L’été 2022 a été positif pour Nicols, loueurs de bateaux fluviaux sans permis, avec des niveaux de remplissage supérieurs à ceux de 2019. Retour sur la saison, qui n’est pas encore complètement terminée, avec Corinne Dufaud, directrice adjointe.
Pour son activité de loueurs de bateaux fluviaux sans permis lors de l’été 2022, Nicols dresse un bilan positif après deux saisons marquées par la pandémie. Sachant que la saison n'est pas encore terminée, lancée en avril et court jusqu'à la fin octobre. « La tendance est positive, explique Corinne Dufaud, directrice adjointe de Nicols. En remplissage, nous atteignons +16 % par rapport à 2021 et +12 % par rapport à 2019. Nous constatons que nous nous démarquons de nos principaux concurrents qui affichent des progressions entre +5 et +7 % selon les données de la Fédération des industries nautiques ». Avec ces résultats, l’entreprise dépasse les niveaux d’avant la pandémie. A la mi-septembre 2022, ce sont environ 32 000 passagers recensés par Nicols qui calcule en moyenne un nombre de 6 passagers par bateaux.La saison 2022 voit le retour des clients britanniques en plus des Allemands et des Suisses, qui, eux, étaient déjà revenus en 2021. Il apparait également que davantage de Français ont choisi la location de bateaux fluviaux sans permis. Selon Corinne Dufaud : « Avant la pandémie, la proportion était 30 % de Français, en 2022, nous sommes à environ 35 %. C’est un signal positif. Certains d’entre eux sont peut-être en train de devenir ce que nous appelons dans notre jargon des « répétiteurs », c’est-à-dire des clients qui reviennent régulièrement faire une croisière avec l’un de nos bateaux. Ils ont découvert au cours des deux ans de pandémie l’originalité de ces vacances à bord et du tourisme fluvial, dans un environnement naturel, dépaysant, protégé. La pandémie nous aura peut-être permis d’attirer cette nouvelle clientèle ». A l’inverse, les touristes venant de pays plus lointain (Américains, Australiens) ne sont pas encore de retour en nombre.
Des Français au rendez-vous et des croisières plus longues
La saison 2022 présente aussi une autre évolution, continue Corinne Dufaud : « Ce qui est frappant, c’est l’allongement de la durée des croisières, Les clients internationaux ont réservé pour 2 et même 3 semaines, comme si n’ayant pas fait de croisière en 2020 et 2021, ils rallongeaient celle de 2022 avec le budget non utilisé ». Du côté des clients français, il en va de même, avec des demandes pour 10 jours au lieu 8 jours et pour davantage de souplesse sur les jours de départ et d’arrivée. « Cela permet de mieux accomplir et mieux répartir sur les jours de la semaine l’accueil et le retour des bateaux dans les bases pour les équipes », dit Corinne Dufaud.Les clients parviennent, eux, à échapper aux embouteillages sur les routes et dans les bases lors des fameux « chassés-croisés » des week-end estivaux.
Espèces exotiques envahissantes
Les restrictions de navigation liées à la sécheresse et au manque d’eau dans certaines voies navigables ont concerné l’activité de Nicols sur le canal de Bourgogne où le loueur dispose de deux bases. Celle au nord du canal (à Brienon-sur-Armançon) a arrêté de fonctionner au profit de celle située au sud (Venarey-les-Laumes).« Nous avons rassemblé les 15 bateaux à la base de Venarey-les-Laumes sur la partie du canal où la navigation était possible. Nous avons prévenu les clients, sachant que les deux bases sont à 1 h30 en voiture l’une de l’autre. Nous n’avons enregistré aucune annulation de réservation. L’impact de la restriction de navigation a été limité », précise Corinne Dufaud. Et pourtant, les clients ont été informés que certains sites n’étaient pas accessibles, par exemple la ville de Tonnerre.Les espèces exotiques envahissantes (EEE) ont largement envahi les canaux, très nombreuses cette année compte tenu des conditions très favorables à leur développement (luminosité, chaleur, etc.).« Malgré les efforts de VNF, notamment sur le canal de Bourgogne, avec ces espèces, la navigation devient plus compliquée et nécessite un accompagnement renforcé des clients lors de la prise en main du bateau. Il y a quelques techniques à apprendre pour naviguer sans difficulté aux endroits où les plantes sont présentes », indique la responsable de Nicols.Par exemple, les équipes des bases expliquent aux plaisanciers de mettre au point mort quand ils voient que les plantes recouvrent la voie d’eau pour laisser glisser le bateau. Ou si le moteur semble peiner à cause de plantes autour de l’hélice, passer en marche arrière puis repartir. Aucun bateau de Nicols n’a connu de casse.Si ces espèces ne sont pas toujours visuellement très agréable pour les plaisanciers et rendent parfois impossible l’accès à des pontons, la responsable relève aussi qu’elles complexifient le travail des éclusiers. « On sent une lassitude face à cette invasion dont on ne voit pas le bout ».
Gestion de la ressource en eau
Pour Corinne Dufaud : « Avec le changement climatique, il va falloir s’habituer à gérer différemment la ressource en eau. Nous avons rendez-vous avec le directeur général de VNF à la fin du mois de septembre pour évoquer les améliorations possibles ». Parmi celles-ci, peut-être faudrait-il anticiper davantage sans attendre la mi-juillet pour les restrictions de navigation, les rassemblements de bateaux aux écluses, etc.La responsable constate que « les clients sont compréhensifs, sensibilisés et informés à la problématique. Ils font attention ».Par exemple, sur le canal du Midi où a été instauré un rassemblement des bateaux pour le passage des écluses, la mesure n’a pas suscité de réactions négatives parmi les clients. Sachant aussi que sur ce canal, le trafic intense crée en lui-même déjà des passages le plus souvent groupés. Sur les autres canaux, c’est une habitude qui peut se prendre, voire qui est déjà prise par certains plaisanciers.Sur le canal d’Alsace, le Quattro fly C « Green » a accompli sa première saison, pas tout à fait complète, compte tenu de sa mise en service à partir de juin. Comme avec le « SixTo Green », les plaisanciers en ont apprécié le silence de la navigation à l’électricité, qui permet d’entendre le clapotis de l’eau, et la limitation des autres nuisances. C’est un bateau hybride : électricité pour la propulsion et un groupe électrogène pour le confort à bord. Nicols a constaté que les clients n’utilisent que très peu ce groupe. Celui-ci a été aussi installé pour permettre une autonomie si le bateau n’est pas rechargé à l’une des bornes installées pour cela. Il sera aussi utile si le bateau en vient à naviguer ailleurs que sur le canal d’Alsace.