« VNF dispose des moyens d’investissements pour remettre à niveau le réseau, porter de grands projets »

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Compte-rendu de l’audition de Laurent Hénart, président du conseil d’administration de Voies navigables de France (VNF), sur les perspectives du transport fluvial, par la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale le 5 octobre 2021.

« Nous vous avions entendu en juillet 2019 au moment de votre nomination », a rappelé Laurence Maillart-Méhaignerie, présidente de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale,  le 5 octobre 2021 en préambule à l’audition de Laurent Hénart, président du conseil d’administration de Voies navigables de France (VNF). Elle a ajouté que l’objectif de l’échange était de faire un point à date sur les avancées et les perspectives du transport fluvial et de l’établissement.

« Par rapport à il y a deux ans, le débat sur la dénavigation est derrière nous. Comme je l’avais dit, je ne voulais pas être le président de la dénavigation car le réseau peut accomplir des fonctions multiples, le maintenir en état déjà pour la mission de la gestion de la ressource en eau nécessite des investissements, des moyens qui rendent possible la navigation pour du fret, du tourisme aussi sur le petit gabarit. On le voit avec les collectivités territoriales, le sujet de la navigabilité du réseau est au centre des échanges », a indiqué Laurent Hénart.

Pour ce responsable, VNF dispose désormais des moyens en matière d’investissements pour se placer dans une perspective de long terme, pour remettre à niveau le réseau, porter de grands projets, moderniser l’établissement.

Il a rappelé les trois missions de VNF : fret/logistique fluviale, gestion de la ressource en eau, dialogue avec les collectivités et valorisation des territoires en lien avec la voie d’eau (tourisme et autres activités de loisirs).

Il a cité le contrat d’objectifs et de performance (COP) « rendu obligatoire par la loi d’orientation des mobilités », signé en mars 2021 entre l’Etat et VNF, et qui donne une trajectoire d’investissement de 300 millions d’euros par an sur la décennie à venir, soit le double du montant des années précédentes. Cela permet « la régénération du réseau, sa modernisation, l’automatisation, la numérisation, et l’évolution de l’établissement en réduisant éventuellement les implantations, en organisant les services autrement, de faire aussi des économies sur certains points de fonctionnement pour participer à l’effort de maîtrise des finances publiques conduit par l’Etat ».

Pour lui, « si le COP et le niveau des investissements imposent de revoir la maîtrise d’ouvrage, c’est-à-dire la capacité à imaginer, étudier, conduire les chantiers, ils rendent optimistes pour la régénération du réseau et la réalisation des grands projets ».

Thierry Guimbaud, directeur général de VNF également présent lors de l’audition, a précisé que les 175 millions d’euros attribués à l’établissement dans le cadre du plan de relance vont servir en totalité pour la réalisation d’environ 90 opérations. « Nous respecterons l’utilisation de ce montant, voire un peu plus, si on nous l’autorise ». Cela renvoie à la révision en cours du plan de relance dont des budgets prévus pour certains secteurs ne seront finalement pas utilisés et pourraient en abonder d’autres.

Diversifier les ressources financières

L’établissement a engagé une diversification de ses ressources financières aux côtés des dotations de l’Etat, a expliqué Laurent Hénart : « Cela signifie aller chercher des fonds auprès de l’Union européenne, et pas seulement pour Seine-Nord Europe, mais aussi solliciter le concours des collectivités territoriales. Ou encore améliorer l’autofinancement avec la transformation de la taxe hydraulique en redevance. C’est une stratégie globale pour montrer que VNF ne se contente pas des seules ressources de l’Etat ».

De son côté, Thierry Guimbaud a ajouté « le développement de projet immobilier » comme une autre ressource financière possible pour l’établissement, citant l’exemple de la Confluence à Lyon.

Laurent Hénart a indiqué la volonté de l’établissement d’établir des partenariats avec les collectivités (régions, départements, intercommunalités…) en établissant un « débat de cadrage sur le niveau de service attendu du réseau, sur une évaluation objective des investissements nécessaires, sur ce que nous arrivons à mobiliser dans le cadre de la dotation budgétaire et du COP et sur ce que nous pouvons attendre des collectivités, sur la question des investissements dans la perspective aussi des besoins et des moyens de fonctionnement au jour le jour ».

Cette démarche « a bien avancé avec la région Grand Est qui est très concernée par la mise à niveau du petit gabarit ». Un accord-cadre a été finalisé par VNF avec cette région et n’attend plus que l’avis du ministère des transports pour une signature.

L’idée est de décliner ce type de partenariat avec d’autres collectivités « et dont l’aspect le plus novateur est de travailler autant sur l’investissement que sur le fonctionnement ».

Pour Thierry Guimbaud, les partenariats avec les régions sont essentiels : « La voie d’eau ne fonctionne pas sans les territoires qui sont autour d’elle pour toutes les activités. Le succès de la voie d’eau repose sur la force et le projet des territoires ».

Anticiper les mutations liées à Seine-Nord Europe

En réponse aux questions des députés, le président du conseil d’administration de VNF a souligné: « Seine-Nord Europe est un bienfait pour le pays qui doit prendre sa place dans le maillage fluvial européen et ne plus être une série de cul-de-sac fluviaux. Le canal à grand gabarit a un impact, bien sûr, et va rapprocher l’Ile-de-France de l’Europe du Nord, des ports belges et néerlandais, et donc peut provoquer des tensions sur le dispositif des ports normands sur la Seine. Plutôt que d’imaginer de ne pas faire de grands investissements car cela peut provoquer éventuellement des tensions, le choix fait par l’Etat, dont VNF est solidaire, est de conduire ce grand chantier, d’anticiper les mutations qu’il va imposer et donner les armes aux acteurs du fluvial et du maritime en France pour répondre ».

Il a estimé que sur l’axe Seine, « l’arme, c’est notamment Haropa », devenu établissement unique et intégré le 1 juin 2021, et dont le directeur général de VNF est membre du conseil d’administration.

« Seine-Nord Europe est un grand chantier positif et qui montre à l’Union européenne que la France a une politique, une volonté et s’inscrit dans la durée pour le fluvial ». Il a rappelé que la maîtrise d’ouvrage appartient à la Société du canal Seine-Nord Europe et la gestion en sera confiée à VNF.

Pour lui, les autres grands projets (Rhin-Rhône, Moselle-Saône, Moselle-Rhin-Seine) ne viendront dans le temps que largement après la réalisation de Seine-Nord Europe : « On doit d’abord montrer que nous sommes en capacité de conduire à nouveau un grand chantier fluvial et d’exploiter intelligemment un grand canal entre l’Europe du Nord et la Seine ».

Concernant la transition énergétique et écologique, il a précisé que VNF « prend sa part pour favoriser le report modal, pour le passage à une navigation fluviale verte ».

A propos du plafond des emplois, il a indiqué que « plusieurs membres du conseil d’administration de VNF, notamment les professionnels, ont plaidé pour que les éventuelles réductions d’effectifs soient bien la conséquence de la modernisation et des investissements. Il y a un ordre des facteurs : pour maîtriser et diminuer le fonctionnement, il faut investir, il faut moderniser le réseau. Le point de vigilance est qu’il faut plusieurs années d’investissements pour que l’amélioration globale du réseau permette de réduire le fonctionnement et faire que l’établissement participe à l’effort global de maîtrise des comptes publics ».

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