Le groupe Pradier, qui exploite depuis dix ans une carrière à Mondragon, entre Orange et Montélimar, dispose aussi de plusieurs centrales de béton prêt à l’emploi et de construction de blocs béton le long de la vallée du Rhône. L’entreprise utilise déjà le fluvial pour des transports depuis sa carrière, située sur le canal Donzère- Mondragon (canal de dérivation du Rhône) jusqu’à sa centrale d’enrobé située sur le port d’Avignon-Le Pontet. Sur les 700 000 t de sable et gravier alluvionnaire extraits chaque année du site de Mondragon, 100 000 t sont ainsi transportés jusqu’au Pontet à bord du Gabian, automoteur de 800 t. À partir de 2022, Pradier disposera d’un nouveau site fluvial sur le Rhône : il s’agira d’une centrale à béton située au port Édouard-Herriot de Lyon, sur un ancien site Arcelor-Mittal de 15 000 m², où seront fabriqués des « big blocs » (blocs béton de 1 000 t) et qui proposera aux entreprises lyonnaises de BTP du béton prêt à l’emploi et des granulats en vrac ou conditionnés en big bag. Le site lyonnais, dès sa mise en service en février 2022, sera approvisionné en sable et gravier depuis la carrière de Mondragon à raison de 150 000 t par an. Il est aussi prévu que 100 000 à 120 000 t de déchets inertes du bâtiment soient redescendues en fluvial chaque année. Ils rejoindront l’usine Pradier située sur la ZA du Millénaire, également à Mondragon, où ils seront triés et concassés pour être réutilisés comme granulat. Pour ces transports, le groupe Pradier a investi dans deux bateaux de 1 200 t, Evasion et Jumbo, qui effectueront chacun deux allers-retours par semaine entre Lyon et Mondragon. Il s’agit de bateaux achetés d’occasion il y a un an, et restaurés depuis au chantier Sacha d’Arles et au chantier Schmutz de Loire-sur-Rhône. Un de ces bateaux, déjà opérationnel, assure actuellement les transports entre Mondragon et Le Pontet car le Gabian bénéficie actuellement de travaux et reprendra du service en fin d’année sur ce parcours.
L’intérêt d’une flotte en propre
« Il s’agit d’une grosse montée en puissance sur le fluvial pour Pradier, avec des bateaux plus gros et des distances plus longues, résume Yves Piquerel, consultant indépendant, spécialiste en ingénierie des sites industriels qui accompagne le groupe Pradier depuis dix ans. L’investissement dans l’usine du Millénaire, qui ne traite pour l’instant que des déchets inertes du bâtiment en provenance de chantiers locaux, ne se justifiait pas sans un apport extérieur. Or le transport de déchets depuis Lyon ne pouvait se faire avec un autre mode que le fluvial, pour lequel nous avons choisi d’investir pour réaliser les transports avec une flotte en propre et des mariniers salariés. Il est aussi possible, en cas de creux dans l’activité de Pradier, de proposer du transport fluvial pour autrui, y compris en aval d’Avignon. Nous sommes en relation avec VNF et la CNR, qui peuvent nous aiguiller vers les entreprises intéressées si nécessaire ». Pour ce renforcement de ses transports fluviaux, Pradier a bénéficié des aides mises en place par VNF : plan d’aide au report modal (PARM) pour les investissements à terre dans les estacades et ducs-d’Albe, plan d’aide à la modernisation de la flotte (PAMI) pour l’achat et le réaménagement des bateaux. Ces aides couvrent 15 à 20 % de ces lourds investissements. Hors aide, Pradier a également investi dans des engins de chargement et déchargement électriques. « Si on veut développer une logistique verte, il faut aider les entreprises dont c’est la volonté et la stratégie, plaide Yves Piquerel, qui a orienté le choix de Pradier vers des achats de bateaux et l’emploi de mariniers salariés « pour avoir davantage d’autonomie et de souplesse, une flotte en propre apportant davantage de sécurité dans la disposition de la cale et une meilleure maîtrise des coûts de transport ».