A l’occasion de la publication de son nouveau rapport RSE, le groupe Heppner a détaillé la manière dont il travaille à la transition énergétique de ses activités de transport, et précisé comment il prévoit d’aller plus loin à l’avenir, notamment en se dotant d’une feuille de route sur l’intermodalité.
Le groupe Heppner vient de publier son troisième rapport RSE dont l’un des trois axes est consacré à la transition énergétique et écologique ou la « décarbonation » de ses activités de transport ainsi que de celles de ses sous-traitants.Les deux autres axes sont « l’accompagnement des collaborateurs » (diversité, handicap, égalité homme/femme, formation, mobilité interne, gestion des compétences, attractivité des métiers…) et « la contribution à une société plus durable » (un volet financier et éthique avec les fournisseurs, des achats responsables, des engagements solidaires auprès de causes comme « la magie à l’hôpital » ou d’Emmaus pour des jouets à Noël, des transports gracieux pour les banques alimentaires…).Lors d’une conférence de presse le 2 juin 2022, trois responsables du groupe, Cédric Frachet (directeur général des opérations), Noémie Feldbauer, (directrice de la transition énergétique), Antoine Guichard (responsable RSE) ont précisé la manière dont Heppner travaille déjà à la transition énergétique de ses activités, et comment aller plus loin à l’avenir, notamment en se dotant d’une feuille de route sur l’intermodalité.
Le choix du GNV
Si l’on se concentre plus particulièrement sur la « décarbonation » de ses activités transport, depuis 2010, Heppner est l’un des adhérents de la charte objectif CO2 de l’Ademe, depuis 2018 du programme EVE.Avec les années, le groupe s’est doté d’instruments de mesure des conséquences de ses activités sur l’environnement. Le plus récent est le logiciel « EcoTransit », qui permet « un calcul intégral des chaînes de transport (calcul de consommation d’énergie, des émissions de GES, des agents de pollution de l’air). Conforme aux normes actuelles, cette solution sera mise à disposition des clients du groupe au premier semestre 2022 et permettra de valoriser les flottes alternatives moins émettrices que le groupe déploie ».En plus de l’éco-conduite à laquelle sont formés les conducteurs, Heppner a commencé à investir, et continue à le faire, dans une évolution de sa flotte propre vers le GNV. Le montant total s’élève à 15 millions d’euros avec l’objectif de parvenir en 2025 à un pourcentage de 50 % de véhicules au GNV (soit la moitié d’un total de 270 véhicules constituant la flotte propre). En 2021, 71 poids-lourds de nouvelle génération utilisent du GNV, soit 28 % de la flotte propre et 21 agences sont concernées en France. Ce sont 77 tournées quotidiennes (soit 4,5 % du total de 800) « qui se font en faible émission ». Cela représente une économie de 270 tonnes de CO2 par an. Entre 2018 et 2021, les émissions liées à la flotte ont été diminuées de 6 % et l'objectif est de parvenir à -20 % à l’horizon 2025.Après un an de retour d’expérience, la solution GNV est « probante » : une sécurité maintenue des conducteurs et des véhicules, des conditions de travail améliorées (moins de bruit et d’odeur pour les chauffeurs).L’accueil chez les clients, pour lesquels Heppner organise des tournées spécifiques, apparaît aussi positif. Mais ceux-ci n’acceptent pas pour autant de participer à l’effort financier nécessaire pour faire évoluer les véhicules, ont précisé les trois responsables lors de la conférence de presse. « Il y a la réalité économique de chacun. De notre côté, c’est un engagement volontaire vers une solution de transition avec le GNV ».
