Les premières écluses concernées par le mouvement de grève des éclusiers sur la Seine amont ont été Varenne, Champagne, La Cave à partir du lundi 20 novembre 2023 puis l'écluse du Coudray a été touchée mardi 21.
« Commercialement parlant, pour les usagers que nous sommes et qui payons pour un service public des péages auprès de Voies navigables de France, ce n’est pas acceptable », dit Pascal Malbrunot, artisan-batelier, dont le trajet vers Gron s’est arrêté mardi à l’écluse du Coudray qui ne peut être franchie compte tenu que les éclusiers sont en grève.
« Il n’y a que le transport fluvial qui peut être dans une situation pareille et qui dure sans que personne n’intervienne. Ce ne serait pas le cas si on était sur une autoroute, par exemple. Et pourtant, nous payons mais nous n’avons droit à rien ou qu’à du mépris », poursuit Pascal Malbrunot qui rappelle aussi les autres difficultés que peuvent rencontrer les artisans-bateliers sur le réseau (pannes d’ouvrages…, voir article de NPI).
Il s’interroge encore : « Et la qualité du service du transport fluvial, et nos clients, qui s’en soucie ? » Par exemple, pour lui, son client LogiYonne à Gron ne verra pas arriver le bateau ce mercredi fin de journée contrairement à ce qui était prévu.
Ce sont l’équivalent de 15000 à 20000 tonnes de marchandises qui sont bloquées, sachant que l’évaluation n’est pas simple compte tenu que certains bateaux stationnent là où c’est possible dans les biefs et pas seulement aux abords des écluses qu'ils ne peuvent pas franhir.
Après trois jours de blocage, il n’y a pas de visibilité sur une reprise du travail des éclusiers qui sont mobilisés contre leur transfert dans des postes de commande centralisé (PCC) dans le cadre de la mise en place de la télé-conduite à distance des ouvrages.
Dans un PCC, un opérateur de télé-conduite (auparavant posté sur chaque écluse, d'où le nom d'éclusier) manœuvre à distance plusieurs écluses et visionne les manœuvres à partir d’écrans de contrôle. En cas de panne ou de difficulté à une écluse, un agent d’exploitation peut intervenir sur site pour reprendre en local les manœuvres.
Plusieurs opérateurs sont regroupés dans un même PCC et se relaient par équipe pour gérer la navigation fluviale alors qu'ils étaient précédemment répartis sur différents sites d'écluse, ce qui peut pour certains rallonger les temps de trajet domicile-lieu de travail, d'où la mobilisation actuelle.
Le bassin de la Seine est le premier en termes de trafic fluvial en France (entre 20 et 25 millions de tonnes, selon les années) dont environ 7 millions de tonnes sur la partie amont.