Air Liquide emploie 12 000 salariés dans l'Hexagone, gère une cinquantaine d'unités de production fournissant des gaz à usage médical, des équipements de production et des services à une grande variété de clients. L'industriel est implanté de longue date en Normandie, un territoire dans lequel il dispose de sept sites et emploie 230 salariés. Exemple avec Port-Jérôme près du Havre qui est aujourd'hui la plus grande unité de production d'hydrogène par reformage de gaz naturel opérée par Air Liquide France. C'est en 2015 que la technologie Cryocap (TM) était implantée sur ce site, une première mondiale. Cette technologie de production d'hydrogène à partir de gaz naturel permet aujourd'hui de capter jusqu'à 100 000 tonnes de CO2 par an.
Commencer par un bassin majeur
D'ores et déjà, Air Liquide affiche de nouvelles ambitions sur le bassin normand avec un projet baptisé « Air Liquide Normand'Hy » qui devrait contribuer à la transition énergétique et écologique du bassin industriel régional grâce à un électrolyseur de 200 mégawatts. L'objectif est de produire à grande échelle pour « décarboner » à grande échelle. Utilisant la technologie à membrane par échange de protons (PEM) de Siemens Energy, ce sera l’un des premiers électrolyseurs de cette taille à entrer en fonction. La production d'hydrogène renouvelable se fera par électrolyse de l'eau. Le projet qui devrait voir le jour en 2025 permettra d'éviter 250 000 tonnes d'émissions de CO2 tout en contribuant au développement de la mobilité lourde hydrogène dans la région normande. Air Liquide Normand'Hy, qui est soutenu par l'Etat français, sera en mesure de fournir de l'hydrogène renouvelable aux industriels du bassin normand et contribuera notamment à « décarboner » l'industrie du raffinage très présente sur l'axe Seine. Air Liquide a d'ailleurs signé un protocole d'accord avec TotalEnergies pour l'utilisation de cet hydrogène dans sa raffinerie de Gonfreville l'Orcher. Un protocole d'accord a aussi été renouvelé avec Esso Raffinage.
Autre initiative allant dans le sens de la décarbonation de l'axe Seine, Air Liquide, Borealis, Esso SAF, Total Energies et Yara International ont signé en juillet 2021 un protocole d'accord pour développer une infrastructure de captage et de stockage de CO2 en Normandie avec pour objectif de réduire l'émission de ce gaz à effet de serre jusqu'à trois millions de tonnes par an d'ici 2030.
« Le projet Air Liquide Normand'Hy est une pierre angulaire de l'écosystème de décarbonation qu'Air Liquide est en train de mettre en place aux côtés d'autres acteurs industriels majeurs sur l'axe de la vallée de la Seine. Chez Air Liquide, nous pensons pertinent de se concentrer d'abord sur des bassins industriels majeurs, notamment ceux où nous disposons déjà des capacités de production et des réseaux de canalisations. C'est le cas à Port-Jérome où nous opérons la plus grande unité de production d'hydrogène d'Air Liquide en France. Le raccordement de l'électrolyseur de Port-Jérome à notre réseau hydrogène normand contribuera au développement d'un des premiers réseaux hydrogène bas-carbone du monde », explique Cecilia Fouvry-Renzi, directrice des activités hydrogène énergies pour le cluster Europe du Sud Ouest chez Air Liquide.
Utilisé depuis plus de cinquante ans dans le spatial puis dans l'industrie, l'hydrogène n'est pas une molécule nouvelle pour Air Liquide, l'entreprise ayant acquis au fil des décennies une solide expérience en la matière que ce soit en production, stockage, transport et distribution. Mais quels sont les avantages de l'hydrogène et quel rôle peut-il jouer dans la transition énergétique ? « C'est face à l'urgence climatique que le potentiel de cette molécule s'est véritablement révélé. L'hydrogène renouvelable et bas-carbone produit à l'échelle industrielle permet d'accélérer la transition énergétique. Cette molécule contribue notamment à la réduction des émissions des procédés industriels les plus émetteurs. Chez Air Liquide, nous pensons aussi que le développement d'un transport « propre » passera notamment par l'accélération de la mobilité hydrogène sur terre, sur l'eau et dans les airs. La construction navale, les avionneurs, les constructeurs de poids lourds ou encore les gestionnaires de flotte l'ont d'ailleurs déjà identifié comme vecteur d'énergie zéro émission », détaille Cecilia Fouvry-Renzi.
Des investissements
Air Liquide a tout récemment validé son nouveau plan stratégique. Là encore, la place de l'hydrogène est incontournable. « Contribuer à décarboner la planète est au cœur de notre nouveau plan stratégique, baptisé « Advance » à l’horizon 2025. Le plan du groupe comprend une accélération du développement de l'hydrogène dont le chiffre d'affaires devrait au moins tripler d'ici 2035 pour atteindre plus de six milliards d'euros. Nous y parviendrons en investissant environ huit milliards d'euros dans la chaîne de valeur de l'hydrogène bas-carbone d'ici 2035 », précise la responsable. Air Liquide a également identifié la mobilité hydrogène notamment la mobilité lourde comme un marché à fort potentiel dans lequel l'hydrogène bas-carbone jouera dans un avenir proche un rôle déterminant.
Aujourd'hui, l'industriel dispose à travers le monde de 53 unités de production d'hydrogène et de 150 stations d'hydrogène conçues et installées. D'ici 2030, sa capacité totale d'électrolyse devrait atteindre les 3 GW. Son chiffre d'affaires actuel sur l'hydrogène est aux alentours de 2 milliards d'euros.