«Il y a une prise de conscience et une volonté autour des transitions écologique et énergétique, il faut changer en profondeur nos fonctionnements, nos modes de fabrication, de pensée », indique Dominique Mathern, représentant du port d’Anvers en France.
L’évolution passe par le branchement électrique des navires à quai, du biodiesel pour les Reach Stackers, ou l’utilisation d’autre biocarburants, ou du GNL, de l’hydrogène, etc. « Il faut se détacher du tout-fossile, trouver des alternatives. Les ports s’y prêtent car ce sont des zones industrielles ». Par exemple, la zone industrialo-portuaire d’Anvers accueille 80 éoliennes en fonctionnement qui peuvent alimenter en électricité les entreprises et l’équivalent de 400 000 familles. « L’objectif est d’en accueillir davantage, jusqu’à 120 ou 140 ».
Il y a la transformation de l’ancien site de General Motors, qui s’étend sur une superficie de 88 hectares, en une plate-forme dédiée à l’économie circulaire, baptisée NextGen District. La volonté est d’y accueillir des start-up comme des grands groupes portant des projets d’économie circulaire, notamment autour du carbone ou des produits chimiques, ou d’expérimentations d’énergies renouvelables pour contribuer à la transition vers une société neutre pour le climat. « C’est préparer le port du futur avec de nouvelles activités et de nouvelles entreprises. Montrer qu’un port, ce n’est plus seulement de l’industrie lourde ». La vision d’Anvers est que NexGen District peut offrir des opportunités au-delà des échanges entre industriels de la zone portuaire et développer une activité où les déchets seraient importés pour être valorisés/recylcés avant d’être exportés à grande échelle. « Tout projet de l’autorité portuaire d’Anvers a un lien avec le trafic maritime ».
Concernant la mise à disposition des carburants alternatifs, Anvers se présente avec l’ambition d’être un « port multi-carburant ». « L’objectif est de rendre disponibles les différentes énergies pour l’avitaillement, que soit du GNL, de l’hydrogène, du méthanol, de l’électricitié etc. d’offrir tous les carburants possibles » autres que le fuel. C’est le rôle dévolu à la barge de soutage FlexFueler 002 opérationnelle à Anvers depuis mars 2021 et qui propose, pour le moment, un avitaillement en GNL mais la volonté est d’y ajouter, dans un premier temps, du bio-gaz/bio-GNL/bio-méthane. Ici, le port a rempli un rôle de facilitateur de projet pour permettre le travail en commun de différents opérateurs économiques.
L’électricité pour la connexion des navires à quai est disponible sur certains terminaux. « D’ici 2025, il s’agit de mettre l’électricité à disposition sur tous les terminaux ».
L’importance du rail
L’ambition du port d’Anvers de multiplier par deux la part du rail, c’est-à-dire passer de 7 % à 15 % en 2030, soit 200 trains par semaine actuellement à 400 en 2030, est aussi un axe de travail lié à la transition écologique. « Nous avons une approche par corridor au niveau européen en passant par la France où nous avons déjà des liaisons avec Lyon et envisageons Paris. Les projets d’autoroute ferroviaire annoncés par le gouvernement français nous intéressent fortement pour aller vers le reste de l’Europe. Il y a un grand potentiel de développement des liaisons ferroviaires longue distance mais il faut d’abord convaincre les chargeurs ».
La digitalisation est elle aussi un aspect de la transition énergétique et écologique : « Les industries portuaire et maritime ont besoin de digitalisation pour favoriser leur développement, pour une meilleure transparence des informations, pour assurer la fluidité du passage des marchandises », fonction première d’un port.