Depuis trois ans, pour des livraisons dans Paris, Lyreco a fait le choix du transport fluvial et des vélos-cargo avec le bateau-entrepôt Fludis, une solution qui fait partie d’un ensemble pour « décarboner » les livraisons de ce groupe actif dans la distribution de produits et de services pour l’environnement du travail. Précisions avec Daniel Dendievel, directeur logistique de Lyreco France.
Depuis trois ans, pour des livraisons dans Paris, Lyreco a fait le choix du transport fluvial et des vélo-cargos avec le bateau-entrepôt Fludis. Cette unité à propulsion 100 % électrique transporte quotidiennement 7 tonnes de marchandises du port de Gennevilliers au centre de Paris en naviguant sur le bassin de la Seine.Des caissses mobiles de 250 kg de charge utile sont préparées à bord et déposées lors des escales dans plusieurs ports parisiens, où une dizaine de vélos utilitaires à assistance électrique, organisés selon le principe d’une « tournée du laitier » (« milk-run »), prennent la relève pour acheminer les commandes jusqu’aux clients finaux de Lyreco, l’un des leaders européens de la distribution de produits et de services pour l’environnement du travail.Daniel Dendievel, directeur logistique de Lyreco France explique : « Cette solution est en place à Paris en partenariat avec Fludis depuis septembre 2019. Nous avons commencé par une phase de test, suivie d’une montée en puissance progressive. Aujourd’hui, la dynamique est complètement stabilisée et nous permet de distribuer quotidiennement près de 400 commandes sur 10 arrondissements, tout en réduisant de plus de 50 % notre parc de véhicules de livraison circulant dans la capitale. En dehors de Paris, nous nous sommes orientés vers des solutions vélo-cargo pour livrer les « hyper-centre-ville ». Nous avons également commencé à déployer des véhicules électriques ».Ceux-ci se trouvent à Toulouse et l’objectif de Lyreco est de constituer d’ici 2025 un parc de plus de 60 véhicules utilitaires électriques capables de couvrir les zones urbaines et notamment les zones à faible émission (ZFE). La flotte de ce groupe compte aussi une cinquantaine de véhicules poids lourds et utilitaires légers roulant au GNV.
La problématique du coût
En plus de Paris, Lyreco a opté depuis environ 1 an pour des livraisons par vélos-cargo dans 16 villes en France à Lyon, Montpellier, Marseille, Grenoble, Strasbourg, Rouen, Rennes, Angers, Bordeaux, Saint-Étienne, Lille, La Rochelle…Dans certaines de ces agglomérations, il y a des voies navigables, Lyreco envisage-t-il pour elles aussi des solutions fluviales ? « Pour le moment, nous n’avons pas d’autres projets pour le transport fluvial de marchandises. Mais notre structure logistique étant complétement internalisée, nous maîtrisons parfaitement nos capacités et notre performance. Nous ne nous interdisons rien pour nos évolutions futures », dit Daniel Dendievel.Ce directeur de la logistique ajoute : « A Paris, nous sommes sur une solution très spécifique de bateau-entrepôt : la cale permet de dégrouper les marchandises et de charger les caisses pour les vélos pendant que le bateau navigue ou dès qu’il est à quai pour attendre que les chauffeurs effectuent un tour de livraison. Cependant, étant donné la rupture de charge et la nécessité de faire plusieurs tournées de livraison par vélo-cargo, cette solution nous impacte fortement en termes de productivité, et, par conséquence, de coûts ».Mais alors, la solution fluviale et vélo-cargo à Paris n’est pas à coût égal par rapport à des livraisons par la route ? La réponse de Daniel Dendievel est nette : « Clairement non. Les solutions vélo-cargo sont plus chères que les livraisons en véhicule utilitaire. Couplé avec une partie en péniche, le coût par livraison devient encore plus élevé. Il ne faut pas oublier que dans la majeure partie des cas, les solutions plus écologiques seront toujours plus chères. Il ne s’agit pas d’une décision fondée sur la performance économique, mais sur notre volonté de diminuer notre empreinte carbone et d’anticiper les évolutions législatives ».
Le mix énergétique adéquat
Avec 60 000 colis livrés chaque jour, le fret logistique représente 47 % du total des émissions de CO2 de Lyreco en France. Les diverses options (fluvial, vélo-cargo, GNV, électricité, éco-conduite, optimisation des flux retour pour évider les retours à vide en développant des offres d’économie circulaire) lui ont permis de réduire les émissions par livraison de 11 % en deux ans.« Cela fait plusieurs années que nous avons compris qu’il n’existe pas une seule solution idéale. C’est en faisant le mix énergétique adéquat, que nous arrivons à diminuer de manière significative notre impact sur l’air et sur les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi à contribuer au désengorgement des centres-villes, à améliorer l’ergonomie de travail de nos livreurs et à conserver le meilleur niveau de satisfaction pour nos clients. Nous avons démarré ces chantiers pour répondre à nos objectifs de développement durable, mais aussi pour nous préparer aux normes de plus en plus drastiques en matière de livraison urbaine. Au fait du contexte actuel, nous sommes très satisfaits d’avoir anticipé ces problématiques et d’avoir acquis suffisamment d’expérience pour maitriser nos prochaines évolutions ».