L’EBU a organisé des échanges sur les défis européens du fluvial

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L’European Barge Union (EBU ou UENF, en français, pour Union européenne pour la navigation fluviale) a organisé un après-midi d’échanges sur les « défis et opportunités de développement du transport fluvial » le 17 novembre 2022 à Bruxelles.

L’European Barge Union (EBU ou UENF, en français, pour Union européenne pour la navigation fluviale) a organisé une après-midi d’échanges sur les « défis et opportunités de développement du transport fluvial » le 17 novembre 2022 à Bruxelles.

La République tchèque assurant la présidence tournante de l’Union européenne au deuxième semestre 2022, c’est le ministre des transports de ce pays qui a introduit les échanges. Il a relevé l'importance du transport par voies navigables intérieures hier, aujourd’hui et à l’avenir (économie d’échelle, « décarbonation »), son rôle récent dans le transport de céréales et de matières premières depuis l'Ukraine dans le cadre des « solidarity lanes ». Il a indiqué que la présidence tchèque de l’UE travaille notamment sur la révision de la directive sur la taxation de l’énergie : « Le projet fait l'objet de discussions intensives en prévoyant que les carburants pour la navigation intérieure ne soient pas taxés au cours des cinq premières années après l’entrée en vigueur du texte, et par la suite, ils seront taxés à un faible taux ». Cela semble un pas en avant par rapport au projet initial, l’EBU militant pour que la navigation intérieure soit exclue du champ d’application du texte (voir article de NPI)

Le représentant de la DG Move a rappelé les ambitions de la Commission européenne pour la navigation intérieure et le transport maritime à courte distance, soit une augmentation de 25 % d'ici 2030 et de 50 % en 2050.

Le président de l’EBU a insisté sur le potentiel encore insuffisamment exploité de la navigation intérieure qui peut contribuer aux politiques de l'UE en transportant davantage sur les voies navigables. Toutefois, « un certain nombre de conditions préalables doivent être remplies pour concrétiser pleinement ce potentiel au profit de la société et de l'économie ». La navigation intérieure « a besoin d'un réseau d'infrastructures fiable, sûr, résistant au changement climatique », pour cela les investissements des Etats membres et de l’UE doivent être suffisants et innovants. Le secteur a aussi besoin de soutien (régime d'aide spécifique, incitation fiscale, cadre réglementaire flexible, financement sur-mesure…) pour atteindre les ambitions de « zéro émission », déterminer et tester les solutions techniques appropriées, doit pouvoir accéder aux carburants alternatifs…

Deux tables-rondes

Une première table-ronde est revenue sur la condition impérative pour la navigation intérieure d’infrastructures de qualité pour remplir son rôle aussi bien pour l’approvisionnement de biens que pour le transport de personnes et les activités touristiques fluviales. Des infrastructures de qualité permettent davantage de report modal. Seul un entretien régulier et donc des investissements eux aussi réguliers et à la hauteur des besoins sont nécessaires au sein des Etats membres en lien avec l’UE. D’autant plus dans le contexte du changement climatique : il a été notamment rappelé les situations d’étiages exceptionnelles au printemps et à l’été 2022 sur le Rhin, le Danube et l’Elbe (voir article de NPI).

Une deuxième table-ronde a abordé la transformation des bateaux fluviaux pour atteindre les objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050. Il a été rappelé les travaux récemment publiés de la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR) sur le financement de la transition énergétique dans le transport fluvial et la feuille de route correspondante pour réduire les émissions en navigation intérieure. L'étude a notamment chiffré les coûts de la transition énergétique entre 2,6 et 7,8 milliards d'euros (selon deux scénarios, l’un conservateur, l’autre innovant). Les sommes à prévoir du côté des opérateurs apparaissent très élevées et sans visibilité sur les retours sur investissements. D’autre part, il n'existe pas de financement dédié au déploiement du « verdissement » du secteur au niveau de l'UE, mais il existe quelques programmes de financement nationaux dans certains États membres.

Pour Entreprises fluviales de France (E2F), membre de l’EBU, « la navigation intérieure n'est pas un problème face au changement climatique mais une partie de la solution ». Pour cette organisation représentative, « la transition vers la neutralité carbone est clairement un objectif du secteur » mais « ne peut se faire qu'à moyen ou long terme » tout en reconnaissant que des progrès doivent être fait dès maintenant dans la réduction des émissions. « C'est d'abord être responsable, mais c'est aussi s'aligner sur les attentes des clients et donner des bases solides aux ambitions de croissance de la filière fluviale ».

E2F a abondé le constat de la CCNR d’investissements très élevés qui freinent les opérateurs, pourtant volontaires pour se lancer dans la « décarbonation » des bateaux. L’une des options est de parvenir à une « neutralité économique » du « verdissement » pour les opérateurs, et d’éviter « une contribution du secteur qui ne peut pas être considérée comme une solution. L'idée d'avoir un guichet unique pour l'ingénierie financière est une des solutions ainsi que la possibilité de mixer les financements » (« funding and financing » c’est-à-dire associant aides publiques et prêts, NDLR).

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