Comme de nombreuses autres collectivités territoriales de l’Union européenne, la région de Bruxelles-Capitale entend atteindre la neutralité climatique en 2050 et améliorer sensiblement la qualité de l'air pour ses habitants avec de premières améliorations en 2030.
Une vision globale de l'économie
Pour cette région, l’atteinte de la neutralité carbone n’est pas seulement un objectif futuriste mais se traduit par une vision globale qui concerne l’économie dans son ensemble et ses acteurs. Il s’agit de favoriser « la mise en place d’une économie neutre en carbone d’ici à 2050, qui soit également circulaire, régénératrice et résiliente, répondant aux besoins de la ville et de ses habitants ».
Pour cela, une stratégie nommée « Shifting Economy » a été lancée en mars 2022 et « vise à faire en sorte que tous les instruments économiques de la région soient réorientés dans cette optique, en encourageant tous les acteurs économiques de Bruxelles à y contribuer ».
Un plan d’action de la Shifting Economy « montre que le secteur de la logistique joue un rôle clé dans cette stratégie :
-Un écosystème logistique intelligent peut assurer un transport et un stockage durables des marchandises dans le tissu urbain.
-Cela signifie que la multimodalité et la connexion entre les acteurs de la logistique sont cruciales, de même que la nécessité de réserver un espace suffisant dans la région pour permettre au secteur de la logistique de se développer ».
Un « Green Deal pour la logistique urbaine » est l’une des actions de la Shifting Economy, et vient d’être officiellement lancé avec la signature le 19 avril 2023 d’une convention par une cinquantaine d’acteurs publics et privés qui sont désignés comme des « pionniers » dont l’engagement va « inspirer l’ensemble des acteurs économiques de la région ».
Qu’est-ce que le « Green Deal pour la logistique urbaine » ?
C’est une convention qui est une déclaration d'engagement entre la région de Bruxelles-Capitale et une coalition de cinquante organisations bruxelloises volontaires. Celles-ci sont toutes actives dans le transport de marchandises et souhaitent jouer un rôle dans la mise en œuvre des objectifs politiques de la transition vers une mobilité durable en plus de leurs propres engagements.
C’est une accélération de la transition vers une logistique urbaine basses émissions dans la région Bruxelles Capitale « en créant une communauté de pionniers désireux de s’engager, d’échanger et de coopérer pour atteindre cet objectif commun ».
Ce sont trois objectifs « concrets » :
- Inspirer à travers l’échange de bonnes pratiques pour réduire les km parcourus en camionnette et camion, reporter vers l’eau, le rail et le vélo, ainsi que remplacer par des véhicules zéro émissions directes.
- Soutenir à travers un accompagnement personnalisé, une mise en réseau, et dans certains cas, un soutien financier.
- Valoriser les succès et avancées vers une logistique à basses émissions.
Quels sont les engagements en signant la convention ?
En signant la convention, les parties prenantes :
- S’engagent à mettre en place au moins une action parmi toutes celles détaillées dans le texte pour accélérer la transition vers une logistique urbaine basses émissions
- S’engagent à faire figure de pionnières en matière de logistique urbaine basses émissions dans la région Bruxelles Capitale. Leurs connaissances, leur expérience et leur/s réseau/x font d’elles un point de contact pour d’autres acteurs qui souhaiteraient contribuer à l’objectif du Green Deal. Elles encouragent les tiers à participer. Ce sont ainsi des sortes d’ambassadeurs d’une logistique urbaine durable.
- Conviennent que la coopération (mutuelle) ainsi que le développement et le partage des connaissances et des expériences accéléreront la transition vers une logistique urbaine efficace et basses émissions.
- Acceptent de partager autant que possible leurs connaissances et expériences les unes avec les autres, et en coordination ainsi que l’état d’avancement de leur(s) action(s) pour la réalisation d’un suivi annuel qui fera l’objet d’un rapport.
Quels signataires aujourd’hui et ceux recherchés ?
Les signataires peuvent être actifs dans des secteurs d’activités variés (vente au détail, alimentation, construction, e-commerce, etc.), qu’ils soient transporteurs, fournisseurs ou receveurs de marchandises transportées dans le territoire de la Région.
Certains signataires peuvent avoir un rôle de « facilitateur » dans la transition, par exemple en formant ou en mettant en relation des acteurs de la logistique urbaine (communes, fédérations d'entreprises, consultants, fournisseurs de solution IT, etc.).
Parmi les entreprises ayant signé : AB Inbev Belgische, Kamer van Verhuizers, BePark, Bilmo, Bpost, Cabas nCargo Velo & Dioxide de Gambettes, City Depot, Clem, Colruyt Group , Coventuris, De Munt /Théatre La Monnaie, Delhaize Le Lion/De Leeuw SA, Embuildj, Eurovia, Febetra, FrigoLoco, GLS , Green Wheels, Groupe One, Holcim, IKEA Belgium, L’Empoteuse, Linked Farm, Lucien, MeltingPom’, Metabolism, Monkey Donkey, PharmaBelgium, Belmedis, POLIS, Proximus, Ready Beton, Recyclo, ROUF-CEJ asbl, Shipit, ShoeShine And More , Stad Brussel, Ville de Bruxelles, Terroirist, Tri-Vizoe NV, Urbeez, Urbike, Van Moer Group, Veolia, VPD Logistics, Ziegler.
