La sauvegarde économique, en attendant le plan de relance

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Doubler la part modale du fret ferroviaire en dix ans, c’est l’objectif de l’Alliance 4F (fret ferroviaire français du futur), qui réunit les principaux acteurs français du rail. En juin 2020, l’Alliance 4F a présenté ses propositions dans un rapport détaillé, fruit de six mois de travail de toute la profession, avec trente mesures pour améliorer la compétitivité du fret ferroviaire, moderniser le réseau et les terminaux et mieux gérer les circulations et l’attribution des sillons. Objectif : faire passer de 9 à 18 % en dix ans la part de marché du rail dans le transport de marchandises. Un plan de relance du fret ferroviaire est prévu par la loi LOM. « Nous espérons que le projet du gouvernement sera au plus près du plan de nos propositions, car c’est la première fois que sont réunis tous les acteurs, historiques et privés, ainsi que les associations du secteur pour établir un plan de relance », souligne Franck Tuffereau, délégué général de l’Association française du rail et coordinateur de l’Alliance 4F. Doubler la part modale du fret a un coût : 15 milliards d’euros supplémentaires sur dix ans selon 4F, qui a chiffré chacune de ses propositions d’action. Le gouvernement ne s’est pas encore positionné sur ces investissements, et travaille au financement de cette relance, avec l’Europe et, surtout, les régions.

Priorité au combiné rail-route

Dans l’immédiat, l’État a débloqué des fonds pour soutenir les entreprises ferroviaires affectées par une baisse d’activité en 2020, du fait des grèves puis du confinement au cours duquel la circulation des trains a été réduite de 60 %. Ce n’est pas encore le plan de relance tant attendu, mais un plan de sauvegarde pour les entreprises du secteur, qui estiment leurs pertes à 220 M€ en 2020. À la gratuité des péages ferroviaires pour les six derniers mois de 2020 succède un tarif réduit de moitié pour 2021, cette dernière mesure coûtant 63 M€. 

D’autres mesures ont été annoncées pour 2020 : aides à l’exploitation pour les entreprises ferroviaires et pour les voies capillaires, et « aide à la pince » renforcée. Ces mesures n’ont pas encore produit d’effet, puisque les entreprises n’ont pas encore touché ces aides. « L’aide à la pince », qui compense le surcoût de la rupture de charge, est en effet une enveloppe annuelle globale, répartie l’année suivante entre les opérateurs en fonction du trafic de chacun. Il serait plus confortable pour les transporteurs de connaître à l’avance le montant de l’aide pour chaque boîte, mais l’attribution unitaire est fluctuante, d’année en année, en fonction du volume total traité en combiné.

Le doublement de la part modale du ferroviaire passe par le triplement de celle du combiné. Le transport rail-route, qui représente la moitié de l’activité ferroviaire totale, en est le segment le plus dynamique et celui qui répond le mieux au marché puisqu’il peut toucher tous les chargeurs. Le report modal est donc plus facile que vers le fret ferroviaire « classique », qui concerne surtout les chargeurs embranchés.

Le développement du combiné exige la création de nouvelles plateformes et la régénération des terminaux existants. Le plan de 4F prévoit de passer de 35 terminaux existant actuellement en France à 50 terminaux en 2030. Le GNTC travaille à établir un schéma directeur pour l’implantation de ces nouveaux terminaux.

La création de nouveaux terminaux ferroviaires, comme la mise au gabarit des ouvrages ou le contournement des agglomérations, sont des travaux qui prennent du temps. C’est pourquoi 4F insiste pour un déblocage rapide de fonds qui permettront de lancer des études. Franck Tuffereau prévient : « Le doublement du trafic ne se fera pas avec l’infrastructure actuelle. Il faut, pour faire du report modal, de nouveaux clients embranchés sur le réseau, et veiller, en particulier, à ce que les grosses plateformes logistiques qui s’installent en France le soient ».

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