Sur la Seine où les investissements ont pu être multipliés par trois ces dernières années avec l’aide du plan de relance du gouvernement, les travaux se poursuivent sur plusieurs axes, notamment : la rénovation des écluses, la régénération des barrages de navigation, la généralisation de la téléconduite des ouvrages. Le directeur de la DTBS, Dominique Ritz en détaille les avancées : « Toutes les écluses secondaires sur la Seine amont devraient fonctionner d’ici à 2024. L’écluse du Coudray-Montceaux a été remise en service en 2021, ainsi que celle de Vives-Eaux en avril dernier. En parallèle, nous avons lancé les travaux de l’écluse de La Cave qui seront réalisés en 2022. Enfin, ceux de l’écluse secondaire de Champagne seront lancés en 2023 ».
Dans le grand tour des chantiers, celui des écluses de Méricourt représente aujourd’hui le plus important de VNF sur l’ensemble du réseau en France. Un chantier pour lequel les premières études ont débuté il y a dix ans. « Le coût de l’opération est considérable. Etudes comprises, il s’élève à 92,3 millions d’euros. Les travaux, réalisés par un groupement emmené par l’entreprise Bouygues TP, sont étalés sur 4 ans. L’enjeu est de stabiliser les bajoyers qui menaçaient de s’effondrer et d’allonger une écluse pour accueillir les convois de 180 m ». Un autre chantier concerne les barrages de la Seine et singulièrement de la Seine aval. « Ces travaux sont souvent moins visibles mais ils sont cruciaux pour la navigation ; les barrages travaillent, s’usent. De nombreux éléments vont être renouvelés et modernisés ».
Sur la gestion de la ressource en eau, la Seine est considérée comme « résiliente » aux effets du changement climatique en raison des aménagements de navigation. Sur la Seine, les travaux vont se poursuivre jusqu’en 2030 portant à un milliard d’euros investi entre 2017 et 2030.
Gagner en efficacité
En parallèle, VNF engage une démarche de renforcement de la professionnalisation des agents. « Dans une trajectoire de réduction des effectifs, l’objectif est de rationaliser le travail des agents pour gagner en efficacité. Le but est de moderniser l’exploitation des ouvrages et de généraliser le pilotage et la supervision à distance. Pour ce faire, les métiers doivent se transformer ».
Une téléconduite des ouvrages est déjà en service sur la Petite Seine : le site de Mouy pilote 7 écluses de 4 barrages, celui de Saint Maurice, 3 écluses, 3 barrages et un tunnel associé aux ouvrages de Saint Maurice, de Saint Maur et de Créteil, celui de Chatou pour les 3 écluses et 2 barrages de Chatou et de Bougival. « L’ambition est de poursuivre le déploiement de ces centres de téléconduite comme à Vives-Eaux (Seine amont) et à Notre Dame de la Garenne (Seine aval) en 2024 ». La téléconduite des ouvrages de l’Oise est en projet. Pour la DTBS, il s’agit d’adapter et d’optimiser les moyens consacrés en augmentant l’offre de service. La téléconduite permettra une ouverture totale 24 heures/24 et 7 J/7 des ouvrages de la Seine et de l’Oise (actuellement, seule la Seine aval est concernée).
Dans ses chantiers, la DT du bassin de la seine veut aussi innover sur la numérisation de l’information comme levier de développement. « VNF va proposer prochainement une version pour smartphone de ses services d’information fluviale. Les usagers de la voie d’eau pourront y retrouver toutes les informations utiles : avis à la batellerie, hauteur libre sous ponts, débits du fleuve… Ce sera aussi, dans un second temps, des conseils de pilotage pour optimiser sa consommation, les passages aux écluses ». L’Internet des objets (Iot) aura sa place pour répondre aux problèmes de gestion de stationnement ou encore, l’autonomisation. « Son environnement étant maîtrisé, le fluvial est adapté au développement de services autonomisés. Tout le monde ne s’étonne plus du métro sans conducteur. Nous envisageons de lancer des appels à projets autour de l’autonomisation. Nous aimerions mettre en place, à l’occasion des Jeux Olympiques, quelques démonstrateurs de passeurs de rive (bacs) autonomes ». Pour le directeur, cette technologie peut aussi permettre d’accompagner les défis que traversent les métiers de navigant. « Nous avons beaucoup de mal à trouver des pilotes. Il en faudra toujours, mais le développement de l’autonomisation peut permettre de pallier certains manques. Au-delà, c’est aussi une façon de renouveler l’image du transport fluvial ».
Les évolutions que connaît le fluvial risquent-elles d’alimenter un écart de traitements entre le grand et le petit gabarit ? « Pour les unités fluviales de 38,5 m, nous sommes confrontés à une vraie difficulté. Il reste aujourd’hui moins de 500 embarcations fret en fonction en France et une grande partie ne navigue pas sur le réseau petit gabarit. Sur ce réseau, si on ne veut pas, dans un avenir proche, n’avoir que du trafic de tourisme et de plaisance, il faut imaginer des solutions originales et innovantes. L’autonomisation peut contribuer ici à faire émerger ces solutions et conforter l’intérêt de la collectivité pour ce réseau qui fait partie de l’histoire industrielle de notre pays ». En attendant, VNF adapte les niveaux de service sur son réseau aux trafics. « Avec l’automatisation des ouvrages, nous arrivons à laisser ouverts à la navigation des itinéraires qui sinon devraient être fermés. »
Sur l’axe Seine, l’activité reste soutenue mais inégale selon les secteurs et les marchandises transportées. Après deux années difficiles dues à la crise sanitaire, le transport fluvial de passagers reprend. « L’année 2021 était un peu meilleure que 2020 et 2022 s’annonce très prometteuse ».
Sur le secteur du transport de fret et en écho avec les chargeurs de l’axe Seine, Dominique Ritz confirme une « très forte présence du fluvial sur de nombreux chantiers de travaux publics sur la période écoulée, en lien notamment avec les tunneliers des chantiers du métro du Grand Paris Express. Mais l’année 2021 a été beaucoup plus contrastée sur le transport de céréales, reflet d’une récolte en demi-teinte ». Il se félicite d’un trafic revenu : « avec un résultat autour de 22 millions de tonnes transportées (3,8 milliards de tonnes par kilomètre), on retrouve les excellents trafics de 2019 ».
Le directeur souligne par ailleurs l’arrivée de nouveaux trafics de fret, comme le bois. « C’est réjouissant de voir que la voie d’eau élargit son marché. Le bois intéresse les chantiers du bâtiment avec des perspectives de transports entre la Normandie et Paris ». Il rappelle aussi la forte dynamique de la logistique urbaine. « Nous attendons l’arrivée de chargeurs de premiers plans et les collectivités commencent aussi à faire le choix du fluvial. Un AMI a été lancé par les métropoles de l’axe Seine pour encourager le recours au fluvial ».
Les JO en perspective
Dominique Ritz n’oublie pas les Jeux Olympiques de Paris en 2024 : « Une opportunité majeure pour le fluvial qui se trouve au cœur de cet évènement planétaire ». Avec Haropa Port, VNF travaille pour que le fluvial trouve toute sa place à la fois dans la préparation des Jeux que dans leur déroulé. « Nous œuvrons pour que la Seine reste fonctionnelle et que le trafic soit le moins possible gêné. Il y aura des interruptions de navigation mais nous espérons pouvoir les limiter lors des épreuves de nage libre et de la cérémonie d’ouverture. Dans tous les cas, la Seine sera au cœur de la fête et nous faisons tout pour que ce soit une formidable vitrine pour le fluvial ».