En mars 2023, Philippe Gausset, président et directeur général du groupe Tourisme Participations, a repris la compagnie des bateaux du Léman, soit deux bateaux (un à Yvoire et un à Evian-les-Bains) après avoir cédé l’activité sur le lac d’Aiguebelette (un bateau de 12 places). La holding Tourisme Participations comprend également la compagnie de navigation du lac d'Annecy et la compagnie des bateaux Aix-les-Bains Riviera des Alpes (lac du Bourget) qui compte à elles deux une flotte totale de 10 unités dédiées à la promenade avec ou sans restauration à bord.
La saison 2023 apparaît plutôt positive, après des activités en forte chute à cause de la pandémie :
- « A Aix, nous avons connu une bonne saison avec, plus particulièrement, davantage de groupes et d’individuels entre juin et septembre, même si les fortes chaleurs nous gênent un peu », dit Philippe Gausset. Sur le lac du Bourget, la promenade à bord d’un bateau dure 1h30 ou 2h30 avec la restauration. Chaque année (hors pandémie), ce sont environ 90 000 qui empruntent un bateau à Aix-les-Bains.
- « A Annecy, l’activité a été contrariée, le plus grand bateau-restaurant avec 250 places, le Libellule, n’a pu faire la saison, immobilisé pour des raisons règlementaires en lien avec son électrification lancée en janvier », précise le président et directeur général. Les autres bateaux (150 places) ont toutefois bien tourné. Le navibus, en service en été, a connu une bonne fréquentation, constituant une réponse à l’engorgement routier que connaît la ville. Chaque année (hors pandémie), ce sont environ 200 000 personnes qui empruntent un bateau à Annecy.
- A Yvoire et à Evian-les-Bains, « il y a eu le même nombre de passagers que lors de la saison précédente voire un peu plus ».
Le choix de l’électrification. Depuis mars 2022, le dirigeant a lancé un plan de transformation des bateaux des deux compagnies à Aix et à Annecy, pour les « décarboner » en les électrifiant. L’une des caractéristiques du rétrofit des unités est qu’il est réalisé par les équipes techniques internes (enlèvement des moteurs, modification des cales, de la ventilation, des dispositifs anti-incendie…) de chacune des compagnies avec un appel à quelques sous-traitants si nécessaire.
Chaque bateau est doté de deux moteurs sur chaque axe, d’un pack de batterie à bâbord et un à tribord qui sont interconnectables, d’un groupe électrogène. « Les batteries sont entièrement fabriqués en France avec GCK Mobility, c’est un choix volontaire », souligne Philippe Gausset. Pour les batteries, elles sont achetées par la compagnie puis vendues et reprises en location pour 8 ans. La recharge des bateaux s’effectue la nuit.
- Au Bourget, il y a déjà 3 bateaux qui fonctionnent à l’électricité, deux autres vont être convertis avec l’objectif qu’ils soient prêts pour mars/avril 2024, juste avant le début de la saison.
- A Annecy, la première étape a été de passer en revue tous les moyens pour favoriser les économies d’énergie à bord (isolation, chauffage…). Le rétrofit du Savoie est finalisé et en cours de test et devrait être opérationnel en octobre ; le Libellule devrait reprendre du service en fin d’année. Suivra l’électrification de deux autres bateaux avec là aussi l’objectif qu’ils soient prêts pour mars/avril 2024. Le bateau hybride en service à Annecy, l’Amiral, va être déplacé sur le Léman d’ici la fin d’année après révision.
- A l’arrivée, la flotte va compter 10 bateaux électriques, répartis entre Annecy et Aix, 3 au Léman (un électrique et deux hybride-GTL).
« C’est une démarche vertueuse, de responsabilité vis-à-vis des générations futures, d’anticipation aussi car on nous obligera tôt ou tard à décarboner les activités. C’est un vrai vecteur d’attractivité et de motivation pour le personnel », indique le dirigeant.
L’investissement atteint 9 millions d’euros financé par des fonds propres et un emprunt bancaire ainsi que des subventions dont 1 million de la région, à peu près autant de VNF, 700 000 euros dans le cadre de certificat d’économie d’énergie, 100 000 euros de 2 communautés d’agglomération.
Parmi les freins à l’activité, Philippe Gausset souligne la pénurie de pilote en lien avec la réforme des qualifications professionnelles entrée en vigueur le 14 mai 2022 en France, par la transposition de la directive européenne 2017/2397 du 12 décembre 2017. Les conditions d’accès à la profession pour les pilotes ont été rallongées notamment en ce qui concerne le nombre de jours exigé (540) pour obtenir le diplôme. « Je suis en train de faire une démarche pour montrer que l’article 7 de la directive permet à l’administration française de prendre un arrêté pour la situation particulière des lacs ».
Il relève également qu’une baisse du niveau du lac d’Annecy met en cause la navigation tandis qu’il y a presque trop d’eau sur le Léman avec la fonte des glaciers.