« Concernant les infrastructures, les années 2022 et 2023 marquent des avancements importants pour plusieurs chantiers, levant des blocages historiques sur le réseau », a précisé Dominique Simon, responsable de département au SPW mobilité et infrastructures, intervenant au nom du directeur général Etienne Willame lors de la journée du transport fluvial et de l'intermodalité en Wallonie le 7 juin 2023.
De nombreux chantiers finalisés ou bientôt achevés
Les travaux pour transformer la traversée de Tournai constitue l’un des chantiers emblématiques, rendant désormais possible la navigation des bateaux de 110 mètres par 11,40 mètres avec des chargements jusqu’à 3000 tonnes soit le gabarit européen de classe Va et non plus de classe IV et 1500 tonnes. « Les capacités en tonnage sur le réseau de l’Escaut sont ainsi doublées. C’est un chantier, avec le pont des Trous, dont on parlait depuis plus de 20 ans et on ne voyait alors pas comment on pouvait aboutir. Il y avait des aspects patrimoniaux, urbains, techniques. Il y a même eu l’idée d’un contournement total de la ville ».
La mise à grand gabarit (Vb) de la Lys dans sa partie en Wallonie est terminée depuis septembre 2022, sachant que c’est là aussi un « dossier ancien datant de 1985 pour les premiers projets ». C’est en 2018 qu’une convention-cadre internationale pour le recalibrage de la Lys est signée entre les maîtres d’ouvrage concernés, français, wallon et flamand. En Wallonie, les travaux ont concerné notamment la traversée de Comines. La section wallonne de la Lys, la plus courte, est la première dont les travaux sont menés à bien. Les travaux côté français et flamand se poursuivent.
La remise en navigation du canal Condé-Pommeroeul à l’automne 2023 est un autre chantier de longue date, la fermeture à la navigation datant de 1992. Les travaux ont fait l’objet d’interventions spécifiques lors de la journée du SPW à Mons (voir article de NPI).
L’écluse d’Auvelais avec son approfondissement va permettre d’ici la fin 2023 la navigation sur toute la basse Sambre à 2,80 mètres. « C’est un gain de compétitivité appréciable » pour la voie d’eau dans un contexte de concurrence entre tous les modes.
Le bassin de la Meuse achève sa transformation entamée il y a plus de 15 ans avec l’écluse de Lanaye, puis celle d’Ivoz-Ramet. L’écluse d’Ampsin-Neuville est la dernière de la série de trois en chantier et sera opérationnelle à la fin 2023. « Avec ce programme réalisé, c’est l’ensemble de la Meuse de la confluence à Namur jusqu’au Pays-Bas qui sera au gabarit de classe VI ».
Le barrage de Monsin est « d’une importance stratégique sur le canal Albert pour tenir le niveau d’eau » et sera achevé à la fin 2023.
D’autres travaux s’annoncent
Deux autres chantiers sont programmés pour les années à venir.
Quatre nouvelles écluses au gabarit VA sur les canaux Charleroi-Bruxelles et du Centre à Obourg, Marchienne, Viesville, Gossellies , à côté d’ouvrages existants récemment rénovées.
Les écluses présenteront une dimension générale de 112,5 x 12,5 m, avec des chutes variant de 5 m à 7,5 m. L’écluse d’Obourg aura la particularité de présenter une longueur plus importante de 149 m en vue d’obtenir un ouvrage de gabarit similaire aux écluses situées en aval. Plusieurs ouvrages connexes seront également réalisés : ouvrages d’art de franchissement, murs de berge, avant-ports, bâtiments techniques, et de commande pour les écluses…
Les travaux vont commencer en 2024 pour un achèvement en 2028.
Elargissement du canal Nimy-Blaton-Péronnes afin de permettre le passage de bateaux de 2000 tonnes au lieu de 1350 tonnes actuellement. Les travaux doivent commencer en 2024 et s’achever en 2028.
« Tous ces chantiers sont de longue haleine, leur aboutissement est le résultat d’un travail collectif ; en collaration aussi avec nos voisions flamands et français. Ils ont été rendus possibles par un large co-financement de l’Union européenne », s’inscrivant dans le projet Seine-Escaut.
Du côté des innovations
La téléconduite des ouvrages de Salzinnes, Floriffoux et Mornimont sur la basse Sambre est opérationnelle à 100% depuis la fin juin 2023 et conduit à une extension des horaires de navigation de 6h à 22h entre Namur et Mornimont. « La télécommande permet une redistribution des ressources qui rend possible ces nouveaux horaires qui répondent à une demande industrielle ».
La transition énergétique de la navigation intérieure n’est pas oubliée par le SPW MI. Une étude a été lancée sur les carburants alternatifs, les possibilités d’évolution des motorisations, les conséquences et les besoins sur les infrastructures. Sachant que des aides directes existent en Wallonie pour les changements de motorisation pouvant atteindre jusqu’à 50% du montant de l’investissement.
La pénurie de personnel dans la navigation intérieure constitue un autre défi. « Alors qu’on veut développer le transport fluvial, on ne parvient pas à trouver suffisamment d’équipage pour conduire les bateaux, la navigation autonome ou déportée est une solution mais il faut lui donner un cadre ». En mars 2023, « la Wallonie s’est dotée d’une réglementation qui permet de déroger à certaines règles dans un cadre d’innovation » pour des expérimentations.
Un inventaire des terrains multimodaux est en cours « avec l’objectif qu’il soit un outil d’aide à la décision pour les collectivités et les décideurs afin de les préserver pour des développements logistiques futures ».
Chiffres clés 2022
Les données clés du transport fluvial de marchandises en Wallonie ont été rappelés :
- 34 millions de tonnes transportées en 2022 (-0,5% par rapport à 2021).
- 121 938 EVP (-16% par rapport à 2021).
- 1,438 milliards de tonnes par kilomètres en 2022.
- Tonnage moyen transporté par bateau chargé : 1033 tonnes.
- Les matériaux de construction représentent 40% du tonnage transporté.
- Le réseau wallon de voie navigable atteint 450 km pour un total en Belgique de 1500 km.