Sur le canal de Garonne, 53 000 tonnes de fret fluvial en 2023

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Une étude vient de livrer les conditions et les volumes potentiels (53 000 tonnes en 2023, 90 000 t en 2025) pour relancer le transport fluvial sur le canal de Garonne, entre Damazan et Bordeaux. Sur le papier, le retour des Freycinet dépend désormais de l’engagement des chargeurs, mais techniquement, d’importants investissements sur l’infrastructure sont attendus. Les collectivités locales, l’État et VNF devront s’aligner pour répondre à la demande. Aperçu des chiffres et données.
Dès aujourd’hui, sur le canal de Garonne, à une centaine de kilomètres de Bordeaux, plus de 30 000 tonnes de marchandises ont été identifiées comme immédiatement mobilisables. Un volume qui atteindrait 53 000 t en 2023 et 90 000 t en 2025. L’étude technique et financière, réalisée par le cabinet Abington et commanditée par la communauté des communes du confluent et des côteaux de Prayssas (CCCCP), détaille les conditions techniques et financières pour amorcer le fret fluvial sur le dernier segment du canal de Garonne et sur la Garonne. Un réseau endormi depuis les années 2000. Du vrac liquide et solide pourra assurer les liaisons de quatre ou six équipages selon le type d’embarcation, Freycinet ou barges avec pousseurs, pour 42 à 52 allers-retours annuels. Deux Freycinet supplémentaires sont envisageables en 2024 pour du vrac solide et deux de plus, pour 2025, pour le vrac liquide. Le rapport précise également les conditions opérationnelles nécessaires, une analyse du modèle économique et des scénarios de portage administratif. Cette étude vient appuyer une volonté initiée par un collectif d’entreprises locales : Compas 47. Celui-ci accompagné par le syndicat Valorizon (traitement et valorisation des déchets), un partenaire clé de la CCCCP dans le développement de son programme d’écologie industrielle territoriale (EIT) sur son pôle d’activité. « L’histoire a démarré avec des élus et des techniciens engagés et unis autour d'un projet de territoire à énergie positive, à savoir ne plus consommer ni produire d’énergie fossile. Notre objectif consiste aujourd'hui à rendre notre territoire plus attractif et innovant », relate Michel Masset, président de la CCCCP.

Des flux allers et retours identifiés

En tête de réseau, quatre chargeurs sont engagés dans la réflexion du transport fluvial dans le cadre de leur implantation et développement à Damazan : Valoregem avec du plastique recyclable monte en puissance, Soregom développe des pneus broyés à recycler et Manger Bio Sud-Ouest est une coopérative alimentaire qui livre l’agglomération bordelaise. À Boé, il y a Aliarec qui recycle de la ferraille.Techniquement, le projet prévoit deux sites de chargement, Damazan et Boé, et trois ports de déchargement, Bordeaux, Bassens et Pauillac. « Les coûts du report modal ont pu être validés par le dernier marinier du canal de Garonne et ce, grâce aux efforts du grand port maritime de Bordeaux qui a réduit ses coûts de manutention à 2 euros la tonne pour le vrac solide. Le coût du transport fluvial est évalué à environ 10 euros la tonne avec, pour l'instant, des retours à vide », indique Adeline Charre, la jeune responsable de projet transition énergétique et innovation pour la communauté des communes. « Cette étude sert aussi à sécuriser l’avenir des bateliers qui devront couper leur bateau pour traverser le canal du Midi dont les écluses sont dimensionnées à 30 mètres ». Pour les transporteurs, des conditionnements spécifiques seront nécessaires comme des cuves pour les marchandises liquides et des caissons pour l’agro-alimentaire. Leur chiffre d'affaires a été évalué entre 10 000 et 13 000 euros mensuels sur l’existant mais d’autres voyages pourraient faire le complément. « Nous avons un flux connu mais des secteurs pourront compléter l’offre si les liaisons sont lancées avec des premiers bateaux. Certains attendent du concret pour rejoindre la démarche ». L’étude présente effectivement un avenir prometteur avec quinze sociétés prospectées dont cinq coopératives agricoles pour du grain vers Bassens (de 36 300 t à 97 500 t) et de l’engrais en fret retour (10 500 t), cinq carriers avec du granulat vers Bordeaux (370 000 t) et des déblais inertes en fret retour (115 000 t). D’autres flux retours potentiels ont été identifiés comme des bio-déchets (20 000 t), des déchets de plastiques (de 4000 t à 6000 t). Les futurs chantiers de la ligne LGV, de la nouvelle gare d’Agen avec ceux de trois incinérateurs représentent aussi un potentiel de trafics complémentaires.

Le rôle de la puissance publique et des chargeurs eux-mêmes

Sur le plan technique, des investissements seront nécessaires pour répondre aux besoins en équipements pour les chargeurs et en infrastructures pour les postes d’attente et de chargement. A court terme, les acteurs locaux prévoient d’investir entre 100 000 € et 140 000 € à Damazan pour une première phase. Des coûts soutenus grâce aux aides au report modal et à la modernisation et qui seront rallongés dans une deuxième phase. Tout le millefeuille territorial se mobilise pour porter la démarche à son terme. Un collectif public s’est constitué au niveau régional avec le conseil régional, la DREETS (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités), l’Adi (Agence de l’innovation), le grand port maritime de Bordeaux, VNF, Bordeaux Métropole. Pour Adeline Charre : « Maintenant, il faut que les volontés s’alignent et que les chargeurs s’engagent. Il y a un vrai enjeu de calendrier. L’entreprise-moteur Valoregem démarrera son entreprise avec le canal ou n’y reviendra pas. Ce potentiel est disponible aujourd’hui. Notre projet a du sens mais nous ne pouvons pas le porter seul. Les entrepreneurs doivent s'engager, les autres collectivités aussi. Nous avons démontré que c’était réaliste. Il faudra aussi désormais créer les ports et avoir l’assurance de l’entretien de VNF. La puissance publique doit donner une certaine caution pour les entreprises et les transporteurs ». Si tout reste à faire, pour conforter l’étude et ne pas rester sans action, après le test de 2021, un nouveau sera organisé prochainement. L’engagement des entrepreneurs est, lui, attendu pour démarrer la liaison fluviale en 2024.

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