Dans la contrainte de la pandémie et face à la désertion des touristes étrangers, les bateaux de visites urbaines strasbourgeois ont tissé de nouveaux liens avec la métropole et avec la jeunesse. Batorama va leur offrir un premier bateau tout électrique pour des voyages « augmentés ».
Chez Batorama, la fête et la culture sont actes de résistance. Après le premier confinement, les bateaux strasbourgeois ont vite sorti le nez hors de l’eau. Depuis, les croisières historiques de la capitale européenne française ont enrichi leurs formules. Batorama est resté la première attraction touristique du Grand Est hors Strasbourg et la deuxième pour la métropole après la cathédrale. Cette ancienne filiale du port autonome navigue depuis 1947 et ces longs mois difficiles, loin de dévaluer l’offre touristique, lui ont donné un nouveau souffle. La clientèle a suivi, rajeuni, s’est renouvelée et nombreux strasbourgeois ont embarqué. Avec un coup d’arrêt le 4 janvier, la saison 2021 a attendu mai pour les promenades et fin juin, pour le bateau événementiel. Dès juillet, le taux de remplissage atteignait 100% pour de nouveau fléchir.
Innover pour une clientèle locale
Au cours de cette période instable et morose, Isabelle Burget, directrice générale de la société Batorama, a fait montre d’une adaptabilité à toute épreuve pour rendre le fluvial attractif et proposer des parenthèses ludiques. « Dès le mois de mai 2020, nous avons pu ouvrir grâce à un protocole sanitaire drastique puis sans passe car sans restauration. Au final, nous n’avons eu aucun cas de Covid déclaré du côté des passagers », se félicite la directrice.Le virus a davantage sévi parmi le personnel et les promenades dans Strasbourg ont redémarré avec un manque de moyens humains obligeant à diminuer le nombre de tours de 59%. Le chiffre d’affaires a suivi l’inflexion avec une baisse de 63% par rapport à 2019 (après -77% en 2020 vs 2019). La société aidée par le fonds de solidarité de l’Etat a pu garder l’équipe au complet et achever des travaux pendant les mois chômés.Dans ce contexte fluctuant, privée des touristes étrangers, la société s’est tournée vers les Strasbourgeois tout en développant des partenariats : « Nous avons créé des vidéos destinées aux jeunes et aux entrepreneurs pour promouvoir notre offre, nous avons aussi enrichi les programmes avec du stand-up, des conférences et du théâtre et nous collaborons régulièrement avec des oenologues pour des soirées dégustations », détaille la directrice qui évoque avec passion les six circuits, la nouvelle escale au niveau du Parlement européen et les bonnes ambiances festives des rendez-vous familiaux ou amicaux.Toujours au plus près de la vie culturelle de la ville, Batorama propose de nouvelles visites accompagnées avec des audioguides connectés en quatre langues. Les enfants ne sont pas oubliés avec des guides spécifiques, ni les groupes ou les couples avec le nouveau bateau taxi « Naos », un yacht électrique pour des promenades personnalisées menées par un pilote Batorama. Des aventures régulièrement valorisées dans un blog animé par différents rédacteurs où la culture fluviale dialogue avec la culture urbaine et patrimoniale.
Le projet Caravelle devient concret
Aujourd’hui, la société fait naviguer cinq bateaux couverts, quatre découverts et un bateau événement. Tous fonctionnent avec le carburant GTL (gas-to-liquid) qui ne produit ni odeur ni fumée. Après le Gustave Doré, un premier bateau électrique mis sur l’eau il y a 20 ans, la société veut rester à l’avant-garde pour des bateaux plus écologiques et « zéro émission ».Lancée en 2016, Caravelle est un projet de transition écologique d’un budget total de 30 millions d’euros. Il s’agit permettra de remplacer tous les bateaux thermiques avec des bateaux zéro émission. Après 4 ans d’étude et pour un montant de 3 millions d’euros, une première unité est construite par Transmetal Industrie, un chantier naval de Saint-Mandrier dans le Var, associé à Alternative Energie, implanté à La Rochelle.Pour ce premier bateau, attendu fin avril 2022, Batorama a bénéficié d’une aide de VNF au titre du Pami (plan d’aide à la modernisation et à l’innovation) et de l’Ademe (agence de la transition écologique). Tout électrique sur batterie, ce modèle haut de gamme revisite la balade urbaine. Formé d’une coque de 25 mètres (un maximum pour la navigation sur l’Ill), de tirants d’eau et d’air faibles, il possède une autonomie de navigation de 16 heures. Entièrement recouvert d’une verrière escamotable, il offrira des espaces de terrasse ouverte.Dans les bateaux, toute l’offre culturelle sera améliorée : « Pour conserver notre philosophie d’une culture accessible à tous, chaque siège aura sa propre tablette pour une visite « augmentée ». Chaque passager pourra découvrir et suivre en temps réel la navigation, l’environnement et l’aspect technique comme, par exemple, e un passage d’écluse. Il sera possible de voir davantage que ce que l’on peut voir normalement depuis son siège. Nous souhaitons offrir plus de connaissances et plus d’interactions avec le personnel navigant », commente Isabelle Burget.La réalisation du projet Caravelle est programmée en plusieurs période : une série de tests entre 2022 et 2023, puis la construction de 6 nouvelles unités entre 2023 et 2028.