« CMA CGM était jusqu’à tout récemment un groupe essentiellement maritime. En 2017, Rodolphe Saadé a décidé d’une nouvelle stratégie dont l’un des points porte sur le développement de services terrestres et logistiques en plus des services maritimes. Il s’agit de mettre en place un chaînage entre le maritime et le terrestre, c’est-à-dire aller jusqu’au dernier kilomètre, faire du porte-à-porte, des pré- et post-acheminements, mettre en place des solutions de transport et de logistique de bout en bout. L’intermodalité devient cruciale », a déclaré Jacques Gérault, conseiller institutionnel de CMA CGM, participant à une table ronde du colloque « Vallée de la Seine, regards croisés Ile-de-France Normandie » organisé le 7 février 2019 à Paris.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la prise de participation à hauteur de 25 % en mai 2018 par CMA CGM dans le groupe suisse de logistique Ceva puis le lancement d’une offre publique d’achat amicale des titres en ce mois de février 2019. C’est la filiale CC Log, branche logistique de CMA CGM, désignée comme un intégrateur de solutions, de centres de distribution de fret et de solutions supply-chain, qui est chargée de mettre en œuvre cette partie de la nouvelle stratégie de l’armateur français. CC Log s’appuie sur l'infrastructure mondiale du groupe pour concevoir des solutions porte-à-porte intelligentes par voie maritime, aérienne, routière et ferroviaire et prend également en charge toutes les activités annexes, y compris l'assurance des marchandises, la gestion douanière et le stockage.
« Le goulet d’étranglement qu’est LHTE doit être réglé »
Comme l’ambition de CMA CGM est de développer le chaînage entre le maritime et le terrestre dans les ports comme celui du Havre, Jacques Gérault a présenté une analyse assez négative de la situation du terminal multimodal de ce port (LHTE). « Au Havre, 70 % de nos 121 000 EVP sont transportés par la route, 23 % par le fluvial, 7 % par le ferroviaire. Il y a un souci au Havre : LHTE, plate-forme créée en 2008 et refondée en 2016 dont CMA CGM est actionnaire, ne fonctionne pas bien car les rotations de navettes ne sont pas suffisantes. Elle est engorgée le lundi en l’absence de fonctionnement régulier le week-end. L’engorgement est aussi administratif. Nous avons dénoncé fin 2018 la COT. Nous avons un an pour travailler à des solutions avec les différents acteurs et partenaires publics et privés. Le goulet d’étranglement qu’est LHTE doit être réglé ».
Jacques Gérault a souligné qu’une problématique similaire existait à Marseille où l’évacuation des conteneurs vers l’hinterland par le Rhône notamment n’est pas au niveau optimal.
« CMA CGM est un groupe qui a pris le virage de la transition écologique, a expliqué Jacques Gérault, en investissant 2Md€ dans la construction de 9 porte-conteneurs au gaz naturel liquéfié, en réduisant la vitesse des navires. Développer le transport par barge et par train constitue un autre volet de la transition écologique pour CMA CGM et il n’y a pas souci concernant le transit time si la régularité du trafic est au rendez-vous ».
Pour le conseiller institutionnel de CMA CGM, le trafic fluvial pourrait aisément être multiplié par 3 sur la Seine et sur le Rhône, fleuves sur lesquels il n’y a pas souci de capacité. En matière de foncier, il estime nécessaire de développer des plates-formes logistiques le long de ces deux fleuves.