 de la loi d’orientation des mobilités (LOM). « Elle était prévue par la LOM pour janvier 2021 mais du retard a été pris à cause de la crise sanitaire. Le document serait en voie de finalisation et pourrait être prêt d’ici l’été », a ajouté la députée. Elle a rappelé les objectifs de l’Alliance 4F pour le fret ferroviaire en France : passer d’une part modale de 9 % en 2019 à 18 % en 2030 et 25 % en 2050 avec une liste de propositions pour y parvenir présentées en juin 2020.

Travailler en collectif

La parole a été donnée à Isabelle Delon, directrice générale adjointe clients et services de SNCF Réseau, qui a listé « les conditions de réussite » pour parvenir à multiplier par deux la part modale du fret ferroviaire d’ici 2030 :

  • Etablir une circulation en harmonie des opérateurs de fret ferroviaire avec les trafics voyageurs. « Notre objectif est de faciliter le circulation des trains de fret sur le réseau ».
  • Retrouver un modèle économique équilibré, condition d’un réseau performant pour tous les trafics. « Aujourd’hui, les trois quart des coûts de circulation fret sur le réseau français ne sont pas couverts pars des recettes de péage, ce n’est pas satisfaisant ».
  • Contribuer à la réduction de l’empreinte carbone.
  • Accompagner le développement de l’économie française au niveau national, dans les territoires.
  • Selon Isabelle Delon, « des actions concrètes ont déjà été lancées sur trois axes majeurs » :
  • Qualité de service et performance des sillons pour les clients. « Nous savons que nous pouvons progresser sur un réseau de plus en plus utilisé pour les voyageurs. L’enjeu est de mieux coordonner le fret et les voyageurs ». La ponctualité des trains fret est aussi un point à améliorer.
  • Accompagnement des industriels et des chargeurs ainsi que des opérateurs ferroviaires sur l’ensemble du territoire. Elle a cité ici le partenariat avec Voies navigables de France (VNF) « pour une logistique plus verte des clients industriels. Le ferroviaire et le fluvial sont complémentaires pour développer un mode de transport durable en France. SNCF Réseau allie ses forces avec VNF pour aller en ce sens ».
  • Réalisation d’investissements financiers dans le cadre du plan de relance pour soutenir le développement du fret pour deux raisons. « La première est de préserver les infrastructures existantes. La deuxième est de développer des infrastructures spécifiques au fret pour des trafics performants ». Elle a rappelé ici la mise en service de l’itinéraire Serqueux-Gisors entre la Normandie et l’Ile-de-France avec 25 circulations potentielles pour le fret. Actuellement, deux sont en cours d’utilisation. Elle a précisé : « Malgré les pertes de recettes d’un milliard d’euros en 2020, nous avons maintenu nos investissements en 2021 d’un montant de 2,8 milliards d’euros. Ces investissements contribuent à l’amélioration de tous les trafics fret et voyageurs. Il ne faut pas oublier que 80 % des circulations de fret se font sur le réseau structurant ».

Isabelle Delon a également mis en avant l’importance d’un travail en « collectif » associant l’Etat, les territoires, les opérateurs ferroviaires réunis dans l’Alliance 4F, les élus... Elle a estimé que « le contexte actuel est favorable pour le fret ferroviaire. La crise sanitaire a révélé ses atouts. Dans le contexte du changement climatique, il permet une logistique plus respectueuse de l’environnement. Agir pour le report modal de la route vers le ferroviaire est un levier important » pour atteindre les objectifs de décarbonation des transports.

« Il faut des investissements planifiés et cadencés »

Pour Alexandre Gallo, président d’Euro Cargo Rail, et s’exprimant aussi au nom de l’Alliance 4F : « Il est impératif d’organiser le report modal à travers le fret ferroviaire et le transport combiné rail-route. L’objectif de décarbonation de la France ne peut se faire sans le rail ».

Il a rappelé que toute la filière ferroviaire est réunie au sein de 4F, « alliance inédite », et qui a des propositions concrètes pour parvenir à multiplier par deux la part modale du mode d’ici 2030.

