Plusieurs élus de la Métropole du Grand Paris, qui sont maires, adjoints ou conseillers de l’une des communes de cette intercommunalité, ont rappelé que développer le transport fluvial et le report modal vers la voie d’eau constitue l’une des priorités du « Pacte pour une logistique métropolitaine », lors de la présentation d’un premier bilan au cours d’une réunion le 9 février 2021.
La période écoulée depuis juin 2018, date de l’adoption du Pacte qui a été signé par 82 partenaires volontaires, a permis de poser un diagnostic partagé sur les enjeux logistiques du territoire et de lancer de premiers projets. Parmi ceux-ci, il y a la réalisation d’une étude de faisabilité pour la création d’un éco-simulateur de transport fluvial en partenariat avec Haropa et Voies navigables de France (VNF). L’idée était de créer un outil numérique au service des acteurs publics et privés pour simuler les effets et les bénéfices d’un transport fluvial de marchandises dans la Métropole du Grand Paris comparativement à un transport routier, pour tous les types de marchandises et de trajets.
Selon Antoine Berbain, directeur général de Haropa-Ports de Paris, cette étude a été « concluante ». Et il a précisé : « Nous souhaitons engager en 2021 la phase de développement de cet outil qui prendra la forme d’une plate-forme numérique de simulation, a priori ouverte à tous, et qui permettra une évaluation de la pertinence d’un transport fluvial avec un comparatif des externalités négatives : bruit, accidentologie, congestion, émissions atmosphériques polluantes, temps de transport, voire des coûts ».
Un « Guide » de VNF
Dominique Ritz, directeur de VNF bassin de la Seine, a expliqué qu’une autre action menée en 2020 a été l’élaboration d’un « Guide » à l’usage des décideurs locaux sur le transport fluvial et, notamment, son usage en logistique urbaine. « L’objectif est de mieux faire connaître le transport fluvial qui reste mal ou peu connu par nombre d’acteur économiques ou politiques, de décideurs locaux ». Ce guide va être publié prochainement.
L’ambition est « d’expliquer ce qu’est le fluvial, comment il fonctionne, quels sont ses atouts dans le transport de marchandises, les solutions qu’il apporte pour la logistique urbaine par le fleuve ».
Le directeur de VNF bassin de la Seine a rappelé que si Paris avait été assez en avance en matière de logistique urbaine fluviale avec la démarche Franprix, d’autres collectivités sont en train de mettre en place des solutions avec la voie d’eau dans le Sud-Ouest à Bordeaux et à Toulouse, dans le Grand Est à Strasbourg. « Il y a un énorme potentiel dans l’Ile-de-France, dans la Métropole du Grand Paris en matière de logistique urbaine recourant au fluvial, il ne faut pas baisser les bras et nous réussirons collectivement. Recourir au fluvial est une chance », a déclaré Dominique Ritz.
En 2020, plusieurs expérimentations de logistique urbaine fluviale ont été accompagnées par Haropa et VNF : des déchets d’ameublement non ménagers collectés en Ile-de-France, des éléments préfabriqués en bois, une déchetterie éphémère.
En 2020, Blue Line Logistics (groupe Sogestran) a présenté le Zulu 3 à Paris avec sa grue auto-déchargante, pouvant s’amarrer à tous les quais urbains existants et s’adaptant à tous les types de marchandises (palettes, caisses mobiles sauf le vrac).
Cet opérateur prévoit l’arrivée du Zulu 6 d’ici la fin de l’année 2021 et qui sera équipé d’une pile à combustible. « Ce sera le premier bateau fluvial de fret zéro émission » et qui pourra opérer dans l’agglomération parisienne. « Cette solution devra être accompagnée par les chargeurs car, à ce stade, le coût de ce bateau zéro émission est beaucoup plus élevé que les versions thermiques ».
Le contexte de l’intégration des trois ports Haropa
Pour les élus, avec le Pacte, il s’agit de mettre en place une logistique « économe en énergie, respectueuse de l’environnement, acceptable par tous ». Il s’agit « de penser au fluvial pour le transport de marchandises, de contribuer au développement du fluvial », « de faire du report modal vers les modes les plus vertueux, ferroviaire et fluvial ». Ou encore « il faut se réinventer pour une logistique urbaine plus respectueuse de l’environnement en utilisant des réseaux non saturés comme l’est celui du fluvial ».
Pour développer la logistique fluviale, la Métropole du Grand Paris met en avant sa place dans la nouvelle gouvernance du futur Haropa à partir du 1 juin 2021. Le nouvel établissement unique doit favoriser « le chemin entre Le Havre et Paris » et inversement : « Les marchandises doivent passer davantage par le transport fluvial pour une logistique plus vertueuse ».