Bordeaux Métropole a lancé en 2021 sa « mission Fleuve » pour fédérer et accompagner les projets des collectivités reliées par la voie d’eau. Sans limite géographique et face aux nouveaux défis, cette coopération tente « plus d’intelligence collective ». Études, expérimentations et festival : la feuille de route est longue et éclectique.
« La mission Fleuve est née, en 2021, de la volonté d’innover dans la façon de mener une politique publique. Son but est de créer un espace de transversalité et de communs, autour de tous les projets relatifs au fleuve », rapporte Jean Touzeau, maire de Lormont, vice-président de Bordeaux-Métropole et chargé de la valorisation du fleuve, des franchissements et du rééquilibrage de la rive droite.
Pour son nouveau mandat au sein de Bordeaux Métropole, sa délégation porte cette instance de coopération territoriale : la mission Fleuve dirigée par François Le Gac. Parmi les dernières actions réalisées en son sein, en octobre 2022, la mission Fleuve a réalisé les trois tests de sites d’implantation de logistique urbaine pour la métropole et, en février 2023, elle organise des rencontres sur la relance du transport fluvial sur le canal de Garonne.
Regrouper acteurs privés et publics
Concrètement, la mission Fleuve permet de regrouper des acteurs privés et publics œuvrant sur la voie d’eau dans les différents domaines de la mobilité, de l’environnement, de l’aménagement des territoires, de la culture, du sport.
Géographiquement, elle inclut les territoires intra- et extra-métropolitains, bordant la Dordogne, l’estuaire, la Garonne, jusqu’au canal de Garonne. Elle réunit le Grand port maritime de Bordeaux (GPMB), VNF, Bordeaux Métropole, le Lot-et-Garonne, les communes et les intercommunalités environnantes mouillées par le réseau fluvial.
Elle se réunit autour des « Jeudis du fleuve », du conseil des communes du fleuve ou de rencontres spécifiques et thématiques.
« Nous avons souhaité mettre de l’intelligence dans les politiques publiques qui ont l’habitude de travailler en silo avec une grande parcellisation des acteurs », indique Jean Touzeau. La mission Fleuve permet ainsi d’innover sur des grands et des « petits » projets financés par des services différents.
Coopération, expérimentation, innovation
La mission du Fleuve s’appuie sur trois piliers :
- Le premier permet une coopération et une coordination de tous les projets relatifs au fleuve.
- Le deuxième s’appuie sur de l’expérimentation et des études.
- Le troisième consiste à valoriser les projets sur le fleuve, lancer des communications auprès des habitants et engager du dialogue.
« Nous allons décliner collectivement le nouveau schéma d’aménagement du fleuve à Bordeaux, réfléchir à comment occuper les espaces du futur pont Simone Veil, accompagner les acteurs sur la relance du fret fluvial sur Damazan, prévenir les inondations ou étudier comment aménager des quais, rénover des ouvrages hydrauliques tout en conservant la faune et la flore à Villenave-d’Ornon », détaille l’élu girondin.
« Nous avons aussi imaginé étudier les nouvelles façons d’habiter sur l’eau », souffle le directeur, pour illustrer des enjeux sociaux et environnementaux.
Renouer avec le fleuve
La force de la mission Fleuve est d’engager les territoires à se « réapproprier les voies d’eau ».
« Quand on regarde le siècle passé, le rayonnement du fleuve était naturel. Les anciens allaient sur le fleuve pour tout y faire : des activités sportives, de loisir, du déplacement, du transport. Ils en avaient une connaissance fine. Nous nous en sommes éloignés puis avons installé du tourisme. Il ne s’agit pas de refaire la même chose mais de recréer une politique forte et de refaire de la Garonne un espace de reconquête. Pourquoi pas, aussi, repenser la nature juridique de la Garonne ? », questionne Jean Touzeau.
Pour lui, cet engagement est le signe d’une politique sociale et environnementale : « Nous devons retrouver cette connaissance et ce lien au fleuve, et proposer une série de réponses adaptées aux nouveaux défis environnementaux ». Si la mission Fleuve s’est engagée à prendre en compte toutes les questions relatives au fleuve, « c’est d’abord pour davantage de cohérence ».
Récemment, une journée séminaire sur le fleuve a permis d’engager tous les territoires autour d’une vision commune. « Il y avait 64 participants et tous sont repartis avec le désir de communiquer autour d’eux ».
Fin mars, la mission va animer une table ronde lors du festival international du documentaire maritime de Bordeaux. « Nous pouvons même envisager une pratique joyeuse et festive du fleuve », conclut Jean Touzeau.