Cela fait un an que le gouvernement a remis sur la table le sujet de la taxation des poids-lourds pour financer les infrastructures de transport. Il ne s’agirait pas du retour de l’écotaxe, basé sur le kilométrage parcouru, mais tout simplement d’une vignette que devraient arborer tous les poids-lourds. Après la catastrophe du pont Morandi, à Gênes, le 14 août 2018, et l’audit publié par le ministère français des transports constatant le mauvais état du réseau routier et indiquant que 7 % des ponts hexagonaux présentent un risque d’effondrement, la question du financement de l’entretien des infrastructures de transport revient plus que jamais à l’ordre du jour. Ce qui conduit la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) à s’alarmer.
« L’État collecte chaque année près de 40 milliards d’euros sur la mobilité des Français, tous usagers confondus, indique la FNTR, dans un communiqué commun avec Transport et logistique de France (TLF). Seulement un tiers de cette somme est consacré à la route. Pour la FNTR et l’Union TLF, il faut que l’argent collecté finance dans sa totalité les investissements nécessaires à la modernisation de nos infrastructures, enjeu majeur et prioritaire de sécurité. » Les deux organisations rappellent que le transport routier de marchandises, qui ne représente que 6,3 % du trafic, s’acquitte déjà de 20 % des 40 Md€ évoqués.
« Nous exigeons un engagement clair et transparent sur les investissements et la destination concrète des 40 milliards collectés via la route, déclare Jean-Christophe Pic, président de la FNTR. Vouloir collecter plus d’argent sur le dos du transport, comme le gouvernement et certains le laissent entendre depuis des mois, pour le dépenser in fine ailleurs, c’est inadmissible. Il s’agit désormais d’un enjeu national, qui nous concerne tous ! L’argent collecté via la route doit aller à la route ».
Il est vrai que les camions s’acquittent déjà de la taxe à l’essieu, qu’ils ont subi une augmentation de 4 centimes par litre de la taxe sur les carburants suite à l’abandon de l’écotaxe, et que les péages autoroutiers leur sont facturés à un tarif plus élevé que celui des véhicules légers. La FNTR estime ainsi que « les camions contribuent d’ores et déjà plus que de raison aux infrastructures : ils couvrent 214% de leurs coûts sur autoroutes et 122% sur l’ensemble des routes. » Mais ces calculs omettent un point essentiel : les externalités négatives engendrées par le transport routier, à savoir la pollution et les accidents, dont le coût considérable n’est ici pas pris en compte. Sans parler du nécessaire report modal du transport de marchandises vers le rail et la voie d’eau, objectif pour lequel la taxation du transport routier prend tout son sens.