Accompagner les sous-traitants
Les sous-traitants pour les opérations de transport représentent une part de 60 % du total soit environ 800 véhicules (hors affrètement), aussi Heppner cherche à les accompagner dans la transition de leur flotte afin de leur permettre, eux aussi, d’aller vers des véhicules à faible émission.Pour les trois responsables : « Le principal frein à la transformation des véhicules est le financement ». Ceux qui peuvent et décident de sauter le pas, peuvent bénéficier d’un « pacte de transition énergétique » avec Heppner. Conclu entre le groupe et les sous-traitants y adhérant, il s’agit d’un partenariat de 5 ans (minimum) qui permet d’accompagner les TPE et PME du secteur du transport dans la conversion de leur flotte grâce à des tarifs négociés pour l’achat, la location de véhicules GNV neufs auprès d’une marque ou pour l’avitaillement en stations publiques ou privées auprès des fournisseurs de gaz, l’appui de leur dossier de financement auprès de 2 banques partenaires, la garantie d’une coopération avec Heppner pour la durée du partenariat.Au niveau du groupe, une veille a été mise en place sur l’évolution de la réglementation à proximité de chacune des agences ainsi que sur les aides et subventions disponibles localement. Un outil de simulation des coûts et bénéfices a été développé pour que les agences locales puissent accompagner leurs sous-traitants dans leur projet d’investissement.
Présent sur la cyclo-logistique
Parmi les axes de travail pour l’avenir, les trois responsables ont indiqué la volonté du groupe « d’établir une feuille de route pour développer l’intermodalité. Nous n’avons pas encore d’objectif précis mais c’est pour nous une piste pour continuer à diminuer notre empreinte carbone ».L’intermodalité pour Heppner (voir article de NPI), c’est environ 18 000 tonnes par an, bien moins de 1 % du total. Le groupe parvient toutefois déjà à intégrer dans certaines offres des solutions multimodales, « si le client le demande ». L’exemple d’une solution rail-route en Bretagne a été évoqué.Pour Heppner, par « intermodalité », il s’agit de développer des solutions de trains sur des liaisons continentales, de barges sur des liaisons pertinentes. « Tout cela est en réflexion ». Il s’agit d’aller aussi vers des pré- et post-acheminements à faible émission. Concernant le maritime et l’aérien, « nous sommes un petit-faiseur », mais « nous sommes en veille sur les évolutions afin d’informer nos salariés et d’être prêt si besoin ». Par « intermodalité », il faut aussi comprendre la dimension cyclo-logistique sur laquelle le groupe travaille avec des partenaires, et est présent dans une douzaine de villes en France. « Avec un matériel adapté, cela permet un emport d’une centaine de kilos. Cela marche bien et les clients sont satisfaits. Cela modifie toutefois la manière de faire les tournées, de livrer, de distribuer. Cela nécessite une organisation, etc. et concerne les « petits » colis ».Pour le groupe, il s’agit d’anticiper également les mesures de type ZFE qui dans de nombreuses métropoles ou agglomérations vont limiter l’accès des centres urbains à des véhicules trop encombrants ou polluants.Interrogés sur l’utilisation d’autres carburants alternatifs que le GNV, les responsables ont fait part d’un test à Lille en cours et « positif » de XTL, d’un partenariat pour un test d’un véhicule électrique à Paris-La Courneuve, le défi étant ici le chargement/rechargement à terre.Pour le B100, la plupart de véhicules Euro6 d’Heppner, d’une certaine marque, ne peuvent l’accepter et ne peuvent être rétrofités, et ceux qui pourraient l’être sont répartis de manière très peu homogène dans les agences, le tout complique la situation.L’hydrogène ne présente pas d’intérêt pour le moment, les tournées étant trop courtes en nombre de kilomètres mais une veille est effectuée pour « ne pas rater le coche » à l’avenir si les choses changent.Pour les trois responsables : « Nous n’oublions pas le bio-GNV mais avec lui, il y a un surcoût à prendre en compte. Nous pensons que l’indexation du bio-GNV est une aberration et espérons qu’à terme, elle soit supprimée. Nous sommes aussi convaincu que la meilleure réponse est un mix énergétique avec un panel de carburants alternatifs pour réduire la prise de risque économique et répondre aux besoins différents selon les types de véhicules, les tournées ».