Alors que le programme d’équipement des terminaux corses en courant de quai touche à sa fin, Marseille-Fos prépare l’étape suivante, aux côtés d’Enedis, pour électrifier la gare maritime internationale en cours de construction et deux postes à quai du terminal croisière. A horizon 2025, Marseille sera le premier port en France à délivrer 70 MW de puissance cumulée. « C’est un changement de braquet pour le port qui va passer de moins de 20 MW à près de 70 MW avec la construction d’un quatrième poste-source de 38 MW, de quoi alimenter une ville de 12 000 habitants », a expliqué, le 16 avril 2021, Hervé Martel, président du directoire du port de Marseille-Fos. Ce jour-là, la présidente du directoire d’Enedis Marianne Laigneau et Renaud Muselier, président de la région Sud découvraient les potences des terminaux corses en fonctionnement et le démarrage des travaux du quatrième poste électrique, situé au nord du port.
Une prouesse technique qui consiste à tirer, sur 1,8 km, quatre câbles depuis un poste-source à Saumaty, passer sous l’autoroute et le pont SNCF avant de les enfouir dans une fosse au nord du port. Depuis ce poste, partira une boucle électrique vouée à alimenter la future gare du cap Janet, la croisière au môle Léon Gouret et le futur ascenseur à bateaux de Monaco Marine. Si les ferries fonctionnent sur du 50 Hz, une conversion de fréquence à 60 Hz sera nécessaire pour les terminaux croisière.
Soutien financier de la région
Hervé Martel a détaillé le calendrier des opérations : « En 2022, à l’achèvement du terminal international, nous serons en mesure de proposer du courant de quai aux compagnies desservant le Maghreb et en 2024, deux paquebots pourront se brancher en simultané. Il faut transformer l’électricité de 20 000 à 11 000 volts et que les armateurs équipent leurs navires ». Autres spécificités détaillées par le directeur du port, la consommation par typologie de navire. « Les ferries consomment entre 2 et 2,5 MW, les grands navires à passagers 5 MW, pour les paquebots, il faut délivrer 12 MW et pour un porte-conteneurs 15 MW ».
Équipé dès la construction d’une prise, le futur navire amiral d’Algerie Ferries Badji Mokhtar III pourra fin 2022 s’alimenter à la terre ferme. Le président de la région Sud, qui a lancé fin 2019 un plan régional baptisé « Escales zéro fumée » visant à aider les ports de Marseille, Toulon, Nice et les compagnies maritimes françaises dans la transition énergétique, envisage d’élargir les aides financières aux compagnies étrangères touchant les ports du Sud à hauteur de 25 % du coût plafonné à 300 000 €. Ainsi la Compagnie Tunisienne de Navigation dont le Carthage dessert Marseille depuis des années pourrait prétendre à ces aides dans le sillage des Jean Nicoli et Girolata déjà équipés de prises. « Nous devons accompagner les armateurs de ce secteur qui avec la crise ont perdu 75 % de leur chiffre d’affaires. Je souhaite ouvrir les financements aux armateurs étrangers pour transposer le modèle et équiper trois navires de la CTN et quatre d’Algerie Ferries », souligne le président de la région. Le port de Marseille espère connecter 50 % des navires desservant la Tunisie et l’Algérie en 2023 et 80 % des escales de croisière hors GNL en 2025. À Marseille, 90 % des escales Corse sont aujourd’hui connectées électriquement.
Le conseil régional, qui soutient Corsica Linea, Corsica Ferries et la Méridionale dans le déploiement du courant de quai, a abondé à hauteur 500 000 € pour tester un filtre à particules sur le Piana. Les tests étant concluants, une nouvelle aide régionale de 3,8 M€ doit être votée pour équiper les deux cheminées du navire de ce filtre qui supprime la pollution, non seulement en escale mais lors de la navigation. « Nous ne pouvons pas vivre sans nos ports mais nous ne pouvons pas mettre nos vies en danger », affirme l’élu régional.