VNF dresse l’inventaire de l’héritage fluvial des Jeux olympiques

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Le bateau Le Rhône participe à la cérémonie d'ouverture des JO - photo VNF

Le bateau Le Rhône participe à la cérémonie d'ouverture des JO Paris 2024

Crédit photo VNF

Si les arrêts de navigation de l’été ont nui à l’activité fluviale, la mise à l’honneur de la Seine au cours des Jeux olympiques devrait profiter, à long terme, aux bateaux à passagers parisien. L’héritage fluvial des JO ne se limite pas à cet effet d’image mais comprend aussi de nouveaux aménagements, un verdissement de la flotte fluviale ainsi qu’une amélioration de la qualité de l’eau qui peut générer de nouveaux conflits d’usage du fleuve.

« La Seine s’est imposée comme un terrain de jeux inédit lors de ces olympiades » : tel est le constat fait par Voies navigables de France (VNF) dans un communiqué publié le 12 septembre, quelques jours après la clôture des jeux de Paris 2024 qui auront, selon l’établissement public, « constitué l’une des plus belles vitrines pour valoriser les nombreux atouts du fluvial ».

Chacun pense en premier lieu à la parade fluviale de la cérémonie d’ouverture des JO, au cours de laquelle 90 bateaux ont navigué sur la Seine, d’un bout à l’autre de Paris, pour transporter les athlètes à travers la capitale. Pour l’occasion, les efforts de verdissement de la flotte naviguant sur le bief de Paris avaient été accélérés. En trois ans, 40 bateaux sur les 100 que compte la flotte parisienne de transport de passagers ont été remotorisés, en hybride diesel électrique pour la plupart d’entre eux.

Verdissement de la flotte parisienne

Si les bateaux ayant participé à la cérémonie d’ouverture sont presque tous issu de la flotte parisienne, l’un d’entre eux venait du bassin du Rhône : il s’agit de la vedette Le Rhône, un bateau de VNF utilisé la plupart du temps pour des actions de communication de l’établissement public. C’est la délégation du Kirghizistan qui avait pris place à bord pour la parade nautique du 26 juillet. De bons souvenirs pour l’équipage VNF de cette vedette, qui a pris son temps pour traverser la France jusqu’à Paris, d’où le voyage retour vers Lyon via le canal de Champagne en Bourgogne sera entrepris le 30 septembre.

Pour VNF, l’héritage des Jeux olympiques dépasse de loin le souvenir de cette participation à la cérémonie d’ouverture. Davantage que la fermeture à la navigation, ce sont les nouveaux aménagements mis en place à l’occasion des JO que veut retenir VNF.

Rénovation du bras de Gennevilliers

C’est le cas par exemple le long de l’île Saint-Denis, en aval de Paris. Pour sécuriser le village olympique qui y a été construit, le bras principal de la Seine, qui passe à l’est et au nord de l’île, a été fermé à la navigation du 3 juillet au 9 septembre. Pour la continuité de la navigation en Seine, le bras secondaire, dit « bras de Gennevilliers », a fait l’objet d’aménagements et dragages pour le rendre plus apte à la navigation. Les travaux, d’un coût de 7 millions d’euros, ont été financés par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo).

Supervision de l'alternat de l'île Saint-Denis - photo VNF
Supervision de l'alternat de l'île Saint-Denis
Crédit photo : VNF

Ce bras secondaire de l’île Saint-Denis étant plus étroit que le bras principal, un alternat a dû être mis en place pour éviter le croisement des bateaux sur une longueur de 5 km. Il était prévu que l’alternat soit à horaires fixes le jour, et à la demande la nuit, supervisé par les agents VNF de l’écluse de Chatou. « L’utilisation de l’AIS et la supervision humaine ont permis de passer, au fil de l’été, à des passages à la demande y compris en journée, quant on savait qu’aucun bateau n’attendait, explique Stéphane Bousquet, directeur territorial de VNF pour le bassin de la Seine. La régulation de trafic, qui a bien fonctionné, était nécessaire car les navigants ont l’habitude de passer par le bras de Saint-Denis et connaissent peu ce bras de Gennevilliers. »

