En amont de Bouchemaine, la navigation « se fait aux risques et périls des usagers », indique VNF, qui gère la navigation sur le fleuve entre Nantes et la confluence avec la Maine. Bien plus en amont, à partir de Briare et de son célèbre pont-canal, la navigation est possible au gabarit Freycinet sur le canal latéral à la Loire, qui permet de remonter le cours du fleuve jusqu’à Roanne. Entre Bouchemaine et Briare, aucune navigation ne serait possible sur le fleuve royal à Saumur, Tours, Blois ou Orléans ? Les kayakistes y trouvent leur bonheur, avec de nombreux clubs pratiquants toute l’année, et des bases de location actives en saison. Des embarquements, le plus souvent sur des bateaux traditionnels, sont aussi proposés aux touristes pour de courtes navigations permettant de profiter de la vue sur les célèbres châteaux de la Loire, admirer la beauté des paysages naturels ligériens et découvrir l’écosystème du fleuve.
Une expérience qui marque
À Blois (Loir-et-Cher), au cœur de ce val de Loire classé depuis 2000 par l’Unesco sur la liste du patrimoine mondial, l’Observatoire Loire propose des navigations au pied de la ville et de son célèbre château, ainsi que sur les îles de la Loire, qui s’apparentent le plus souvent à de gros bancs de sable couverts ou non de végétation. L’association d’éducation à l’environnement s’adresse à un public scolaire comme aux touristes de passage. Elle dispose pour cela de trois bateaux à passagers, répliques des « toues » autrefois utilisées par la marine de Loire pour le transport de sel ou de vin sur le fleuve. L’Observatoire Loire transporte habituellement plus de 5 000 passagers par an. En 2020, crise sanitaire oblige, ce sont seulement 2 500 passagers qui ont embarqué pour une saison réduite aux deux mois d’été, les groupes scolaires ayant déserté ces courtes escapades nautiques.
L’Observatoire Loire, depuis la construction de son premier bateau en 1995, a été pionnier dans la renaissance de la marine du fleuve. L’association a fait des émules, et le département de Loir-et-Cher compte aujourd’hui deux autres organismes proposant des embarquements sur des bateaux traditionnels de Loire : Millière Raboton, qui exploite quatre bateaux au pied du château de Chaumont-sur-Loire, connu pour son festival des jardins, et les Marins du port de Chambord, à Saint-Dyé, qui outre leur bateau à passagers disposent aussi de deux gîtes flottants et d’un passeur, qui, en saison, transporte les piétons d’une rive à l’autre de la Loire, ainsi que les cyclistes et leurs montures.
Pour le coordinateur de l’Observatoire Loire, Alain Amiot : « Nous passons sous le radar au niveau national, car il n’y a pas en Loir-et-Cher de grosse compagnie de navigation, mais le fluvial est élément important du développement du tourisme dans le département. Coincé entre les deux métropoles de Tours et Orléans, le Loir-et-Cher dispose d’une douzaine de bateaux à passagers sur la Loire, avec des circuits diversifiés entre ville et nature, avec des thématiques gourmandes, musicales ou autres, et même des hébergements à bord. Nos prestations participent à un tourisme non seulement respectueux de l’environnement mais qui vise à le faire découvrir. Un tourisme de connaissance, qui ajoute la composante fluviale à l’image d’un département qui connaît par ailleurs le tourisme de masse avec les châteaux de la Loire et le zoo de Beauval. Cet outil de découverte du fleuve que nous proposons joue sur la perception du séjour : le bateau est une expérience dont on se souvient, qui marque en profondeur ».
Vélo et bateau, destin lié
Le marketing touristique du département ne repose donc plus uniquement sur le patrimoine, avec Chambord en tête de gondole, mais aussi sur la nature, le tourisme « vert »... La Loire à vélo draine chaque année un nombre croissant de touristes, et les opérateurs proposent de plus en plus des offres couplées, associant bateau et vélo. La complémentarité entre vélo et bateau se fait naturellement : les loueurs de vélos et de kayaks, par exemple, travaillent ensemble, et le bac des Marins du port de Chambord est principalement utilisé par les cyclistes.
Le département de Loir-et-Cher compte deux dispositifs principaux pour le cyclotourisme. D’une part, la Loire à vélo, où l’on compte 400 vélos par jour en moyenne l’été, et 300 de plus avec la variante mise en place en rive sud de la Loire. D’autre part, les châteaux à vélo, itinéraire plus local, mis en place il y a vingt ans.
Selon Audrey Rousselet, vice-présidente chargée du tourisme à Agglopolys, la communauté d’agglomération de Blois : « L’année 2020 a été très bonne, tant pour les loueurs de vélos que de kayaks. Avec le Covid-19, les gens étaient à la recherche d’une destination nature, et, pour cela, la Loire est un réel atout, qui vient s’ajouter à l’attrait pour les châteaux. La navigation est un énorme attrait pour le tourisme. La présence de touristes crée des nuitées pour les hôtels, des repas pris dans les restaurants, etc. Nous faisons donc en sorte que le réseau cyclable soit entretenu, pour répondre aux attentes des touristes à vélo, qui ont changé. Par exemple, à Ménars, la commune a réhabilité un vieux lavoir en aire d’accueil proposant des toilettes sèches, une table de pique-nique et des outils pour réparer les vélos. Des services très appréciés des touristes à vélo, ce qui nous conduit à inciter d’autres communes à développer des aires de pause avec services ».
Les bateaux à passagers fournissent aussi du travail à des entreprises locales, y compris pour la fabrication des embarcations. Ainsi, l’Observatoire Loire s’est engagé depuis trois ans dans un programme de reconstruction de sa flotte, dont les premières unités avaient été construites en bois en 1995. C’est désormais l’aluminium qui a été choisi, afin de limiter l’entretien. L’habillage en bois de la coque sera fait à Blois, mais pour la construction de la coque en aluminium, c’est une société de Beaugency (Loiret) qui a été choisie. Spécialisée dans l’aéronautique, cette société a désormais quatre bateaux en commande. De quoi créer une filière nautique locale en val de Loire ?