A Billy-Berclau/Douvrin dans le Pas-de-Calais, la « gigafactory » d’Automotive Cells Company (ACC) devrait produire de premières batteries destinées à équiper des véhicules automobiles électriques d’ici la fin de l’année 2023, selon des annonces faites lors d’une inauguration du site en juin. ACC, joint-venture entre Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies, avance sur la réalisation de deux autres « gigafactories », l’une à Kaiserslautern (Allemagne) serait opérationnelle à partir de 2025 et l’autre à Termoli (Italie) en 2026.
« Dunkerque est le point d’entrée clé pour un tiers de nos flux », a précisé Olivier Talabard, directeur supply-chain, lors d’une table-ronde du Norlink Day 2023.
« Nous regardons la barge et le ferroviaire, éventuellement Seine-Nord, a ajouté ce responsable. Mais il n’y a ni quai ni dock à Billy-Berclau/Douvrin. Quel serait l’investissement nécessaire ? Nous avons discuté avec de nombreux interlocuteurs, VNF, la région, d’autres entreprises… Mais nous n’avons pas trouvé de solutions. Pour nous, créer une logistique « verte » passe après toutes les étapes du projet d’installation de l’usine, les travaux, le lancement de la production ».
Une position étonnante vu les déclarations des différents dirigeants du joint-venture lors de l’inauguration de la première unité de production de Billy-Berclau début juin qui ont tous prôné une « contribution à la transition écologique des transports, à la transformation du paysage énergétique européen et à l'émergence d'une économie plus durable ». Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de ces ambitions en faisant une priorité de la « décarbonation » des transports et à la logistique pour les approvisionnements, réceptions et expéditions des usines en elles-mêmes ?
Le rail n’est pas davantage apprécié par Olivier Talabard : « Les ITE, les lignes, les rails ont cessé d’être utilisés. Pour tout remettre en marche, c’est du temps et de l’argent. Il faudrait que la présence d’infrastructure précède l’implantation d’industrie ».
A l’arrivée, l’option retenue est routière avec des poids lourds électriques, « jusqu’à 150 » entre Dunkerque et Billy-Berclau.
Investissements et subventions. Le projet ACC à Billy-Berclau/Douvrin représente un investissement de 850 millions d’euros et bénéficie d’une subvention de 121 millions d’euros des régions Hauts-de-France et Nouvelle-Aquitaine, du parc industriel Artois-Flandres et des communautés d’agglomérations de Béthune-Bruay (CABBALR) et de Lens-Liévin (CALL). Le soutien de l’Etat français atteint 690 millions et se répartit en partie sur Billy-Berclau mais aussi sur le centre de R&D de Bordeaux et l’usine test de Nersac.
Autre témoignage
Le choix du lieu d’implantation, une démarche en amont, une volonté forte demeurent ainsi essentiels pour utiliser le fluvial et le ferroviaire. C’est ce que montre un autre témoignage, celui de Thomas Delgado, du groupe Galloo, entreprise fondée en Belgique (12 sites), spécialisée dans la collecte et le recyclage de métaux, également grossiste, désormais très présente en France (26 sites).
« On transporte beaucoup par la voie d’eau que nous privilégions aussi pour nos implantations. Nous avons investi il y a 7 ou 8 ans dans deux barges de 90 mètres avec lesquelles nous avons transporté 250 000 tonnes en 2022. Nous allons à Gand d’où nous exportons », explique ce responsable.
Pour lui, « Seine-Nord est primordial pour notre développement vers l’Ile-de-France, sachant que l’approvisionnement s’étend entre 100 et 200 km autour de nos sites ».
