Angela Kruth, coordinatrice et porte-parole de Campfire, souligne la rapidité des développements dans le secteur au cours des dernières années. Plusieurs projets sont suivis en parallèle dans le cadre de Campfire. « Les premiers qui seront réalisés portent sur l’équipement de petits yachts de croisières. Un autre projet porte sur la transformation du F-Warnow, un ferry de la compagnie Weisse Flotte GmbH pour le transport de passagers et de voitures en navigation fluviale sur le fleuve Warnow, dans la région de Rostock. Nous travaillons sur un système hybride, à base d’ammoniaque et d’un moteur à gaz de 350 kw-h. D’ici quatre ans, la phase de tests devrait être achevée et le ferry pourrait être intégré à la flotte régulière en 2025 », précise Angela Kruth.
Système hybride nécessaire
Les chercheurs sont convaincus des avantages de l’ammoniaque comme Günther Kolb, de l’institut Frauenhoff IMM de Mainz, à l’Ouest de l’Allemagne : « Face à l’hydrogène, l’ammoniaque présente des avantages évidents. L’hydrogène doit être conservé sous forme liquéfiée à -253 degrés ou sous forme de gaz avec une pression de 700 bars. L’ammoniaque se contente de -33 degrés sous pression normale et de 20 degrés sous 9 bars. Cela rend le stockage et le transport de l’énergie bien plus facile ». Ses inconvénients ? « L’ammoniaque a besoin généralement d’un système hybride. La combustion d’ammoniaque seul ne fonctionne pas très bien, n’est pas très efficace et produit des émissions assez élevées d’oxydes d’azote. Combiné avec du diesel, on a de nouveau le problème des émissions de CO2. Combiné avec de l’hydrogène, on obtient une meilleure combustion et les émissions d’oxydes d’azote sont très faibles », détaille Angela Kruth La recherche se poursuit dans ce domaine.
Autre contrainte, la pression économique : « Chaque centime compte pour les armateurs. Il reste donc peu de place pour l’innovation », indique Angela Kruth D’autant que les techniques sont loin d’être encore au point.
Les premiers navires à ammoniaque devraient naviguer en conditions réelles entre 2025 et 2030. « Le plus gros potentiel est, de mon point de vue, du côté de la navigation de haute mer », dit Angela Kruth. 2,5 % des émissions globales de CO2 sont liées à la marine marchande. 932 millions de tonnes de Co2 étaient émises en 2015 par les navires.
D’ici 2050, 41 % des navires devraient fonctionner au GNL, un 10e au diesel, 9 % au gaz, 7 % à l’électricité. L’ammoniaque pourrait représenter 25 % des carburants.