Quatre catégories d’actions et des mesures variées
La convention détaille quatre catégories d’actions, « les 4 A » :
- « Awareness » : faire prendre conscience à tous les acteurs de la logistique urbaine des impacts du transport et de la nécessité de modifier leurs pratiques pour réduire les émissions.
- « Avoidance » : réduction de la demande de transport en optimisant les volumes et les itinéraires de livraison, réduisant ainsi le trafic de véhicules lourds.
- « Act and shift » : effectuer une transition vers d’autres modes de transport tels que le transport fluvial, le transport ferroviaire et les vélos-cargos.
- « Anticipation of new technologies » : remplacement de la motorisation des véhicules par des systèmes zéro émission directe.
Chacune de ces quatre catégories d’actions précise des mesures possibles dans lesquelles les signataires de la convention peuvent piocher pour concrétiser leur engagement comme : « s’approvisionner par la voie d'eau, utiliser le train, électrification de camions et camionnettes, cyclo-logistique, logistique inversée (déchets)… ».
Les mesures apparaissent ainsi très diverses, visant à réduire les kilomètres parcourus (en optimisant les livraisons, le remplissement des véhicules ou en relocalisant l’économie), à favoriser l’engagement dans les modes de transport alternatifs à la route (voie d’eau, rail, vélo-cargo, etc.), l’utilisation accrue de véhicules « sans émissions directes »...
Pour soutenir les actions des partenaires privés, qui s’engagent à entreprendre des mesures plus ambitieuses que la législation en vigueur, les acteurs publics vont mettre en place des mesures de soutien financier, technique et organiser des moments de partage d’information et de sensibilisation.
Un incubateur de projet va être également mis sur pied et permettra de financer des projets pilotes ambitieux visant à « décarboner » la logistique.
La convention prévoit également :
- un calendrier répartit en trois périodes : 2023 à 2025, 2025 à 2027, 2028 à 2030 avec à chaque fois une progression dans les actions.
- une gouvernance avec un secrétariat (hébergé au sein du département Mobilité durable de Bruxelles Environnement dont le site Internet accueille les informations et les contacts) et un comité de pilotage composé à 50/50 de représentants de divers services publics (dont le Port de Bruxelles) et des parties prenantes privées.
Chiffres clés
A l’occasion de la signature de la convention entre les premiers partenaires, la région Bruxelles Capitale a présenté plusieurs chiffres clés sur le transport de marchandises en ville, les enjeux.
A Bruxelles :
- Ce sont plus de 16 000 camions et 30 000 camionnettes qui circulent pour acheminer des marchandises, chaque jour du lundi au vendredi.
- 9 camionnettes sur 10 et la quasi-totalité des camions roulent au diesel.
- En 2020, le transport de marchandises (camionnettes et camions en circulation) représentait seulement 17 % de l’ensemble des kilomètres parcourus. Parmi l’ensemble des véhicules en circulation, le secteur des transports était pourtant responsable de : 41 % des émissions d’oxides d’azote (NOx), 30 % des émissions de particules fines (PM2,5), 29 % des émissions de CO2.
« Ces flux de transport sont indispensables au bon fonctionnement de la région » qui estime que chaque habitant génère environ 40 tonnes de marchandise transportées par an. « Mais ils sont aussi à l’origine de nombreuses nuisances : pollution de l’air, émissions de gaz à effets de serre, congestion, problèmes liés à la sécurité routière, bruit, etc. ».
Selon la région, le secteur des transports fait également face à de nombreuses transformations, à Bruxelles : de nouvelles technologies apparaissent, les modes de livraisons évoluent et de nombreux défis économiques, environnementaux et sociaux doivent être relevés. « Plus que jamais, rendre la logistique urbaine plus durable est donc un véritable enjeu, dans la capitale ».
La région rappelle qu’elle a introduit une zone de basses émissions (LEZ), dont les critères d’accès sont fixés jusqu’en 2036. Son calendrier vise à l’élimination progressive des véhicules les plus polluants :
- D’ici à 2035, les voitures et les camionnettes à moteur thermique ne seront plus autorisées à rouler dans la LEZ.
- Pour les camions (>3,5 tonnes), les technologies les plus anciennes seront progressivement abandonnées à partir de 2025.
- Si les camions « conventionnels » seront encore autorisés en 2035 (avec la norme d’émission « EURO VI », en vigueur depuis septembre 2020), la région veut également encourager la transition vers des motorisations zéro émission directe pour ces véhicules.