En 2020, le taux de remplissage des bateaux de croisière qui ont navigué a été compris entre 50 et 70 % au cours de l’été et de 30 % entre septembre et mi-octobre 2020. « Avec ces niveaux, le modèle économique ne tient pas ». En temps normal, le taux de remplissage oscille entre 80 et 90 %.
Pour la saison 2021, la confusion domine pour la relance de l’activité de croisière fluviale qui est en fermeture administrative depuis octobre 2020 en France. « A partir de la mi-mars, en temps normal, nous vivons une période très stressante car tout doit être prêt pour démarrer la saison. Cette année, nous sommes en pleine interrogation. La relance va t-elle se passer début mai, début juin ou en juillet et août ? Avec la troisième option, cela signifie une moitié de saison seulement, c’est difficile sur le plan économique et financier pour les compagnies », explique le responsable.
En mai 2021 ou plus tard, la clientèle pourrait être européenne, des Allemands, des Suisses, des Britanniques. Une incertitude concerne la venue de la clientèle internationale, primordiale pour le tourisme fluvial français, y compris le segment des croisières. Les interrogations portent sur le redémarrage des compagnies aériennes, le fonctionnement des aéroports, la mise en place d’un « passeport vaccinal ». Il y aura sans doute une volonté forte pour relancer l’activité aéroportuaire et trouver des solutions pour faciliter l’accueil des touristes internationaux.
« Une relance plus green, plus écologique »
« C’est très frustrant, nous sommes encore dans une situation suspendue comme en 2020. Au plus tard, nous comptons sur un redémarrage autour de l’été, nous continuons à nous préparer pour être prêts et travailler jusqu’en novembre », indique Léo Beilmann. Pour lui, il faut envisager de « créer de l’activité sur les mois d’hiver, généralement voués à l’entretien technique. L’envie des clients sera là mais il faut que tout le reste suive. La volonté est là mais il y a des freins à lever ».
L’acceptabilité des activités de la filière constitue un enjeu crucial à l’avenir, pour le responsable : « Nous sommes associés à des nuisances alors que nous apportons beaucoup aux territoires. J’ai des craintes pour certains sites dans des grandes villes avec la mise en place de ZFE et de contraintes réglementaires qui pourraient limiter l’accès pour les livraisons aux bateaux, pour les interventions techniques... A contrario, les villes moyennes vont davantage s’ouvrir car elles connaissent l’importance des activités touristiques fluviales. Il faut travailler à les faire accepter par la population. La relance doit être plus green, plus écologique. L’une des options est de transposer le maximum sur le fluvial pour les livraisons, les déchets, etc. d’ici 2024-2025 ».
La filière du tourisme fluvial doit aussi travailler à conserver son personnel et ses savoir-faire spécifiques, continuer à former les jeunes, rendre les métiers attractifs. Le risque est de perdre des compétences et de manquer de personnel quand les activités retrouveront le chemin de la croissance. Pour cela, les croisières fluviales ont des atouts : slow tourisme, dépaysement, milieu naturel, vie à bord dans un espace à taille humaine, jamais très loin de la richesse culturelle, historique, etc. des territoires.