Au total, 89 péniches-hôtel pour 68 opérateurs sont recensés en France, a indiqué Jacques Bonneau, directeur de l’institut TMO, lors du séminaire de formation IdealCo/VNF d’avril 2021 sur le thème « les attentes des clientèles du tourisme fluvial ».
Les données sur l’activité de ce segment du tourisme fluvial résultent d’une enquête réalisée de juillet à octobre 2019 avec une distribution de questionnaire à bord qui ont ensuite été récupérés. 14 900 est le nombre de clients ayant fait une croisière à bord d’une péniche-hôtel d’une durée de 6 à 7 jours. La saison dure d’avril à octobre, soit 15 à 25 semaines. Le poids économique national est évalué à 63 millions d’euros TTC dont les trois quart générés par les opérateurs et un quart par les clients.
L’origine de la clientèle est extrêmement peu française (4 %), massivement « hors union européenne » (83 %), 66 % d’Amérique du Nord. L’âge est (très) élevé : 35 % des passagers ont 60 ans et plus, 50 % 70 ans et plus. Ils viennent avec des amis à 55 %, en couple à 31 %, en famille (10 %). Ce sont des « primo-croisiéristes » à 59 %.
« La clientèle des péniches-hôtel irrigue la France et ses territoires. 77 % effectue un pré-séjour et 72 % du post-séjour », a souligné Jacques Bonneau, avec des nuitées soit sur le bassin de la croisière, soit sur Paris.
Des conditions nécessaires
Mathias Gilles qui propose depuis 22 ans des croisières en péniche-hôtel d’abord en Bourgogne puis sur le canal du Midi depuis plusieurs années avec l’Espérance a témoigné de son activité.
L’offre proposée est une croisière de 6 nuits avec des navigations d’une demi journée chaque jour et l’autre partie est consacré à des excursions à terre. Pour lui, les clients de péniches-hôtel sont à la recherche « d’authenticité et d’expérience ». Sa clientèle vient très majoritairement d’outre-Atlantique. La crise sanitaire a durement réduit son activité en 2020, les clients n’ayant pas pu venir : il a pu réaliser seulement 4 croisières. La difficulté a été de « repositionner l’offre à destination d’une clientèle de proximité ».
Pour 2021, 5 semaines sont réservées par des clients français ou européens. L’adaptation de l’offre concerne notamment une réduction du nombre de membre d’équipage pour diminuer les prix de la croisière et les coûts en général.
Les conditions d’une croisière en péniche-hôtel sont : la beauté du site/bassin, les excursions (dans un rayon maximum de 40 km du lieu de l’escale), l’accessibilité (aéroport, gare, maximum 1 h en voiture du lieu où est amarré le bateau). Il faut ajouter la facilité pour approvisionner le bateau, les conditions de navigation avec la possibilité de réaliser des virements, notamment.
Les équipements et les infrastructures doivent être au rendez-vous avec un accès à l’eau (besoin de 8 000 litres par semaine pour 6 passagers et 5 membres d’équipage) mais aussi à l’électricité à quai pour ne pas utiliser le groupe électrogène lors des escales pour éviter les nuisances que sont le bruit et les odeurs.
Les points d’amarrage sont essentiels pour les nuitées mais aussi pour permettre l’accès aux véhicules pour la livraison des approvisionnements du bateau, l’arrivée des guides, aller chercher et faire venir les clients et les emmener en excursion. « Un maillage des points d’amarrage est nécessaire en tenant compte que la durée de navigation est de 3 à 4 h par jour, le reste du temps, le bateau est à quai en escale ».
Pour les excursions à terre, les attentes des clients évoluent : la visite de châteaux ou de musées ne suffit plus. « Ils recherchent de l’émotion et de la découverte, des échanges avec des passionnés installés dans les territoires ». Cela peut-être la découverte d’un potier et de son métier, d’un viticulteur…
Une croisière de 3 ou 4 nuitées au lieu de 6 est possible mais il faut que la voie d’eau permette de faire demi-tour en fonction de cette durée.