A chaque écluse, sa maison éclusière. Le canal de Bourgogne, qui relie la Saône à l’Yonne, de Saint-Jean-de-Losne à Migennes en passant par Dijon, en compte 222, soit la moitié du total de la direction Centre-Bourgogne. C’est pourquoi ce canal de Bourgogne a été choisi par VNF pour lancer, en mars 2019, le programme « Open Canal ». Tout part d’un constat : sur le réseau touristique de petit gabarit, chaque éclusier gère plusieurs écluses et beaucoup de maisons éclusières sont vacantes, certaines très délabrées.
« Cela donne une mauvaise image de la voie d’eau, car les plaisanciers voient ce patrimoine historique abandonné. Sur le canal de Bourgogne, les écluses sont encore manuelles, non automatisées, mais un éclusier accompagne les bateaux le long du canal, ouvrant les écluses au cours du trajet ; il n’y a pas besoin qu’il habite sur le canal et les maisons se sont vidées de leurs habitants », indique Antoine Chardonnal, responsable du pôle développement de la direction territoriale Centre-Bourgogne de VNF
Plutôt que de lancer des appels à projet au cas par cas, maison éclusière par maison éclusière, VNF a choisi de communiquer sur l’ensemble des bâtiments disponibles. Sur les 222 maisons du canal de Bourgogne, on compte 189 maisons éclusières, les autres étant des maisons de garde, d’ingénieur ou de perception. Un tiers d’entre elles est occupé par des agents VNF, un tiers utilisé par des tiers, 70 sont vacantes.
22 projets prioritaires
« Le premier travail a consisté à établir un état des lieux. Nous avons ensuite lancé la démarche Open Canal avec un forum, qui s’est tenu à Dijon en mai 2019 pour rassembler les porteurs de projets et créer un réseau. Sur un itinéraire en bateau, à pied ou à vélo, on doit trouver des activités différentes à chaque étape. Lors de ce forum, nous avons proposé aux 200 participants de remplir une manifestation d’intérêt pour un lieu ou pour une activité. Et cela a fonctionné au-delà de nos espérances, puisque nous avons recueilli 101 manifestations d’intérêt. Certaines n’ont pas été retenues, les projets n’étant pas mûrs, émanant de personnes amoureuses d’un lieu, rêvant de maison éclusière mais qui n’avaient pas prévu d’activité durable. Mais au terme d’un premier tri, 90 projets nous ont paru intéressants », explique Antoine Chardonnal.
La majorité de ces projets concernent de l’hébergement touristique ou de la restauration, mais on compte aussi des fermes « bio », des commerces, une résidence d’artistes et une maison de pays. VNF a sélectionné 22 projets prioritaires : des activités structurantes, implantées sur les lieu de passage les plus fréquentés, et en capacité de démarrer rapidement. Les principaux critères retenus sont la pérennité de l’activité, le respect de l’environnement et la cohérence avec la vocation touristique du canal.
L’ambition était de mettre en place ces premiers projets dès 2020, mais la crise sanitaire en a décidé autrement. Le confinement a été mis à profit pour peaufiner les projets et avancer sur leur financement. Pour les premières maisons éclusières, les travaux sont engagés et l’activité pourra démarrer au cours de la saison touristique 2021.
Pour Antoine Chardonnal : « "Open Canal" montre la volonté de VNF de valoriser son patrimoine en lien avec le tourisme. C’est un coup de projecteur que nous avons donné sur les maisons éclusières pour ne pas réagir aux demandes des porteurs de projet mais les anticiper, voire les susciter. Cela remet le canal au centre des attentions ».
Le risque pour VNF est d’avoir davantage de demande que de capacité financière à restaurer les maisons éclusières. Mais la crainte du succès n’arrête pas la direction Centre-Bourgogne, qui a lancé fin 2019 un programme similaire pour 20 maisons éclusières du canal de Briare.