Ce n’est pas un hasard si le port du Havre a reçu au mois de mars 2021 la visite de Cédric O, secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques. Il y a deux ans en effet, le territoire havrais a été déclaré « territoire d’innovation ». Dès 2018, dans le cadre du projet Smart Port City, un collectif baptisé « 5G Lab » s’est créé autour de la ville du Havre, Haropa-Port du Havre et les industriels Nokia, Siemens et EDF. L’objectif de ces acteurs est d’identifier les cas d’usage qui pourront, après expérimentation, être développés sur la zone industrialo-portuaire et, à terme, sur l’ensemble des ports de l’axe Seine. « C’est une démarche de co-création avec les entreprises locales afin de trouver le bon cas d’usage et créer ainsi de la valeur ajoutée. Nous avons lancé une grande étude auprès des entreprises. Et elles se sont exprimées sur leurs besoins ce qui nous permet de faire une feuille de route en matière de 5 G mais aussi d’objets connectés », explique Cyril Chedot, chef de service planification aménagement du territoire chez Haropa-Port du Havre.
Un premier cas d’usage qui intéresse directement Haropa et qui a été présenté en mars 2021 à Cédric O est une application de la 5G dans le domaine du dragage. L’innovation pourrait être étendue par la suite à d’autres services portuaires comme le remorquage, les phares et balises, les vedettes hydrographiques etc. « L’idée est que tout le monde puisse être connecté sur le plan d’eau. La 5G permet de gagner du temps notamment pour traiter directement un nombre important de données. Exemple, lors d’une campagne bathymétrique, le volume d’infos pourra, grâce à la 5G, être traité plus rapidement avant même le retour à terre. C’est un gain de temps non négligeable. Sur l’eau, la 5G permettra également de croiser des données sur la météo, les courants, les fonds marins, la trajectoire des navires etc. » Pour réaliser des tests grandeur nature dans le domaine de l’entretien des plans d’eau, une grande antenne devrait être installée cet été sur un mat d’alignement situé actuellement sur le quai Joannès Couvert au Havre.
Des usages multiples dans le port
Dès l’année prochaine, le collectif entamera une nouvelle phase de sa mission en ciblant les offres et services commerciaux pouvant être développées en lien avec la 5G. « Lorsque vous louez une maison, les enfants demandent toujours s’il y a le wifi. Pour nous, c’est un peu la même chose. Nous devons être capable de proposer des services à valeur ajoutée à nos clients. Les offres que nous ferons pour les industriels, par exemple, seront des offres en B to B. Les industriels ont des besoins spécifiques. Ils veulent de la redondance en cas de problème. On peut alors imaginer la mise en place de réseaux privés. Aujourd’hui, la 4G montre clairement ses limites. Sur 1 km2, la 4G permet de connecter 10 000 objets. Avec la 5G sur une même superficie, on pourra connecter un million d’objet sans aucun problème de réseau. Dans un proche avenir, la 5G deviendra clairement l’infrastructure de base de toute entreprise ».
Parmi ses objectifs, le collectif « 5G Lab » souhaite expérimenter la 5G au Havre sur l’activité roulier, les terminaux à conteneurs et dans l’industrie. Grâce au découpage du réseau en tranche qu’offre la 5G, il est ainsi possible d’allouer le débit, la latence et le niveau de sécurité voulu à chaque type d’usage notamment industriel.
Sur un port, la nouvelle technologie a donc toute sa place que ce soit pour gérer la vidéo-surveillance ponctuelle d’un chantier, pour sécuriser les déplacements des engins sur un terminal à conteneurs ou encore faire de la maintenance prédictive.
Côté calendrier, le collectif 5G Lab devrait clôturer ses travaux de co-création avec les entreprises du territoire havrais à la fin de l’année 2021. En 2022, les résultats des expérimentations devraient être connus avec, par la suite, une phase de déploiement progressif de nouveaux services sur le port du Havre.
Cyril Chedot ajoute que ces travaux menés actuellement doivent être transposables sur l’ensemble des ports de l’axe Seine. « Des réflexions sont également menés sur l’application de la 5G sur l’axe fluvial mais nous n’en sommes qu’au tout début ».