Le rôle de la fédération Norlink dans « la conquête de l’hinterland »

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Lors de l’afterwork de Norlink le 28 septembre 2021, une table-ronde a permis de présenter l’avancement du canal Seine-Nord Europe, les travaux sur le réseau fluvial, le rôle et les attentes des ports, du ferroviaire, des opérateurs, pour préciser le rôle de la fédération dans « la conquête de l’hinterland ».

Lors de l’afterwork de la fédération Norlink le 28 septembre 2021 une table-ronde a eu pour thème « la conquête de l’hinterland » après les échanges dont NPI a déjà publié un compte-rendu.

« La Société du canal Seine-Nord Europe est en ordre de marche. Sur le premier secteur, nous avons eu la publication de l’arrêté valant autorisation environnementale en avril 2021 », a expliqué Jérôme Dezobry, président du directoire de cette société, premier intervenant à prendre la parole lors de la table-ronde, le futur canal à grand gabarit étant l’un des éléments majeurs des années à venir dans la région, pendant la phase « travaux » et pour être prêt en vue de sa mise en service à la fin de la décennie.

La publication de cet arrêté a permis le lancement des premiers travaux préparatoires avec la réalisation de giratoires et de quais pour approvisionner le chantier de creusement du canal lui-même (excavation des terres, terrassement, construction des ouvrages d’art, etc.) qui va démarrer en 2022 sur le premier secteur de 18,6 km de Compiègne à Passel.

Sur les trois autres secteurs, les études se poursuivent pour un démarrage des travaux en 2023-2024. « Il s’agit d’être au rendez-vous fixé par l’Union européenne à fin 2028 », a précisé Jérôme Dezobry.

Pendant la phase de construction du canal, 12 « quais travaux » sont prévus pour approvisionner le chantier par le ferroviaire et/ou le fluvial. La construction de deux d’entre eux a commencé en septembre 2021 et pourront devenir des nouveaux points d’approvisionnement possibles du territoire et renforcer l’hinterland. « Le canal Seine-Nord est d’abord un effet réseau, faire des ports plus compétitifs sur l’ensemble du réseau ».

Le sujet de la hauteur libre des ponts

Olivier Matrat, chef du service exploitation-maintenance-environnement de VNF Nord-Pas-de-Calais, a indiqué l’importance du contrat d’objectifs et de performance (COP) signé en mars 2021 entre l’Etat et l’établissement. Le COP constitue la feuille de route de VNF pour les dix ans à venir et donne une visibilité sur les moyens jusqu’en 2029, avec 3 milliards d’euros prévus sur la période soit environ 300 millions d’euros par an, qui permettent d’engager un programme de modernisation du réseau.

« Le COP se décline dans les territoires, a précisé ce responsable. Dans le Nord-Pas-de-Calais, nous nous occupons de la mise à niveau du réseau autour du futur canal. Nous approfondissons, nous élargissons les voies d’eau, nous intervenons sur les écluses pour les porter au gabarit européen, nous aménageons des aires de service, de stationnement, des postes d’attente pour les usagers ».

Un autre axe de travail de la direction territoriale de VNF est la téléconduite des écluses du Nord-Pas-de-Calais avec en 2023 un centre à Waziers près de Douai, « pour une disponibilité plus importante des ouvrages ».

Ferenc Szilagyi, directeur marché multimodal et logistique urbaine du groupe Sogestran, a rappelé : « Dans le fluvial, pour un prestataires de services de transport, nos limites sont géographiques. Actuellement, il est possible venant de Dunkerque d’aller jusqu’au Valenciennois et jusqu’à Dourges, théoriquement Douai. Pour une croissance de nos trafics et activités, il est possible de jouer soit sur les volumes et les fréquences ce qui nécessite une ouverture H24 des écluses, soit la création de nouvelles infrastructures comme le canal Seine-Nord Europe pour desservir notamment le Nord de la région parisienne ».

Pour ce responsable, « le canal ouvre la voie depuis les ports belges vers la région parisienne mais permet aussi de gagner une journée depuis Dunkerque vers Paris, c’est important ».

Parmi les points de vigilance, il a ajouté : « La hauteur libre des ponts sur Seine-Nord Europe est prévue pour 3 niveaux de conteneurs alors que 2 seulement sont possibles sur le réseau régional. Il y a une difficulté, une incompatibilité à régler. Il faut également trouver des activités à haute valeur ajoutée pour ne pas seulement traverser la région sans s’arrêter ».

Le groupe Sogestran avec sa filiale Nord Ports Shuttle propose également des liaisons ferroviaires entre Dunkerque et Metz depuis 2019. « Le ferroviaire élargie l’hinterland du port de Dunkerque. Pour attirer les chargeurs et les trafics, il faut proposer des services à valeur ajoutée : fluidité, capacités, offres maritimes, multimodales. Donner envie, c’est faire en sorte que le chargeur y trouve son compte ».

Un « Duisbourg des Hauts-de-France »

Concernant le ferroviaire, Michel Boudoussier, directeur adjoint de Getlink et président de Norlink Ferroviaire, a mentionné l’ambition, partagée par l’Etat, de doublement de la part modale du fret ferroviaire (soit 18 % en 2030) qui est aussi une reconnaissance de son caractère « durable ».

Pour lui, « les Hauts-de-France sont, historiquement avec des implantations industrielles anciennes, une région du ferroviaire avec un réseau très maillé et bien connecté aux grandes infrastructures dont les ports. Il y a bien sûr aussi le Tunnel sous la Manche. Mais il ne suffit pas que les infrastructures soient là, il faut aussi un effet déclencheur et c’est le rôle de Norlink. Nous avons l’ambition de faire émerger un « Duisbourg des Hauts-de-France », en complément des plates-formes intermodales et autres infrastructures existantes.

Alain Lefebvre, directeur général des Ports de Lille et président de l’AFPI, a relevé : « Un port s’inscrit dans un réseau régional, national, international. L’arrivée de Seine-Nord Europe est très importante pour la conquête de l’hinterland mais tout va dépendre également de l’existant, de l’amélioration de l’accessibilité de la région ». Il a, comme Ferenc Szilagyi, alerté sur la différence entre la hauteur libre des ponts prévue sur le futur canal et celle du réseau régional : « C’est un élément et un enjeu fondamental à prendre en compte pour les ambitions par rapport aux conteneurs dans la région ».

Pour Alain Lefebvre, le canal Seine-Nord Europe constitue « une opportunité de développement économique, qui va pouvoir et devoir s’inscrire par rapport aux nouveaux enjeux économiques, productifs et environnementaux. Le rôle de Norlink est fondamental pour impulser cette réflexion sur l’accessibilité de la région, sans oublier son caractère transfrontalier ».

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