« Je sais que la conjoncture actuelle est difficile pour le transport ferroviaire de marchandises, en cette première moitié 2023, fortement touché par les grèves et la hausse des coûts de l’énergie », a déclaré Clément Beaune, ministre chargé des Transports, dans un message en introduction d’un webinaire organisé par le Groupement national des transports combinés (GNTC) le 1er juin 2023.
Il veut toutefois croire que les perspectives sont plus positives pour la suite de l’année, citant « la possibilité offerte aux opérateurs de fret ferroviaire, qui se sont engagés auprès de SNCF Réseau pour la fourniture d’électricité, de résilier leur contrat pour souscrire des offres de marché plus attractives ». Pour lui, « avec cette mesure attendue, les opérateurs ont les moyens d’être à nouveau compétitifs par rapport à la route, c’est vital ».
Qu’a dit le ministre sur le fret ferroviaire et le combiné ?
Le ministre a rappelé les mesures annoncées le 23 mai 2023 (voir article de NPI). Parmi elles, il a souligné le renforcement du soutien à l’exploitation des services combinés, existant depuis 2021, passant de 27 à 47 millions d’euros à partir de 2023 et prolongé jusqu’en 2030 (au lieu de 2027) « pour donner aux opérateurs une plus grande visibilité ».
En matière d’investissements, après 500 millions d’euros engagés dans le cadre du plan de relance, ce sont 4 milliards d’euros qui seront consacrés aux infrastructures du réseau de fret ferroviaire « qui bénéficieront au transport combiné bien évidemment ».
600 millions d’euros concernent directement les terminaux de transport combiné sur les 4 milliards d’euros, a indiqué Floriane Torchin, directrice des transports ferroviaires et fluviaux et des ports à la DGITM plus tard lors du webinaire.
Clément Beaune a « salué l’implication des acteurs du transport combiné ferroviaire et fluvial dans le report modal qui permettra à la France de mettre en œuvre et réussir sa transition écologique »,
Qu’a dit le ministre sur le transport fluvial ?
Le ministre a aussi longuement évoqué le transport fluvial soulignant :
- « le dynamisme de la filière fluviale pour sa transition écologique. Ce secteur porte des ambitions fortes comme la réduction de 20% des gaz à effet de serre du fluvial d’ici, l’implantation de bornes électriques ».
- « l'engagement dans une transformation profonde de son réseau avec le début des travaux du canal Seine-Nord Europe, de très nombreux chantiers de modernisation et de développement sur le réseau Seine-Escaut »,
- « la mobilisation porte aussi sur des améliorations à apporter en termes de mobilisation de foncier économique et des connexions entre les ports et les grandes infrastructures des modes massifiés. C’est la logique de création de Haropa Port et les engagements du Président de la République sur l’axe Rhône-Saône-Méditerranée » (voir article de NPI).
« C’est donc un choc d’offres que nous devons construire ensemble pour assurer et dépasser les objectifs de report modal », a conclu le ministre. Ceux-ci étant une multiplication par deux de la part modale du fret ferroviaire et par trois pour le transport combiné.
Où en est le schéma directeur des terminaux de transport combiné ?
Les réflexions avec la filière sur un schéma directeur des terminaux de transport combiné sont toujours en cours (aussi bien concernant ceux à rénover que de nouveaux à réaliser) et pourraient s’achever à la fin de l’année, selon Floriane Torchin, directrice des transports ferroviaires et fluviaux et des ports à la DGITM.
« Les analyses convergent sur la nécessité d’investir sur une vingtaine de terminaux dans les 10 prochaines années, moitié terminaux neufs, moitié modernisation des terminaux existants ». Elle a cité des projets de rénovation déjà en cours à Valenton ou Vénissieux et un projet de nouveau terminal de transport combiné vers le MIN de Rungis porté par Semmaris.
Comme nouveau terminal de transport combiné, il a été rappelé l’annonce faite en février 2023 pour une implantation sur un terrain de SNCF Réseau près d’Orléans aux Aubrais avec un co-financement Etat (50 %), régions Centre Val-de-Loire (40,2 %) et Normandie (9,8 %) pour un investissement total de 10,3 millions d’euros. « La création de ce terminal a été incitée par des acteurs du maritime (MSC, NDLR) et Haropa Port du Havre », ce qui explique l’engagement financier de la région Normandie. L’infrastructure devrait être mise en service en 2025.
Quels sont les axes de travail pour l’avenir ?
Intervenant en conclusion du webinaire, Ivan Stempezynski, président du GNTC, a souligné les avancées et les freins encore à lever :
- « Lors du lancement de nos webinaires il y a trois ans, nous appelions à ce que le transport combiné soit considéré comme le moteur du report modal. Aujourd’hui, il l’est.
- Nous nous félicitons des annonces de la semaine dernière. Ce sont des mesures qui donnent une vision, une capacité à se projeter dans la durée pour les entreprises de la filière. Nous avons passé un cap en termes de reconnaissance et dans les actions de la part de l’Etat, du gouvernement et des institutions.
- Le premier semestre de l’année 2023 a été compliqué mais les opérateurs continuent à œuvrer, les transporteurs routiers sont toujours engagés, les chargeurs sont toujours convaincus et continuent à nous faire confiance ».
Il reste à faire sauter un dernier frein mais non des moindres qui relève du gestionnaire d’infrastructure SNCF Réseau : « Parvenir à une stratégie capacitaire de qualité et conforme aux besoins pour réussir et accompagner la croissance du transport combiné ».
Quelques chiffres
En 2022, pour le combiné rail-route, les chiffres ont été les suivants :
- 20,6 millions de trains-kilomètres (+7,9% par rapport à 2021),
-25,2 milliards de tonnes-kilomètres brutes (+9,4%),
-tonnage brut moyen par train : 1391 t (+4,1%).