À Lyon, une volonté politique affirmée

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La logistique fluviale urbaine ne demande qu’à se développer sur les rives du Rhône et de la Saône, où des quais sont disponibles. La métropole du Grand Lyon entend favoriser les solutions alternatives à la route pour la distribution urbaine. La ville de Lyon dispose, en plein centre-ville, de quais qui pourraient être mis à profit pour fluvialiser la logistique urbaine. Elle possède également un autre atout : le port Édouard-Herriot, exploité par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), est situé au cœur de l’agglomération, à moins de 3 km de la confluence du Rhône et de la Saône. Voies navigables de France (VNF) a une volonté forte de promouvoir le transport fluvial en centre-ville de Lyon, à la fois dans les vracs pour les chantiers de travaux publics et pour la logistique liée à la distribution, comme l’explique Thomas Momber, chef du Service fluvial lyonnais : « Pour les vracs, le quai Arloing, en rive droite de la Saône, a été utilisé pour le stockage et l’évacuation des déblais du chantier du tunnel de la Croix-Rousse. Et nous travaillons à développer le transport fluvial sur le chantier de la Confluence. En matière de logistique urbaine, nous disposons de plusieurs quais non exploités. Nous avons été approchés par différents acteurs économiques, et espérons mettre en place courant 2021 une expérimentation avec un chargeur et un transporteur fluvial : par exemple le regroupement des marchandises sur un hub proche de Lyon, leur embarquement sur bateau vers le centre-ville avant un dernier kilomètre effectué à vélo ».

Un quai identifié

Un site a été identifié comme étant particulièrement adapté à cet usage : un quai bas situé sous le pont Morand, en rive droite du Rhône, à deux pas de l’hôtel de ville. L’emplacement, actuellement utilisé comme parking, offre une belle potentialité pour la logistique urbaine, puisqu’il peut être utilisé pour de la manutention et du petit stockage. Des travaux de dragage sont prévus au premier trimestre 2021 et le quai devrait accueillir, dès le deuxième trimestre, une escale de River Tri (qui s’ajouterait à la première existante) la déchetterie fluviale de Suez, établie à bord d’une barge poussée par la CFT.

VNF va aussi lancer courant 2021, en coopération avec la CNR, un appel à manifestation d’intérêt pour faire connaître le potentiel existant sur les rives du Rhône et de la Saône et faire émerger des projets. « Cela répond à une attente forte des habitants et de la nouvelle mandature que l’on sent très favorable à l’émergence du fluvial », souligne Thomas Momber.

Le conseil de la métropole du Grand Lyon est en effet présidé depuis l’été 2020 par un écologiste, et a le projet d’étendre la zone à faibles émissions (ZFE) mise en place en janvier 2020 par l’équipe précédente. Les liens entre VNF et la collectivité territoriale sont anciens puisqu’une charte de partenariat, comportant un volet financier, existe avec le Grand Lyon depuis 1997, et sera renouvelée en 2021.

Les ambitions de la métropole sont aujourd’hui fortes, comme l’explique Jean-Charles Kohlhass, vice-président de la métropole chargé des déplacements, de l’intermodalité et de la logistique urbaine : « On s’est donné cinq ans pour sortir du diesel. C’est un gros défi ! En 2021, nous lançons l’élaboration d’un schéma directeur de la logistique urbaine, en collaboration avec VNF et la CNR car le fluvial y aura toute sa place. Pour le dernier kilomètre, nous disposons d’outils comme la ZFE, et pouvons envisager de réduire les horaires de livraison sauf pour le vélo-cargo, qui fonctionne déjà fort à Lyon ; le coupler au fluvial permettrait de monter en puissance. La création d’un hôtel logistique au port Édouard-Herriot, dont les travaux vont commencer, aidera à développer des transports propres pour le dernier kilomètre. Pour la logistique amont, en particulier pour les conteneurs depuis Marseille, nous n’avons pas la main. L’État, depuis des décennies, a laissé une trop grande part à la route, seul mode de transport qui ne paie pas son infrastructure au juste prix ».

La montée en puissance de la ZFE, en interdisant à terme le diesel, obligera les transporteurs à remplacer leur flotte par des véhicules plus propres, mais aussi plus chers. Ce qui ne peut qu’inciter les chargeurs à se tourner davantage vers le fluvial.

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