Avec une production de blé record et un potentiel d’exportation estimé entre 46 et 50 Mt, la Russie devrait dominer la campagne d’exportation de céréales en cours. En Ukraine, la fin du corridor maritime met la pression sur les ports du Danube, où le prix du transport fluvial vers la mer Noire augmente.
La qualité du blé récolté en 2023 en France est en légère baisse par rapport à celle constatée en 2022, mais reste cependant très satisfaisante pour les marchés export. Les quantités sont en hausses et les perspectives d’exportations, présentées par FranceAgriMer le 13 septembre 2023, sont bonnes pour les destinations européennes. Elles le sont moins pour les pays tiers.
Une récolte plus abondante
Pour le blé tendre, la récolte a atteint 35,1 Mt, soit +4 % qu’à l’été 2022. Les exportations, selon FranceAgriMer, devraient atteindre 17 Mt au cours de la campagne 2023-2024. Celles vers les pays européens sont attendues en augmentation de 19 % et atteindrait 7,5 Mt. Celles vers les pays tiers, en revanche, ne concerneraient que 9,5 Mt soit 6 % de moins qu’au cours de la campagne 2022-2023.
Pour les orges, la récolte 2023 est aussi en essor avec 12,2 Mt, soit 7 % de mieux qu’en 2022. Là aussi, les exportations vers les pays de l’Union européennes devraient progresser pour atteindre 3,6 Mt à fin juin 2024, soit 13 % de plus que les quantités exportées entre le 1er juillet 2022 et le 30 juin 2023. Les exportations vers pays tiers, en revanche, diminueraient de 7 % pour ne totaliser que 2,9 Mt.
La Russie concentrera 30 % des exportations mondiales de blé
La Russie devrait, une fois encore, jouer un rôle majeur dans la campagne d’exportation en cours. Le pays pourrait dépasser son record précédent, avec une production qui atteindrait 85 à 90 Mt de blé tendre et un potentiel d’exportation estimé à 46,2 t par le Conseil international des céréales (CIC) mais qui pourrait atteindre 50 Mt selon de nombreux autres acteurs.
« Cela représente 30 % du marché mondial », calcule Marc Zribi, chef de l’unité grain et sucre de FranceAgriMer. « Les chiffres de l’été, avec 4 à 5 Mt exportées chaque mois, vont dans ce sens. Et la Russie a le potentiel pour être présente sur le marché export de façon massive sur l’ensemble de la campagne, et pas seulement sur la première moitié. Cela va créer une pression baissière sur les prix, qui pourrait cependant être équilibrée par une nouvelle révision à la baisse des prévisions de récolte en Argentine et en Australie ».
Les autres grands pays exportateurs pour la campagne 2023-2024, selon le CIC, sont l’Union européenne (33,3 Mt), l’Australie (20,8 Mt), le Canada (20,2 Mt) les États-Unis (18,1 Mt), l’Argentine (12,4 Mt) et l’Ukraine (11,9 Mt).
L’Ukraine souffre de la fin du corridor maritime
Les exportations ukrainiennes, selon UkrAgroConsul, atteindraient au maximum 13 Mt en 2023-2024, contre près de 17 Mt au cours de la campagne précédente. La non-reconduction par la Russie de l’accord sur le corridor maritime en mer Noire ont fait chuter les volumes exportés par l’Ukraine. Toutes céréales confondues, le cumul n’était que de 3,7 Mt en août, dont 65 %, soit plus de 2,4 Mt, via les ports du Danube, le reste passant majoritairement par le rail. En mars dernier, sur les 7,2 Mt exportées par l’Ukraine, 3,7 Mt passaient par le maritime, 1,9 Mt par le Danube et 1 Mt par le rail.
Ce mouvement se traduit par un renchérissement du coût du transport fluvial entre les ports ukrainiens du Danube et le port maritime roumain de Constanta : d’une moyenne de 30 €/t, il a atteint 40 €/t en juillet et près de 45 €/t en août.
Achats de blé : la Chine reste en tête
La Chine (12 Mt) resterait au premier rang des acheteurs de blé tendre, devant l’Égypte (11,6 Mt), qui a depuis le début de la campagne en cours réalisé 71 % de ses achats auprès de la Russie, comme c’était le cas lors de la campagne précédente. La France, qui avait fourni 13 % du blé acheté par l’Égypte en 2022-2023, s’est vu attribuer deux navires de 60 000 t lors de l’appel d’offres du 30 août dernier, soit 8 % des achats égyptiens jusqu’à présent. La Turquie, avec 8,6 Mt, passerait au quatrième rang des acheteurs mondiaux de blé, derrière l’Indonésie (10,5 Mt).
Le Brésil, premier exportateur mondial de maïs
Pour les exportations de maïs, « la position à l’export des États-Unis a baissé, et touche un plus bas depuis neuf ans avec la dégradation des conditions de culture », note Marc Zribi, qui souligne que la moitié de la production de maïs étatsunienne se fait sur des zones touchées par la sécheresse.
Le Brésil, où des rendements exceptionnels sont attendus, devrait donc décrocher la première place pour les exportations de maïs avec 51 t, devant les États-Unis (48,5 t), l’Argentine (40,9 t), également touchée par la sécheresse, et l’Ukraine (18,0 t).
La Chine, qui avec 22 Mt devrait reprendre à l’Union européenne la place de premier acheteur mondial de maïs, est aussi devenu le premier acheteur du Brésil avec 1,6 Mt pour le seul mois d’août.
Pour l’orge en revanche, même si les achats auprès de l’Australie sont de nouveaux autorisés, l’origine France est cependant privilégiée. Ce sont en effet les orges françaises qui représentent, à ce jour, la quai-totalité des importations chinoises, qui restent cependant inférieures au niveau du début de la campagne précédente.