Pour le transport fluvial de fret, « 2021 a été marquée par une reprise vigoureuse » sans toutefois complètement dépasser les niveaux d’avant la pandémie, dit le résumé exécutif du dernier rapport « Observation du marché de la navigation intérieure » de la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR) publié au dernier trimestre 2022. Il en va bien différemment pour les activités liées aux passagers dans le contexte de la pandémie, les bateaux de croisières fluviales n’ayant recommencé à naviguer qu’à partir de juin 2021.
L'inversion de tendance pour le charbon
En 2021, le transport de marchandises sur le Rhin traditionnel (de Bâle à la frontière germano-néerlandaise) a atteint 168,6 millions de tonne soit une hausse de +5,4 % par rapport aux 160 millions de tonnes de 2020 mais reste inférieur de -3,2 % au tonnage de 2019. « De même, la prestation de transport a augmenté de +4,5 % en 2021 (avec 57 milliards de tkm sur le Rhin) par rapport à 2020 mais reste en retrait comparativement à 2019 ».
L’ensemble des prestations de transport fluvial en Europe en 2021 représente 137 milliards de tkm, se répartissant entre le Rhin avec 57 milliards, « un axe Nord-Sud » avec 33 milliards, le Danube avec 30 milliards, la Seine avec 3,9 milliards, les canaux de l’Ouest de l’Allemagne avec 3,8 milliards, le Mittellandkanal avec 2,9 milliards, la Moselle avec 2 milliards, le Main avec 1,9 milliard, l’Elbe avec 1,7 milliard.
Selon les filières de marchandises, la principale caractéristique de l’année 2021 est l’envolée du transport de charbon sur le Rhin (22 millions de tonnes, +28,1 %), profitant de « l’augmentation de la production d’acier et des prix élevés du gaz », dans le contexte du conflit en Ukraine. C’est un renversement de tendance, relève le rapport, alors que les dernières publications faisaient état « d'un abandon progressif du charbon ce qu'illustraient les données relatives à la période 2013-2020 ». Le résumé exécutif ajoute : « La percée du transport de charbon sur le Rhin a coïncidé avec celle du transport de charbon par voie maritime. Le port d’Amsterdam est un exemple patent de cette tendance, ayant connu, en 2021, une hausse de 41 % de la manutention maritime de charbon ».
Autres filières en progression : le transport de minerai de fer (21,4 millions de tonnes, +15,7 %), de métaux (8,9 millions de tonnes +11,2 %), de produits chimiques (19,6 millions de tonnes, +1,6 %).
Le conteneur s’affaiblit
Les autres catégories de marchandise sur le Rhin traditionnel sont en repli. Les produits pétroliers (27,3 millions de tonnes, -1,1 % mais qui restent la première marchandise transportée sur le Rhin), les sables, pierres et graviers (25,8 millions de tonnes, -1,5 %), les produits agricoles et alimentaires (17 millions de tonnes, -2,3 %).
Le transport de conteneur représente 1,99 millions d’EVP et 14,9 millions de tonnes (-0,6 %) et « d’une manière générale, il s’est affaibli au cours des dernières années en raison d’une combinaison de facteurs macro-économiques, naturels et portuaires (ralentissement du commerce mondial, périodes de basses eaux, congestion portuaire) », commente le rapport.
Du côté du transport fluvial de marchandises dans les ports maritimes européens, le document précise qu’à l’exception de Hambourg « qui a enregistré une forte baisse d’activité en ce qui concerne le transport fluvial de marchandises (-16 %), une augmentation a été observée : +6 % à Rotterdam, +9,7 % à Constanta, +9 % à North Sea Port, +7,5 %, à Anvers ».
Hydraulicité globalement favorable en 2021
Pour le Danube, il faut distinguer les parties supérieure et moyenne où « les volumes de transport ont été en 2021 en moyenne inférieurs à ceux de 2020, sauf autour de Vienne » de la partie inférieure et plus particulièrement les canaux reliant ce fleuve à la mer Noire « où une nette tendance à la hausse est enregistrée ». Le volume de marchandises sur l'ensemble du Danube navigable entre Kelheim (Allemagne) et la mer Noire (via le canal Danube-mer Noire et le canal de Sulina) oscille entre 36 et 40 millions de tonnes par an.
La prestation de transport sur le Danube (pays danubiens de l’UE, plus la Serbie) correspondait à 29,8 milliards de tkm en 2021, conservant ainsi le niveau qui était le sien en 2020.
Concernant l’hydraulicité sur le Rhin, elle a été favorable au cours des neuf premiers mois de l’année 2021 et marquée par des basses eaux au dernier trimestre. « A l’échelle de Kaub, sur le Rhin moyen, le nombre de jours inférieur au seuil critique (étiage équivalent) était de 10 en 2021, contre 107 en 2018. L’analyse des données relatives aux niveaux d’eau du Danube indique un nombre légèrement plus élevé de jours d’étiage en 2021, également dans la période comprise entre 2015 et 2021 ».
Les croisières fluviales à la peine
A l’inverse du fret, en 2021, la pandémie a continué à freiner les activités liées aux passagers. Les compagnies de croisières fluviales n’ont pu recommencer à faire naviguer leurs bateaux qu’en juin 2021, les touristes internationaux ont été encore peu présents. « Les mouvements de bateaux de croisière fluviale sur le Rhin en 2021 sont inférieurs de -55 % par rapport au niveau de 2019 (…). Cet écart entre 2021 et 2019 est de -35 % sur la Moselle, de -66 % sur le Danube supérieur (à la frontière entre l’Autriche et l’Allemagne) ».
Lors de la session d’automne de la CCNR le 8 décembre 2022, la situation du marché de la navigation intérieure au premier semestre 2022 a été évoquée : « L’évolution du transport de marchandises par voie navigable au cours de cette période montre une légère baisse pour le Rhin qui résulte notamment des effets provoqués par la guerre d’agression russe contre l’Ukraine. Les transports de charbon, qui ont augmenté d’environ+26 %, ont constitué la principale exception. Selon les chiffres à l’écluse d’Iffezheim, le transport de passagers a quant à lui enregistré une nette reprise au second semestre 2021 et au premier semestre 2022 ».