Lafarge France constitue un acteur important du transport fluvial sur l’axe Seine avec une flotte, en propre, de 7 pousseurs (trois de ligne et quatre de manœuvre) et de 56 barges pour une capacité globale de 80 000 tonnes. L’entretien en est assuré dans son chantier naval situé à Nanterre.
Chaque année, ce sont environ 3 millions de tonnes qui sont transportées par la voie fluviale (granulats, déblais de chantiers, terres excavées, ciments en vrac…), faisant de ce groupe, l’un des leaders des matériaux de construction, l’un des premiers utilisateurs de la voie d’eau en France.
Depuis le début 2020, du gas to liquid (GTL) est utilisé à bord du pousseur Le Marsouin naviguant sur le bief de Paris en poussant des barges de 2500 tonnes, premier pas de Lafarge vers le « verdissement » de sa flotte en utilisant un carburant de transition. Sur une année, ce pousseur transporte ainsi environ 365 000 tonnes de marchandises sur la Seine, que ce soit pour approvisionner les sites de production Lafarge (centrales à béton) ou évacuer les déblais de chantier et terres excavées.
Aujourd’hui, c’est à partir de ce pousseur que ce groupe a annoncé vouloir aller plus loin sur la voie de la transition énergétique et de la réduction de ses émissions de CO2 pour ses activités de transport fluvial.
Le Marsouin au chantier à l’automne
Le cimentier a indiqué que « le pousseur Marsouin va se retrouver en cale sèche à l’automne 2023 pour remplacer son système de motorisation par un système hybride thermique/électrique rechargeable lui permettant de convoyer les barges en électrique- soit plus de 80 % du temps de navigation- entraînant également la modification de l’appareil propulsif (hélice) ou encore de la coque ».
Lafarge précise encore :
- « La motorisation sera 100 % électrique, avec une électricité provenant soit des batteries soit des deux groupes électrogènes embarqués (dernière génération stage 5). On estime que 80 % de l’électricité consommée par le bloc propulseur proviendra des batteries ».
- « Les batteries vont être installées directement à bord grâce à l’aménagement de la cale : suppression de la cuve à carburant (8 m3) et installation des batteries dans ce compartiment qui va être transformé pour les accueillir ».
La conversion de ce pousseur de manœuvre voit aussi plus loin en prévoyant dès maintenant une conception du rétrofit de façon à faciliter l’utilisation de nouvelles énergies, y compris l’hydrogène.
Le Marsouin « ainsi électrifié devrait reprendre du service en juin 2024 ». Le rétrofit doit permettre une réduction de -40 % de CO2 et de -70 % des Nox et des particules fines.
L’investissement pour cette transformation du Marsouin atteint 3,2 millions d’euros avec des soutiens de Voies navigables de France, l’Ademe et Haropa.
Un projet de pousseur neuf
Au-delà du rétrofit du Marsouin, la transformation de la flotte va concerner les autres pousseurs de Lafarge avec un calendrier s’étalant jusqu’en 2030, la volonté étant même de « remplacer certains bateaux vieillissants ».
Un pousseur de ligne à propulsion hybride, reliant tous les jours Le Havre à Paris, est ainsi à l’étude.
« Nous en sommes au stade de l’avant-projet définitif et nous attendons un chiffrage pour la fin de l’année de la part des grands chantiers capables de réaliser ce bateau. Pour cette raison, il n’est pas possible de donner de montant précis d’investissement. Idéalement, nous espérons une livraison pour la fin 2025 », précise Lafarge.
L’objectif avec cette construction neuve est ici aussi de prévoir une conception qui rende possible des évolutions aisées vers d’autres énergies dont l’hydrogène « dans une phase ultérieure ».
Ses décisions pour sa flotte de pousseurs s’inscrivent pour Lafarge dans une transition énergétique globale des modes de transports utilisés avec, par exemple, des camions au GNV, au biocarburant, voire à l’élctricité. Le groupe utilise également le ferroviaire.
Lafarge France vise une réduction de -20 % de ses émissions de CO2 liées au transport d’ici 2030.