Une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme de la retraite est organisée par huit syndicats le 6 juin 2023. Depuis le début de cette année, il s’agit de la 14ème journée de grève à laquelle appellent tous les syndicats, toujours unis, pour demander le retrait de la réforme des retraites.
Cette nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle, comme les précédentes, concerne les salariés des gestionnaires des infrastructures fluviales soit : Voies navigables de France (VNF), la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et EDF.
Certains salariés de ces trois gestionnaires ont participé à la mobilisation contre la réforme des retraites avec comme conséquence un arrêt de fonctionnement de certaines écluses et bloquant ainsi la navigation des bateaux sur la Seine ou le Rhône.
Quel est le contexte ?
« Depuis le début de l’année, nous avons dénombré plus de deux cents mouvements de grèves ayant affecté tout ou partie du réseau des voies et infrastructures navigables, indique Entreprises fluviales de France (E2F), l’organisation professionnelle représentative des opérateurs fluviaux.
« La situation la plus critique a été atteinte sur le Rhône, avec un arrêt de navigation de près de 25 jours consécutifs, occasionnant le blocage de plus de 50 bateaux », ajoute cette organisation représentative de la profession.
Sur ce fleuve, les mouvements de grève ont en effet perturbé et rallongé la période de chômage (voir article de NPI).
Quel est l’enjeu pour la profession fluviale ?
Cette situation depuis le début de l’année 2023 ne donne pas une bonne image du transport fluvial ni de ses opérateurs alors que ceux-ci ne font que subir, selon E2F :
- « Cette situation de blocages à répétition met en fragilité les entreprises fluviales et amène les acteurs de la chaîne logistique à questionner à moyen et long terme la fiabilité de la solution fluviale, argument pourtant constitutif de l’attractivité de ce mode de transport ».
- « A terme, cette situation risque d’inciter les chargeurs potentiels à se détourner définitivement des moyens de transports alternatifs dont la voie d’eau est l’un des acteurs essentiels ».
La situation de blocage a fait réagir au niveau européen : l’European Barge Union (EBU ou UENF, en français, pour Union européenne pour la navigation fluviale) avec l'European Shippers Council (conseil européen des chargeurs) ont rappelé qu'empêcher la navigation ne respectait pas l’une des quatre libertés fondamentales du marché intérieur européen et ont alerté la Commission européenne. A charge pour celle-ci de voir ce qu’il en est avec l’Etat français (voir article de NPI).
Quelle est la demande ?
E2F poursuit en indiquant que l’absence de système de préavis (alors qu’il en existe chez un autre gestionnaire d’infrastructure comme la SNCF) rend :
- « impossible toute anticipation par les donneurs d’ordre et acteurs de la filière, avec des marchandises chargées prises en otage de grévistes dont la liberté d’action semble être totale »,
- « impossible toute solution de substitution pour les acteurs économiques que nous représentons n’est envisageable, accentuant les effets économiques dévastateurs de ces actions et des coûts d’immobilisations portuaires importants pour des flux parfois destinés à l’export maritime ».
Pour toutes ces raisons, E2F avec TLF a écrit au ministre chargé des Transports Clément Beaune pour que soit « étudié la mise en place d’un dispositif analogue à celui qui est appliqué chez d’autres opérateurs d’Etat et en particulier la SNCF ».
Le courrier conclut : « Les frets ferroviaire et fluvial présentent la caractéristique commune d’être des transports captifs, requérant un besoin d’anticipation d’autant plus important dans l’organisation des flux ».