VNF au cœur des Jeux olympiques

Au total, 50 bateaux par jour ont emprunté le bras secondaire de l’île Saint-Denis au cours de l’été. La régulation de trafic a nécessité le recours à du personnel supplémentaire : 16 agents VNF sont venus d’autres bassins pour prêter main forte à leurs collègues franciliens, à l’écluse de Chatou comme en Seine amont. En effet, pour compenser les arrêts de navigation dans Paris, les écluses de la Marne (Saint-Maurice et Créteil) et de la Seine amont (Port-à-l’Anglais, Ablon et Évry) ont été ouvertes jusqu’à minuit les veilles d’entraînement ou d’épreuves.

« Cette petite équipe de volontaires a vécu une expérience très enrichissante, avec une dynamique intéressante, note Cécile Avezard, directrice générale de VNF. D’un point de vue technique, cette régulation fait partie de nos compétences habituelles. Mais la coordination au cœur des Jeux, avec la mise en place de barrières flottante anti-intrusion, est quelque chose d’exceptionnel. »

Des arrêts de navigations limités

Comme les travaux réalisés à l’île Saint-Denis, cette expérience fait partie de l’héritage des Jeux. Mais est-ce de nature à faire oublier les sept jours de fermeture à la navigation du bief parisien de la Seine ? « Quand on a commencé à préparer les Jeux olympiques, la plupart de nos interlocuteurs ne voyaient aucun problème à fermer la Seine à la navigation pendant plusieurs semaines, rappelle Cécile Avezard. Les Jeux ont fait prendre conscience de ce que la Seine apporte à Paris, y compris en ce qui concerne la logistique urbaine. »

Pour le transport de marchandises, 60 bateaux traversent Paris chaque jour. En ce qui concerne le transport de passagers, on compte au centre de Paris 700 passages de bateaux par jour, le même bateau pouvant passer plusieurs fois dans la journée. À cette énorme densité du trafic dans le bief parisien s’ajoute la présence de bateaux-logements le long des berges de la Seine.

Tout à l’égout pour les bateaux-logements

Pour les seuls ports des Tuileries et des Champs-Élysées, qui sont gérés par VNF, 48 bateaux-logements ont été raccordés au système d’assainissement des eaux de la ville de Paris. Des efforts similaires ont été menés par Haropa pour raccorder les bateaux-logements des autres quais franciliens, qui sont sous son autorité.

Ce raccordement des bateaux-logements aux égouts, rendu obligatoire par une loi spéciale JO, représente peu par rapport aux autres aménagements réalisés à l’amont de Paris pour améliorer la qualité de l’eau du fleuve. Ils étaient cependant nécessaires au vu de la proximité des épreuves de nage en Seine, et contribuent sans doute à améliorer l’image du fluvial.

Des baigneurs au milieu des bateaux ?

L’amélioration de la qualité de l’eau de la Seine, qui constitue un élément important de l’héritage des Jeux olympique, ouvre la voie à l’autorisation de la baignade. Cela ouvre aussi une nouvelle concurrence entre différents usages du fleuve. VNF et la mairie de Paris ont entamé des discussions sur les emplacements propices à la baignade. Les trois sites parisiens visés seraient Bercy, le bras Marie (entre l’île Saint-Louis et la rive droite) et le bras de Grenelle (entre le port de Grenelle et l’île aux Cygnes).

À Bercy, la Seine est jugée suffisamment large par VNF pour délimiter une zone de baignade qui ne nuirait pas à la navigation. Il en est tout autrement dans le bras de Grenelle et surtout dans le bras Marie : si les bateaux qui l’empruntent aujourd’hui dans le sens avalant se reportent demain sur l’alternat, il y a risque de bouchon. La solution serait de n’autoriser la baignade que tôt le matin, puisque le nombre de bateaux à passagers dans Paris reste réduit jusqu’en milieu de matinée. Mais cet horaire satisfera-t-il les baigneurs ?

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