En 2022, le torréfacteur Cafés Di-Costanzo a fait transporter 22 tonnes de café sur le voilier-cargo de Towt entre la Colombie et Bordeaux, participant à démontrer que le fret maritime décarboné est possible. Depuis, le premier voilier-cargo neuf de Towt a été construit et devrait être mis en service en 2024.
En 2023, c’est le transport fluvial que l’entreprise Cafés Di-Costanzo, installée à L’Isle-Jourdain et à Toulouse, a choisi de tester en utilisant le bateau Tourmente, mené par Jean-Marc Samuel (SAS L’Equipage).
L'intérêt d'un test. « Nous sommes en recherche constante de leviers sur lesquels agir pour rendre notre activité la plus responsable possible, précise Emilie Gavanier, co-fondatrice des Cafés Di-Costanzo. Choisir le fluvial paraît évident, tant il présente d’avantages environnementaux, mais les obstacles en termes d’infrastructures et de coût demeurent nombreux. Nous avons décidé de tenter l’aventure, et de nous faire une idée précise de ce qu’implique et peut nous apporter ce mode d’acheminement à plus long terme ».
« Nos cafés ne poussent pas en Occitanie et décarboner le transport sur de grandes distances demeure compliqué, c’est donc là qu’il faut faire preuve d’imagination et de volonté », ajoute Etienne Gavanier, co-fondateur.
Pour cette entreprise, les expérimentations de transport « décarboné » s’inscrivent dans une stratégie RSE qui lui a par exemple permis d’être labellisée « première entreprise zéro déchet » du Gers.
Quels sont les constats ?
Les grains de café dit « vert », destinés à la torréfaction puis à la vente utilisés par l’entreprise sont issus de plantations brésiliennes et vietnamiennes. Un total de 150 tonnes de café par an est importé par les Cafés Di-Costanzo.
Les 22 tonnes qui ont fait l’objet du test fluvial sont arrivés par la voie maritime au port de Marseille-Fos-sur-Mer.
Le voyage fluvial. Réparties sur 32 palettes, les 22 tonnes ont été chargés au port d’Arles à bord du bateau Tourmente. « Nous avons eu un très bon accueil à Arles, relate Jean-Marc Samuel. On a appris que par le passé, il y avait beaucoup de trafics en palettes dans ce port. C’est un marché potentiel pour le fluvial, une niche à ne pas négliger pour le transport sur le petit gabarit ».
Au départ d’Arles, le bateau a effectué un voyage de 8 jours du 4 au 12 septembre 2023, empruntant le canal du Rhône à Sète puis l’étang de Thau pour rejoindre le canal de Midi et Toulouse (port Lalande au Nord de la ville).
Le manque d'équipement à terre. Il est prévu un camion au GNV pour les derniers kilomètres après une période de stockage qui devrait durer un mois. Les entrepôts de l’entreprise ne sont en effet par dimensionnés pour accueillir l’ensemble des palettes, qui représentent plus de 10 % des commandes annuelles. Les abords du port ne disposant pas d’infrastructures dédiées aux marchandises, c’est sur le bateau affrété que sont stockés les sacs de café. « L’absence de bâtiments adaptés sur les zones de débarquement est un obstacle de taille pour les utilisateurs potentiels du transport fluvial », relèvent les dirigeants des Cafés Di-Costanzo.
Comme lors de tests précédemment réalisés, Jean-Marc Samuel constate les mêmes difficultés concernant l’absence d’équipements de manutention, de quais adaptés… « Il manque tout simplement l’environnement logistique nécessaire au transport fluvial qui a été abandonné. Aujourd’hui, tout est adapté au transport routier. Tout est à remettre en place pour pouvoir utiliser de nouveau la voie d’eau, les quais... Un test comme celui-ci permet de faire bouger les choses. En tout cas, moi j’y crois ».
Quel bilan carbone et financier ?
Le voyage par bateau des 22 tonnes de café aurait permis de baisser de 25 % les émissions de CO2 par rapport à un trajet routier.
Un bilan carbone, « certainement positif », qui reste toutefois à affiner tout comme le coût avant d’envisager une pérennisation, selon l’entreprise. « Nous espérons que d’autres entreprises afficheront leur envie de faire revivre le transport fluvial et d’utiliser cet axe formidable qu’est le canal du Midi », concluent les deux dirigeants.
Peut-être qu’une réunion sur le thème du fret fluvial sur le canal du Midi envisagée par Laurent Cyrot, directeur de projet canal du Midi auprès du préfet de la région Occitanie sera-t-elle l’occasion de lancer une nouvelle dynamique…
Parmi les pistes pour favoriser le retour vers le transport fluvial : faire évoluer l’aide dite à la pince qui s’applique aux UTI en la déclinant aux palettes ?