Les propositions se déclinent en deux phases dont la première porte sur les années 2021 à 2024 pour la relance du fret ferroviaire. Sur cette période, des aides à l’exploitation sont nécessaires (au wagon isolé, augmentation de l’aide à la pince pour le transport combiné), et ont été inscrites dans le PLF et le plan de relance. « Il faut pérenniser les aides à l’exploitation au-delà de 2021, les faire durer jusqu’en 2024 pour immédiatement gagner en compétitivité et augmenter la part modale », a dit Alexandre Gallo.

Il y a aussi le lancement de deux appels d’offres d’autoroute ferroviaire (Sète-Calais, Perpignan-Rungis).

Des investissements sont aussi nécessaires dans les infrastructures « pour favoriser un rattrapage sur les lignes principales et capillaires, sur les ITE, sur les accès aux terminaux ». Concernant le report modal, des mesures de libération des gabarits, la possibilité de trains longs et lourds, travailler sur les plates-formes de transport combiné sont des éléments également importants sur la période.

Alexandre Gallo a ajouté : « Nous manquons de visibilité sur le milliard d’euros du plan de relance, quels projets seraient financés, avec quels montages financiers. La mise en œuvre de la partie ferroviaire du plan de relance ne peut se faire qu’avec les acteurs concernés et en associant les intérêts régionaux et territoriaux qui sont les premiers bénéficiaires du report modal ».

Pour l’axe de travail sur la préservation des sillons de fret et les impacts des travaux (210 millions d’euros dans le plan de relance) une première réunion a eu lieu le 5 mai avec SCNF Réseau.

La seconde phase du plan de l’Alliance 4F concerne les années 2025 à 2030 et prévoit « un développement avec des investissements capacitaires pour parvenir à une part modale de 18 %. Il faut des investissements planifiés et cadencés », a précisé Alexandre Gallo.

Selon lui, « le plan de 4F est ambitieux, répond à l’urgence climatique et aux besoins du marché, favorise le développement économique et la création d’emplois ». Les conditions de son succès passe par le soutien de l’Etat, la mobilisation des administrations et ministères, le rôle des élus mais aussi une méthode de travail conjointe entre les opérateurs et le gestionnaire du réseau ferré national, une mise en œuvre effective.

Parmi les prochaines étapes importantes : la stratégie nationale du fret ferroviaire est attendue ainsi que le prochain PLF, sans oublier le contrat d’objectifs et de performance entre l’Etat et SNCF Réseau.

Une liste de besoins 

L’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF) est membre de l’Alliance 4F, son président Denis Choumert a déclaré : « Nous partageons les objectifs d’augmentation de la part modale du fret ferroviaire ».

Selon lui, chez les chargeurs qui utilisent déjà le fret ferroviaire, il y a des potentiels de trafic pour lesquels il faut mettre en place des solutions pour les faire émerger. C’est, par exemple, la possibilité de coupons de wagons à ajouter à des trains qui ne sont pas toujours complets pour des raisons ou causes diverses. Il y a besoin de davantage de desserte, de fréquence sur des itinéraires comme ceux de l’axe Seine ou de Rhône-Saône-Méditerranée. Il y a besoin de nouveaux terminaux de transport combiné « de haut rendement » mais aussi « des installations disséminées chez les chargeurs ».

Pour Denis Choumert, le rôle du fret ferroviaire dans la décarbonation des transports est essentiel car « la transition énergétique du TRM va coûter très cher avec des effets importants sur l’économie française. Les coûts sont en cours d’évaluation et vont faire paraître modeste le plan de relance du fret ferroviaire et les investissements nécessaires ».

Concernant de nouveaux terminaux de transport combiné, Aurélien Barbé, délégué général du Groupement national des transports combinés (GNTC), a indiqué : « Nous avons mené un travail sur un schéma directeur pour localiser la meilleure position de nouveaux terminaux de transport combiné. Nous estimons qu’il en faut 15 nouveaux d’ici 2030, sachant que la réalisation d’un terminal prend 5 ans. Nous attendons des réponses sur les financements possibles ». Aurélien Barbé a aussi souligné la nécessité de moderniser les terminaux existants.

Selon lui, pour valoriser le transport combiné, une incitation au report modal est une option à privilégier pour favoriser la complémentarité des modes. Cela pourrait être une valorisation de la tonne de CO2 économisée quand le transport combiné est choisi.

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