Sogestran poursuit ses essais de biocarburants : après le B100 testé en 2020 à bord du Sandre, le même automoteur fonctionne depuis février 2022 et pour six mois au Pur-XTL, un bio-gasoil de deuxième génération fourni par Altens.
Élaboré à partir d’huiles de friture usagées et de graisses animales, le Pur-XTL est un bio-gasoil de synthèse réduisant très fortement les émissions de CO2. Ce carburant est utilisé depuis février 2022 par le Sandre, bateau de l’armement fluvial CFT naviguant sur la Seine pour livrer du ciment aux centrales à béton Calcia.Le Sandre, automoteur diesel-électrique de 51 m de long chargeant 1 000 t de ciment, avait déjà testé en 2020 un autre biocarburant : l’Oléo 100 fabriqué par Saipol à partir d’huile de colza. Ce carburant, qui donne de très bons résultats en transport routier, n’avait cependant pas entièrement convaincu la CFT au terme des six mois d’essai : les résultats étaient bons pour toutes les émissions polluantes, hormis les oxydes d’azotes. Pour parvenir une réduction de ces émissions de Nox, il aurait fallu modifier les réglages du moteur. Une opération que les motoristes ne souhaitent pas faire, qui est plus délicate sur une flotte fluviale car chaque moteur est différent, et qui empêche tout retour en arrière vers le gasoil classique.Le carburant testé cette année par le Sandre n’entre pas dans la catégorie B100, mais dans celle des HVO. Ce biodiesel de synthèse doit donc permettre, théoriquement, de réduire toutes les émissions polluantes sans qu’il soit nécessaire d’apporter la moindre modification au moteur. Il se rapproche en cela du GTL, carburant de synthèse déjà utilisé sur la Seine, mais qui est, quant à lui, d’origine fossile et présente donc un moins bon bilan carbone.
Vérifier l’adaptation à une utilisation en navigation fluviale
Les six mois d’essais prévus par la CFT devraient permettre de vérifier si le Pur-XTL tient ses promesses et s’adapte à une utilisation en navigation fluviale. Il s’agit d’un agro-carburant de deuxième génération, c’est-à-dire qu’il n’est pas élaboré directement à partir d’une production agricole, mais à partir de déchets. En l’occurrence, des huiles de fritures usagées et des graisses animales. Le bilan carbone est donc meilleur : le fournisseur, Altens, qui s’approvisionne auprès du groupe finlandais Neste et a installé un dépôt à Gennevilliers, annonce une réduction de 90 % des émissions de CO2 par rapport au gasoil sur le cycle production-utilisation, contre 60 % seulement pour le B100. Altens se présente comme un fournisseur français d’une gamme complète de carburants alternatifs non fossiles pour le secteur du transport.Autre avantage du Pur-XTL : aucune surconsommation n’est à prévoir, alors que le B100 affiche 5 à 7 % de consommation supplémentaire. En revanche, le Pur-XTL est plus cher, Altens annonçant un surcoût d’environ 20 centimes par litre. Cela s’explique par deux facteurs : un procédé de fabrication plus complexe et une taxation supérieure, équivalente à celle qui s’applique aux gasoils fossiles.Ce surcoût à l’utilisation n’est pas forcément un frein pour la CFT, qui voit dans ces nouveaux carburants une façon d’améliorer les émissions polluantes sans investir dans du nouveau matériel. « Certains clients sont demandeurs de solutions décarbonées, explique le responsable des relations institutionnelles du groupe Sogestran, Steve Labeylie. Avant de leur proposer tel ou tel carburant, nous devons vérifier qu’il convient à nos bateaux et que les émissions sont bonnes. Ici nous avons, a priori, une solution disponible, plus accessible que la construction d’un bateau à hydrogène ».