Les ports en première ligne pour la transition énergétique du fluvial

Article réservé aux abonnés

Les participants à l’évènement « Vert le fluvial », organisé par VNF, se sont penchés sur le coût économique et financier de la transition énergétique de la flotte fluviale. Les ports maritimes et intérieurs s’organisent pour distribuer des énergies alternatives au pétrole.

VNF a organisé le 6 octobre 2022 un nouveau colloque « Vert le fluvial », un nom qui désigne la transition énergétique de la flotte fluviale, et dont NPI a déjà publié un premier compte-rendu.

Lors des tables-rondes et échanges de l’après-midi, le directeur général de l’énergie et du climat au ministère de l’écologie, Laurent Michel, a plaidé pour l’investissement dans l’efficacité énergétique, dont le retour sur investissement est plus rapide qu’auparavant : « Il faut construire des schémas où tout le monde est gagnant. L’accompagnement de VNF, de l’État et des collectivités est là pour ça ».

Il a souligné que le report modal n’est plus seulement une question de transport, mais est devenu aussi une question d’énergie. Il a admis que la transition énergétique se ferait sans doute au détriment de la croissance, mais que cela peut prendre la forme d’une certaine relocalisation de l’économie : « Oui, on aura un peu moins de PIB, mais le PIB obtenu en consommant du pétrole c’est de l’argent qui sort du pays. Et il n’est pas certain que l’on ait beaucoup de gaz pas cher en 2024 ou 2025 ».

Cette intervention a été suivie d’une prise de parole du ministre des transports, Clément Beaune, venu s’adresser aux nombreux représentants du secteur fluvial réunis à l’initiative de VNF.

Le ministre a « remercié VNF pour son action de longue date », et « tout le secteur fluvial pour avoir fait face aussi bien que possible à un été difficile, ce qui a conduit à préserver mieux que chez nos voisins européens la circulation et le transport sur les principaux axes fluviaux, notamment de grand gabarit ».

Clément Beaune est ensuite rentré dans le vif du sujet, saluant l’effort de la filière fluviale : « le mode de transport le plus « décarboné » a pris il y a un an et demi des engagements forts pour réduire encore son empreinte carbone, avec un objectif de réduction de 20 % des émissions d’ici 2030. » Le ministre a enfin rappelé que les Jeux olympiques de Paris constituent « un coup d’accélérateur pour l’innovation et la « décarbonation » du secteur fluvial ».

Toujours la problématique du financement

La question du financement de la transition énergétique du secteur a aussi été au cœur des échanges du colloque. Le PAMI, dans sa nouvelle version pour les années 2023-2027, est un outil financier incontournable. D’autres fonds peuvent être mis à contribution.

Le président d’E2F, Didier Léandri, a notamment cité ceux issu des certificats d’économie d’énergie (CEE), mobilisables en faveur du report modal dans le cadre du programme Remove. « Le fonds de déchirage européen, actuellement inutilisé, dispose de montants de l’ordre de 20 à 30 M€, a rappelé le représentant des Entreprises fluviales de France. Il pourrait être mis à contribution, même si ce serait évidemment insuffisant pour faire basculer l’entièreté de la flotte vers le verdissement, objectif qui nécessiterait plutôt 3 à 4 milliards d’euros ».

Didier Léandri s’est en revanche opposé à la taxation du carburant utilisé par le transport fluvial, telle que prévue par « Fit for 55 », la feuille de route de l’Union européenne pour parvenir à la réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

Des stations multi-énergies dans les ports

Qui dit transition énergétique dit aussi distribution de nouvelles énergies. Les ports, dans ce domaine, ont leur rôle à jouer. Antoine Berbain a rappelé l’appel à projets lancé pour la constitution, sur les principales plateformes multimodales d’Île-de-France, de stations multi-énergies. « Le but de ces stations multi-énergies, c’est de distribuer à la fois de l’électricité, du biométhane et de l’hydrogène, tant aux camions qu’aux bateaux. Les sources d’énergie de demain seront plus diversifiées que le seul pétrole utilisé aujourd’hui », prévoit le directeur général délégué de Haropa, qui a aussi indiqué, au passage, que l’enquête publique à propos de la chatière de Port 2000, au Havre, débutera le 8 novembre et durera jusqu'au 12 décembre 2022.

Les ports sont aussi positionnés comme lieu de production d’énergies alternatives au pétrole. À Dunkerque, par exemple, H2V a pour projet la fabrication d’hydrogène renouvelable, avec une production de 100 MW dès 2026 et une deuxième tranche de 100 MW en 2027. La distribution figure aussi parmi les objectifs de l’entreprise, avec 60 stations déjà en projet à travers la France, dont la première ouvrira en 2024. « Nous allons accompagner le développement du fluvial, notamment avec Haropa et VNF pour installer des stations bord à voie d’eau, indique Alexis Martinez, directeur général de H2V. A terme, l’hydrogène sera un vecteur majeur de la mobilité, tant en fluvial qu’en maritime. Pour les navires maritimes, il faudra cependant se tourner, pour des raisons de volume, vers l’hydrogène liquide ou l’ammoniac. On note un changement de discours des utilisateurs, qui pensaient avoir fait avec le gaz naturel une bonne partie du chemin ; ils sont nombreux aujourd’hui à voir qu’il faut aller plus loin ».

Acteurs

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15