Lors du webinaire du Groupement national des transports combinés (GNTC), les différents acteurs ont tour à tour présenté leurs points de vue : Alliance 4F, ministère, gestionnaire d’infrastructure. L’occasion de revenir sur les faits marquants, les difficultés, les attentes, pour favoriser et accentuer la dynamique à l’œuvre autour du combiné ferroviaire, l'un des outils pour réussir le défi du report modal.
La politique de report modal était au cœur du webinaire organisé le 1er juin 2023 par le Groupement national des transports combinés (GNTC), au cours duquel le ministre chargé des Transports, Clément Beaune, a détaillé l’action du gouvernement en la matière.
Le point de vue des acteurs de la filière
La conférence a été l'occasion pour les acteurs de la filière ferroviaire de mettre en avant les autres mesures, en plus des soutiens financiers et des investissements, qu’ils jugent nécessaires au développement de leur activité.
« La loi sur le verdissement de l’industrie, qui va être examinée par le Parlement, ne s’intéresse qu’à la production mais pas à la logistique alors que les transports font partie du bilan carbone des industriels », déplore ainsi Florence Rodet, secrétaire générale de l’Alliance 4F.
Cette organisation propose donc que soit rendue obligatoire une « étude systématique d’embranchement ferroviaire lors de la création de nouvelles plateformes logistiques, qui s’installent à proximité des autoroutes sans toujours regarder s’ils pourraient faire en sorte que le fer ou le fluvial soient aussi à portée de main ». L’Alliance 4F demande aussi qu’un système de crédit d’impôt soit créé pour les entreprises qui font l’effort du report modal.
Les conséquences des grèves liées à la réforme des retraites est l'autre sujet abordé par Florence Rodet. Ces mouvements sociaux du début de l’année 2023 auraient eu pour le fret ferroviaire « un impact extrêmement sévère, à un niveau probablement jamais atteint », selon l’Alliance 4F, qui attend de la part de SNCF Réseau des explications sur le niveau de blocage des trafics ainsi que des propositions concrètes pour que le fret ferroviaire ne soit pas à nouveau « sacrifié » si de telles grèves devaient se produire à nouveau.
Le point de vue de la DGITM
Directrice des transports ferroviaires et fluviaux et des ports à la DGITM, Florence Torchin, a indiqué que l’élaboration d’un schéma directeur des terminaux ferroviaires, en cours avec les représentants de la filière, serait achevé d’ici la fin de l’année.
La représentante du ministère des transports fait état d’un « consensus sur des investissements portant sur une vingtaine de terminaux dans les dix années à venir, dont la moitié pour des terminaux neufs et la moitié pour la rénovation et la modernisation de terminaux existants. » L’Alliance 4F, lors de son lancement en 2020, plaidait pour la création de 15 nouveaux terminaux de transport combiné ferroviaire.
Un autre sujet est au point mort : l’expérimentation du passage à 46 t pour les camions effectuant des transports routiers dans le cadre d’un transport combiné, dans l’attente d’un site pour mener le test. Les collectivités locales, gestionnaires des voiries, se montrent craintives face au risque de détérioration accrue des routes par ces camions plus lourds.
Le point de vue du gestionnaire d’infrastructure
L’année 2022 a, dans l’ensemble, été très favorable au transport ferroviaire, dont la part modale a atteint 11 %. « Il s’agit d’une hausse qui ne s’était pas vue depuis de très nombreuses années, puisque la part modale du ferroviaire est longtemps restée sur un plateau à 9 % », rappelle Isabelle Delon, directrice générale clients et services de SNCF Réseau.
« Le combiné a progressé de 12 % en tkm, grâce à la mise en place en 2022 de 18 nouveaux trafics. Et cette dynamique positive continue début 2022, malgré le contexte de grève », ajoute cette responsable. Le GNTC, de son côté, a comptabilisé 25,2 milliards de tkm en combiné ferroviaire en 2022, soit une progression de 9,4 % seulement. Mais une belle hausse tout de même.
Preuve de la pérennité de cette dynamique du fret ferroviaire : la commande de sillons, qui s’est faite en avril 2023 pour l’année 2024, est en hausse. Isabelle Delon note une progression de 12 % du nombre de demandes de sillons pour le fret ferroviaire en général et de 19 % pour le combiné ferroviaire en particulier.
Le combiné ferroviaire européen vers le zéro carbone
Président de l’Union internationale rail-route (UIRR), qui représente les opérateurs du combiné et les terminaux à l’échelle européenne comme le GNTC le fait au niveau français, Ralf Charley Schultze a fait état des trois études menées en 2022 par l’association qu’il préside.
- La première de ces études portait sur l’impact environnemental comparé du combiné ferroviaire et du tout routier, avec un avantage de 90 % pour le premier en ce qui concerne l’empreinte carbone et de 60 % quant à l’efficacité énergétique.
- Les deux autres études portaient, respectivement, sur l’électrification du dernier kilomètre pour tendre davantage vers le « zéro émission », et sur les investissements nécessaires pour atteindre cet objectif.