« De la ville-port à la métropole fluviale, un portulan pour Strasbourg » est un livre de la collection « les cahiers Popsu » (pour plate-forme d’observation des projets et stratégies portuaires) écrit par Antoine Beyer, Jean-Alain Héraud, Frédéric Rossano, Bruno Steiner (voir encadré) et publié aux éditions Autrement.
En 90 pages divisées en 5 chapitres dont une note méthodologique, les quatre auteurs présentent un travail collectif en cours « pour esquisser un portulan contemporain du territoire fluvial strasbourgeois », qui compte 400 km de cours d’eau, accueille 220 000 croisiéristes en escale chaque année, de nombreux visiteurs sur le réseau petit gabarit métropolitain avec 12 000 passages d’écluses par an, un grand port industriel rhénan. Il s’agit de « repérer les interactions entre les fonctions portuaires et urbaines et déterminer leur capacité à renouveler la construction métropolitaine de Strasbourg ».
Croiser les regards, interroger les modèles
Le premier chapitre du livre rappelle qu’un portulan « du XIII au XVIIè siècle accompagnait les navigateurs génois et vénitien dans leurs expéditions. (…) Compilation de retours d’expériences plutôt que tracé savant, le portulan reposait sur un large collectif d’informateurs et associait divers outils descriptifs, revêtant ainsi une dimension encyclopédique ».
Par « esquisser un portulan contemporain » d’une métropole fluviale comme celle de Strasbourg, les auteurs entendent « croiser les regards et les outils descriptifs (…) pour repérer et qualifier les grands champs d’intervention liant ville et port à différentes échelles ».
Pour les auteurs, « les trois fonctions, portuaire (…), fluviale (…), et hydrologique sont de fait intimement mêlées et déterminantes pour Strasbourg. Le sont-elles également pour l’Eurométropole ? Nous émettons ici l’hypothèse que ces éléments constituent autant de potentiels d’articulation d’un espace métropolitain en devenir, mais que, pour ce faire, un redimensionnement du regard est nécessaire. (…) Autour des enjeux portuaires, nous nous proposons d’interroger les modèles, les structures et les gouvernances actuelles dans leur capacité à renouveler la construction métropolitaine de Strasbourg ».
Le deuxième chapitre est consacré aux « enjeux et impasses du couple ville-port », le troisième aborde « un fait portuaire qui redimensionne la métropole », le quatrième s’intitule « vers une métropolisation transactionnelle ».
Des cartes et un atlas
Le travail « sous la bannière du portulan » a débuté en 2019 et « vise très prosaïquement à installer une plate-forme transactionnelle de partage des connaissances, conjuguant une collecte participative et un terrain expérienciel », expliquent les auteurs dans la note méthodologique.
Les échanges entre les nombreux acteurs et les données de toutes sortes collectées constituent au fur et à mesure des cartes et un atlas. Sur ces documents, dans la note méthodologique, les auteurs indiquent : « La notion de carte telle que mobilisée dans notre appareillage de recherche recouvre mais déborde très largement le cadre communément attaché à ce terme. (…) Le portulan en construction mobilise comme son ancêtre différentes sources, médiums, et angles d’approche : données spatiales et quantitatives, témoignages… ».
Les auteurs précisent que « l’atlas invite chacun à partager ses points de vue, questions, réserves, ambitions, projets. Il n’offre pas de solutions mais installe un cadre d’intermédiations non hiérarchiques autour d’un territoire dynamique aux contours fluides. Les différents acteurs territoriaux seront invités à prendre en main les outils pour continuer à enrichir les bases de données et ainsi s’approprier cette production à l’issue du programme Popsu. Le portulan n’est pas définitif : il reflète des situations évolutives et peut s’enrichir indéfiniment de nouvelles contributions ».
Précisions sur les auteurs et sur les « cahiers Popsu »
• Antoine Beyer est professeur de géographie à l’université de Cergy-Pontoise et membre du laboratoire MRTE. Sa spécialité porte sur les transports et la mobilité. Après avoir mené un travail sur les effets de frontière dans les réseaux, sa recherche s’est orientée vers la lecture territoriale des corridors de transport et leur gestion dans le contexte de la construction européenne.
• Jean- Alain Héraud est président de l’association de prospective rhénane, professeur émérite en sciences économiques à l’université de Strasbourg, membre du BETA (Unistra-CNRS) et membre du conseil de développement de l’Eurométropole de Strasbourg.
• Frédéric Rossano est responsable scientifique du programme Popsu à Strasbourg, est paysagiste et urbaniste, maître de conférences à l’École d’architecture de Strasbourg (Ensas) et membre du laboratoire AMUP. Son travail de recherche se focalise sur la gestion paysagère des crues et des cours d’eau et leur intégration dans l’environnement habité.
• Bruno Steiner est architecte, paysagiste et urbaniste, maître de conférences au département architecture de l’INSA Strasbourg et membre du laboratoire AMUP. Ses travaux s’intéressent aux processus d’urbanisme paysager à travers l’étude des idées et des théories qui les étayent et des nouvelles formes de transactions sociales qu’ils favorisent.
La collection « les cahiers Popsu » s’inscrit dans un programme de recherche-action de la « plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines », pilotée par le plan urbanisme construction architecture. Ce programme assure la production de recherches sur les métropoles et leur diffusion dans les milieux de la recherche, auprès des élus, des professionnels des territoires, ainsi que du grand public. Chaque cahier est une restitution d’un enjeu particulier au sein d’une métropole partenaire du programme.
Exemples d’autres « cahiers Popsu » : La métropole performative/ Échelles de la fabrique métropolitaine rouennaise, Métabolisme et métropole/La métropole lilloise, entre mondialisation et inter-territorialité, Culture et métropole/Une trajectoire montpelliéraine.