A l’issue du Cimer dans les locaux de l’Ecole supérieure de la marine marchande (ENSM) au Havre le 22 janvier 2021, le Premier ministre Jean Castex a apporté des précisions sur les sujets à l’ordre du jour, après une longue introduction consacrée à la crise sanitaire du Covid-19, à la stratégie vaccinale du gouvernement, et à saluer les actions de son prédécesseur à Matignon, Edouard Philippe, redevenu maire de la cité normande et qui était l’un de ses hôtes depuis le début de la matinée. Celle-ci a aussi été l’occasion pour le Premier ministre de découvrir le CMA CGM Jacques Saadé, le premier porte-conteneurs de 23 000 EVP au GNL de cette compagnie maritime française, qui avait effectué son escale inaugurale la veille au Havre (photo de cet article).
Concernant l’actualité, « pour les gens de mer », selon les mots de Jean Castex, « à la violence de la crise est venue s’ajouter la morsure du Brexit ». Tout en saluant « les résultats des négociations » notamment pour le secteur de la pêche, ceux-ci « doivent se concrétiser ». Il a indiqué un travail en cours avec les élus et parlementaires « pour répondre à l’offensive des ports francs britanniques ».
Des précisions sur la fusion des trois ports de l’axe Seine
Concernant l’avenir des activités portuaires et maritimes, « la première priorité du Cimer est de renforcer la stratégie portuaire de la France visant à rendre les ports plus attractifs ».
Pour le Premier ministre, « Le Havre est au cœur de la fusion des ports de l’axe Seine. Nous franchissons une étape nouvelle, majeure, stratégique. La fusion, on en parle depuis des décennies, nous la faisons avec effet au 1 juin 2021 ».
Au conseil de surveillance de l’établissement unique, vont siéger les trois métropoles, les deux régions et, pour la présidence, Jean Castex a indiqué qu’il « soutiendrait la candidature de Daniel Avisse qui a œuvré à la tête de la Matmut depuis sa maison-mère de Rouen ». L’une des revendications des Rouennais serait ainsi satisfaite suite au choix du Havre pour le siège de l’établissement unique.
Autre annonce concernant les trois ports de l’axe Seine : « Le Cimer a décidé d’arrêter un plan d’investissement de 1,450 milliard d’euros pour la période 2020-2027, soit un doublement des investissements dans les trois implantations, y compris Paris ». Une réflexion va être ouverte « sur les mesures fiscales permettant de dynamiser l’attractivité des zones industrialo-portuaires et d’améliorer leur compétitivité ».
Le Premier ministre a ajouté : « Les trois ports du Havre, de Rouen et de Paris vont former un grand axe fluvial et maritime. Avec le volet portuaire et fluvial du plan de relance, Le Havre va devenir l’une des principales portes d’entrée de la France avec Marseille et Dunkerque ».
Les ports, la mer, c’est de l’emploi
La stratégie nationale portuaire a été un autre point à l’ordre du jour du Cimer 2021 mais son contenu n’a pas été détaillé ni par le Premier ministre ni par le dossier de presse.
Jean Castex a rappelé l’objectif général déjà connu : « Il s’agit d’adopter une démarche très offensive de reconquête de parts de marché sur les ports concurrents, fondée sur le développement industriel et logistique durable. Il en va de la survie économique du secteur. Pour cela, nous allons amplifier une stratégie de renforcement des chaines logistiques vers les transitions écologique et numérique. Il faut le rappeler très fortement, les ports, la mer, c’est de l’emploi, de l’attractivité, de la relocalisation industrielle et donc de la souveraineté. Des sujets qui sont au cœur du plan de relance ». Il a mentionné que les volets maritime, portuaire et fluvial représentent 650 millions d’euros dans le plan de relance. Selon le dossier de presse, dans le cadre de ces trois volets, « plus de 600 projets actuellement recensés seront étudiés ».
Accroître la part modale des transports massifiés
Toujours selon le dossier de presse du Cimer, il est prévu, dans le cadre de la stratégie nationale portuaire, qui concerne les 66 ports maritimes dont 11 GPM relevant de l’Etat, « d’accroître de 30 % la part des modes de transport massifiés dans les pré- et post-acheminements portuaires, à horizon 2030 ».
Parmi les autres sujets abordés lors du Cimer : la mise au point d’une stratégie pour l’exploration des grands fonds marins et le déploiement des énergies marines renouvelables (EMR). Il s’agit avec ces dernières de « développer l’éolien marin français » avec le lancement du parc de 300 m2 au large d’Oléron, « pour lequel la CNDP va être saisie sans délai ».
Pour le Premier ministre, « le déploiement de l’éolien est une dynamique de relance que nous voulons pour la France, ce sont des emplois et des nouvelles compétences pour notre souveraineté dans les technologies nouvelles. Le développement durable concourt au développement économique des territoires littoraux. Il s’agit de concilier aménagement du territoire, plan de relance, transition écologique, emplois. Les décisions lors du Cimer de ce matin construisent l’avenir de la mer. C’est la France de 2030 qui se dessine sur nos côtes ».