La campagne 2020-2021 d’exportation de céréales, qui s’est achevée au 30 juin dernier, a été marquée pour Sénalia par une montée en puissance des achats chinois en particulier pour l’orge fourragère. L’empire du Milieu, qui en 2019-20 ne captait que 13 % des exportations de l’union coopérative, derrière l’Algérie (31 %) et le Maroc (25 %), devient la première destination de la coopérative avec 40 % des expéditions de Sénalia, soit 20 % de celles de blé tendre, 61 % de celles d’orge de brasserie et 95 % de celles d’orge fourragère. Le Maroc reste le deuxième client de Sénalia avec 558 000 t de blé tendre, tandis que l’Algérie n’a acheté que 12 % des céréales sortant des silos rouennais, soit 359 000 t de blé tendre seulement.
Au total, Sénalia, qui en 2019-2020 avait exporté 5,3 Mt de céréales, n’a chargé que 3,05 Mt sur navires pour la campagne 2020-2021 selon les chiffres présentées par le directeur général Gilles Kindelberger le 25 février 2022. Cela représente tout de même 23 % des exportations françaises de céréales par voie maritime.
Ces exportations sont principalement constituées de blé meunier (1,93 Mt) mais aussi d’orges, qu’elles soient fourragère (516 000 t) ou brassicole (454 000 t). La campagne a vu un frein mis aux exportations de céréales en conteneurs : Sénalia n’en a chargé que 11 000 t, principalement de l’orge de brasserie à destination de l’Inde. Cela s’explique en grande partie par la désorganisation du transport maritime, la pénurie de conteneurs vides obligeant à une rotation plus rapide du parc, et surtout l’envolée du prix du transport maritime de conteneurs.
Des parts modales globalement stables
Côté transport terrestre en entrée des silos d’exportation maritime, la répartition n’a que peu bougé par rapport à la campagne précédente, la route (62 % des tonnages) gagnant un point de part modale au détriment de la voie d’eau (31 %) tandis que la part du rail (7 %) reste stable.
Le train, pénalisé en 2019-20 par les mouvements sociaux, l’a été en 2020-21 par la réduction de l’hinterland de Rouen qui s’est resserré sur deux régions principales, Normandie et Hauts-de-France. Pour la campagne en cours, la part modale du train est remonté à 11 % du fait d’un élargissement de l’hinterland de Sénalia, notamment pour les orges de brasserie tandis que la part du fluvial a elle progressé à 32 %.
Si le fluvial conserve une part modale importante, c’est aussi dû au succès de la navette mise en place avec Davenne, filiale de la SCAT depuis juin 2020. Rappelons que cette navette a été mise en place en 2015 mais alors avec un autre partenaire.
Sénalia verse une prime d’engagement de 30 centimes par tonne aux organismes stockeurs utilisant cette navette. Au cours de la campagne 20-21, la part des entrées fluviales utilisant cette navette s’est élevée à 70 %.
Un bon début de campagne 2021-2022
Côté maritime, Sénalia profite de l’approfondissement du chenal de navigation de la Seine en aval de Rouen. Les navires Panamax de 60 000 t ne pouvaient précédemment charger que 40 000 t environ. Désormais, ils peuvent charger à 90 % de leur capacité théorique, ce qui implique tout de même de continuer à compléter le chargement, ce qui se fait habituellement à Dunkerque ou La Rochelle.
Au-delà du bilan de la campagne écoulée, Gilles Kindeleberger a aussi donné un aperçu des premiers résultats de la campagne 2021-2022, qui s’achèvera au 30 juin prochain. Sur les six premiers mois, c’est à dire à fin décembre 2021, ce sont déjà 2,4 Mt qui avaient été embarquées sur navire. Les exportations d’orge brassicole connaissent une bonne activité depuis le début de la campagne, ainsi que celles d’orge fourragère, pour lesquelles Sénalia monte en puissance depuis quelques années, en particulier grâce aux achats de la Chine qui reconstitue son cheptel porcin.
Au 25 février 2022, Sénalia a expédié un total de 1,7 Mt de blé tendre. Tous produits confondus, les expéditions atteignent 1,2 Mt à destination de la Chine, 558 000 t vers le Maroc et seulement 360 000 t à destination de l’Algérie. Ce dernier pays, traditionnellement client de la France, s’est tourné récemment vers les achats de blé russe mais la guerre en Ukraine pourrait rebattre les cartes même s’il n’est pas sûr que la France puisse répondre à la demande compte tenu de la qualité exigée par l’Algérie.