La notion d’axe portuaire et logistique va-t-elle se décliner bientôt dans le Grand Est alors qu’elle existe déjà dans le Nord ou du côté de Rhône-Saône-Méditerranée ou de la Seine ? Quelle forme pourrait-elle prendre dans cette autre grande région au caractère transfrontalier et où les transports et la logistique jouent un rôle prépondérant ? Quelle en serait l’opportunité, quelle en serait la gouvernance ?
La mise en place d’une telle structuration dans les autres axes a montré que chacun a ses spécificités et particularités, ses forces et faiblesses, ses défis…le modèle de l’un ou l’autre ne peut pas être exactement décliné ailleurs.
Mission de préfiguration. En tout cas, une mission de préfiguration a été confiée à la préfète de la région Grand Est « pour vérifier l’opportunité de la structuration d’un axe portuaire et logistique et définir les modalités de gouvernance permettant de mettre en œuvre la feuille de route esquissée lors de la conférence régionale de la logistique ». C’est en effet dans le cadre de celle-ci, lors des échanges entre les participants publics et privés, qu’a émergé la question de la structuration d’un nouvel axe portuaire et logistique, qui pourrait s'ajouter à ceux déjà existants dans le Nord de la France, du côté de Rhône-Saône-Méditerranée et de la Seine.
Une mesure du Cilog. La tenue de conférence de la logistique dans chacune des régions françaises est l’une des mesures du comité interministériel de la logistique (Cilog) d’octobre 2021. Plusieurs d’entre elles ont été organisées en 2022 et en 2023 sous l’égide des préfectures, au nom de l'Etat.
Le dernier Cilog qui a eu lieu le 23 décembre 2023 en a dressé un bilan, mettant en avant le travail mené dans le Grand Est, « où la région a pu s’appuyer sur un observatoire régional dédié très vivant », et avancer sur une structuration d’axe, qui pourrait associer les acteurs publics et privés, « à l’instar des axes Seine, Rhône-Saône-Méditerranée et Nord ».
De nombreux ports. Le Grand Est se présente souvent comme la deuxième région fluviale en France, après l’Ile-de-France, et compte un important réseau de voies navigables à grand gabarit relié aux ports maritimes du Nord : le Rhin et la Moselle permettent des liaisons fluviales notamment vers Anvers-Bruges et Rotterdam. La Seine est aussi présente dans le Grand Est (du côté de Nogent-sur-Seine) et permet des liaisons fluviales avec l’Ile-de-France et la Normandie jusqu'à Rouen et Le Havre. Sans oublier les nombreux canaux et autres liaisons interbassins ainsi que la Meuse.
La région comprend de nombreuses infrastructures portuaires : le port autonome de Strasbourg, les ports de Mulhouse-Sud Alsace (Ottmarsheim, Huningue, Ile Napoléon), le port rhénan de Colmar-Neuf Brisach, les Ports Lorrains (9 ports publics soit Toul, Nancy-Frouard, Maxéville, Belleville, Metz-Mazerolle, Nouveau Port de Metz, Thionville-Illange, Koenigsmacker, Cattenom), le port de Givet.
Poursuivre les CRLOG. Lors du Cilog 2023, une « actualisation des instructions aux préfets portant sur l’organisation des conférences régionales de la logistique », désignées sous le sigle CRLOG, a été annoncée. Il s’agit de « préciser les actions de suivi pouvant être mises en place » suite aux échanges « pour capitaliser sur les résultats obtenus lors de la première série des réunions : mise en réseau des porteurs, organisation des retours d’expériences, échange de bonnes pratiques ».
Les régions « les plus avancées seront encouragées et accompagnées en vue de structurer leur démarche sous forme d’une feuille de route précisant les actions collectives prioritaires à mener en fonction des spécificités de chaque territoire ».
Un axe de travail supplémentaire va être ajoutée autour du foncier industriel et logistique en lien avec des besoins pour la réindustrialisation souhaitée du pays.
Focus sur Rhône-Saône-Méditerranée. Le Cilog 2023 a aussi abordé le sujet du développement de l’axe Rhône-Saône-Méditerranée, en lien avec le projet du Président de la République d’un corridor logistique de Marseille à Lyon et jusqu’à la Saône.
Il a été indiqué « l’ambition stratégique du développement de l’axe consistant à mettre en place un projet d’aménagement global du corridor :
- afin rendre plus efficace la fluidité du passage des marchandises vers les hinterlands proches (Lyon) et lointain (Italie, Suisse, Allemagne) ;
- avec un cluster industriel et logistique décarboné offrant des conditions d’implantation et de fonctionnement optimales le long de l’axe Rhône-Saône ».
Il a été rappelé le travail confié à la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, également présidente du conseil de coordination interportuaire et logistique de l’axe Rhône-Saône-Méditerranée, « en vue de réduire le surcoût des frais de manutention pour le fluvial par rapport au ferroviaire et à la route à Marseille en améliorant la fluidité du passage portuaire ».