Le 27 janvier 2022, le programme EVE d’accompagnement des entreprises pour la réduction de l’impact énergétique et environnemental dans leurs activités de transport et logistique a organisé, en ligne à cause du contexte sanitaire, son habituel rendez-vous annuel, qui a notamment permis d’annoncer les lauréats des trophées 2021.
Parmi eux, figurent les entreprises Ferrero et Stef, primées « pour leur coopération réussie afin de créer une synergie vertueuse » qui a permis la mise en place d’une solution de transport fluvial pour des marchandises alimentaires sous température dirigée entre Rouen et Gennevilliers en juillet dernier.
Une fois les conteneurs à Gennevilliers, des camions au GNV les livrent à un entrepôt situé à Wissous. La solution fluviale doit permettre d’économiser plus de 5 tonnes de CO2 par an en réduisant le nombre de camions.
Pour mettre en place la solution fluviale, le dispositif autour de la filiale française du groupe italien, en plus du partenariat avec Stef, compte Voies navigables de France (VNF), Monoprix, le Club Demeter, Haropa Port.
Les trophées du programme EVE seront remis « pour de vrai » lors d’un événement « en présentiel » prévu le 9 juin 2022 à la maison des océans à Paris.
Décarboner les transports
Lors du webinaire en ligne, Arnaud Leroy, pdg de l’Ademe, a indiqué que « le nouveau programme EVE avait permis d’engager en 2021 plus de 600 entreprises dans la transition énergétique, soit l’équivalent de 546 000 tonnes équivalent CO2 évitées ».
Yann Briand, chercheur à l’institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), a rappelé l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 pour le secteur des transports.
Il a souligné que pour y parvenir ce secteur peut travailler sur les aspects qui le concerne comme les infrastructures ou les opérations logistiques et les offres de services. Mais il est également interdépendant de ce qui se passe en amont dans les systèmes de production, de consommation et d’échanges des marchandises et en aval c’est-à-dire en matière d’évolution des véhicules et de production/distribution de carburants bas carbone… Sans oublier le rôle des pouvoirs publics et les réglementations diverses (ZFE) qui peuvent s’imposer à lui. C’est l’ensemble de l’économie qui doit être décarbonée et à laquelle s’impose le « zéro émission ».
Selon plusieurs autres intervenants, pour atteindre la neutralité carbone, une réflexion globale est déterminante pour prendre en compte les besoins et les impératifs de chacun ainsi que la collaboration de tous pour favoriser l’émergence de solutions et leurs concrétisations. C’est d’ailleurs l’un des atouts du programme EVE (voir encadré).
Le transport combiné rail-route a été mis en avant, « solution technique éprouvée, 100 % décarbonée, pertinente au-delà de 500 km », a indiqué Ivan Stempezynski, directeur général de TAB Rail Road et président du Groupement national du transport combiné (GNTC).
Ce responsable a rappelé l’ambition de triplement du transport combiné sur 10 ans prévu dans le cadre de la stratégie nationale du fret ferroviaire qui fixe un doublement de la part modale de celui-ci en 2030 (soit 18 % au lieu de 9 %) et le travail en cours pour la localisation d’une quinzaine de nouveaux terminaux dédiés pour le même horizon.
Les atouts du fluvial en matière d’économie de gramme de CO2 par tonne-kilomètre ont été mentionnés tout comme ses autres externalités positives ainsi que le rôle qu’il peut avoir à l’avenir dans la distribution urbaine.
Le programme EVE
Le programme EVE est porté par l’Ademe, Eco CO2 et des organisations professionnelles (AUTF, CGI, FNTR, FNTV, OTRE, Union TLF) et bénéficie du soutien du ministère de la Transition écologique. Il est financé par les fournisseurs d'énergie dans le cadre du dispositif des certificats d'économies d'énergie (CEE).
Depuis le lancement du premier programme EVE en 2018, les organisations professionnelles ont permis de sensibiliser près de 5 000 établissements à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de polluants atmosphériques.
En décembre 2021, les entreprises en cours d’engagement représentent plus de 150 000 véhicules. Leur objectif moyen est de réduire de 10 % leurs émissions de GES par la mise en œuvre de plans d’action.
Pour la période de 2021-2023, le nouveau programme EVE vise la réduction d’émissions annuelles de près de 3 millions de tonnes d’équivalent CO2.