Au premier semestre 2022, les performances du transport de marchandises sur les voies navigables européennes ont diminué de -2,8 % par rapport au premier semestre 2021, indique le dernier rapport « Aperçu du marché » publié par la Commission centrale pour la navigation du Rhin au cours du mois d’avril 2023.
« Les conséquences économiques de la guerre d'agression russe contre l'Ukraine sont la principale raison de cette baisse. Cette guerre a entraîné une augmentation des prix dans le secteur de l'énergie ainsi que des pénuries et des augmentations des coûts des facteurs de production industriels », continue la synthèse du rapport.
Des différences entre le Rhin et le Danube pour le fret
Au premier semestre 2022, le transport de marchandises sur le Rhin traditionnel s'est élevé à 84,7 millions de tonnes, ce qui représente -1,7 % par rapport à la même période en 2021, indique le document.
Sur le Rhin, la seule catégorie de marchandises en progression en volume est celle du transport de charbon (+26 %) qui remplace le gaz (russe) dans le secteur de l'énergie pour la production d’électricité dans certaines centrales européennes notamment en Allemagne. Cette tendance existait déjà en 2021 (voir article de NPI) constituant un renversement de tendance.
Sur le Danube inférieur, c’est le transport fluvial de céréales pour lequel une croissance est observée. Cette partie du fleuve « a servi d’itinéraire alternatif pour les exportations de céréales ukrainiennes. La navigation intérieure a ainsi contribué à compenser le blocage des ports maritimes ukrainiens ».
A l’inverse, le transport de céréales de la région du Danube moyen vers les ports de la mer Noire a diminué car « les pays situés sur cette partie du fleuve ont imposé des contrôles à l'exportation sur les céréales et les denrées alimentaires ».
Une reprise des croisières fluviales
Le premier semestre 2022 marque également la reprise pour le transport fluvial de voyageurs, « qui retrouve ses niveaux d'avant la pandémie, après les pertes d’activité en 2020 et 2021 ».
Sur le Rhin, au premier semestre 2022, 1089 bateaux de croisière ont franchi l'écluse d'Iffezheim, à comparer à 1078 en 2019 et 55 en 2020.
Du côté des conditions d’exploitation
« Les prix des carburants en navigation intérieure ont grosso modo doublé entre mi-2021 et mi-2022, atteignant leur plus haut niveau depuis l’année 2006 », relève le rapport. L’explication se trouve là aussi « du côté de la hausse des prix de l'énergie (notamment du pétrole brut), provoquée par la guerre en Ukraine ». Le graphique montre que le prix du carburant dans le fluvial apparaît légèrement au-dessus des 100 euros pour 100 litres.
En s’appuyant sur une prévision du FMI, la CCNR évoque « une légère baisse des prix du pétrole en 2023 et 2024 ce qui impliquerait que les coûts du carburant s'établiraient dans une fourchette comprise entre 80 et 100 euros pour 100 litres en 2023 et 2024 ». Mais tout dépend « de l'évolution géopolitique, des escalades et désescalades du conflit entre la Russie et l’Ukraine ».
Autre augmentation : celle des taux de fret au premier semestre 2022 « plus prononcée pour le vrac sec, en lien avec l’essor des besoins de transport de charbon, que pour le vrac liquide ». Cette tendance est aussi liée au début d'une période d'étiage sur le Rhin qui a atteint son point le plus bas à la fin de l'été 2022 au cours du troisième trimestre.
Un chapitre de ce rapport de la CCNR propose une analyse de la navigation intérieure en Italie aussi bien pour le fret que pour les passagers/touristes, sur lequel NPI revient dans un autre article.
