Entreprises fluviales de France (E2F) a bâti une stratégie de sortie de crise à court et moyen termes pour la filière du tourisme fluvial. Elle a été transmise le 20 avril 2020 aux secrétaires d’État, respectivement en charge du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, et des Transports, Jean-Baptiste Djebbari.
À court terme, la stratégie a présenté les actions et mesures pour préparer le déconfinement des entreprises du tourisme fluvial et la reprise d’activité pour ce qui restera de la saison 2020 (voir notre article). À moyen terme, elle détaille les conditions d’appui économiques pour préparer la relance à partir de 2021 et les années d’après.
Les différents segments du tourisme fluvial, croisières, bateaux-promenade, bateaux-restaurants, bateaux pour de l’événementiel, péniches-hôtels, bateaux en location ainsi que les bateaux de particuliers (plaisance), tous les bacs, passeurs de rives et navettes sont à l’arrêt depuis la mi-mars 2020 et si rouvrir est une urgence tout en respectant toutes les mesures sanitaires nécessaires, ce n’est pas cela qui va permettre aux PME et TPE de ce secteur de se rétablir. « C’est la totalité de la saison qui est condamnée et donc le résultat de l’exercice comptable de 2020, avec une reprise lente les années suivantes qui impactera durablement l’économie du secteur », souligne E2F, ajoutant : « La réouverture de l’activité n’a de sens pour nos entreprises, notamment au plan économique, que si les conditions d’appui économique nécessaires sont mises en œuvre parallèlement car le modèle économique de nos activités sera structurellement déficitaire au moment de la reprise. » En cas de non-prise en compte de ces demandes des PME et TPE de cette filière, les conséquences sont simples : « Même en évitant toute défaillance d’entreprise, le secteur fluvial prévient : sans mesure d’appui à l’emploi, c’est plus de 30% des ETP de la filière qui seraient menacées à court terme et la totalité des emplois saisonniers. »
Adapter les mesures d’aides et de soutien au fluvial
Une telle possibilité est réelle car les mesures d’aides et de soutien mises en place par le Gouvernement depuis le début de la crise sanitaire ne répondent pas complètement aux spécificités des entreprises du fluvial : « Les mesures d’activité partielle et d’étalement des crédits, bien que déterminantes, sont déjà insuffisantes pour pallier les effets d’une absence de chiffre d’affaires jusqu’à la fin de la période de confinement et de baisse d’au moins 50% au-delà. Ce repli résultera mécaniquement de la chute de la demande des clients d’une part et de la mise en œuvre des gestes barrière et de la distanciation sociale d’autre part », dit E2F.
C’est la raison pour laquelle cette fédération demande la poursuite des différentes mesures existantes mais surtout leur amplification et leur adaptation (voir encadré) à la situation des PME et TPE du tourisme fluvial « pour compenser la faiblesse du chiffre d’affaires, éviter des cessations d’activité, relancer l’investissement (qui a toutes les chances d’être durablement stoppé) et si possible permettre le rebond » Étant précisé que « la faiblesse du chiffre d’affaires sera durable dans le secteur du tourisme fluvial, comme dans l’ensemble des filières du tourisme, probablement de l’ordre de 2 à 3 ans comme l’indiquent les projections du secteur aérien, c’est-à-dire plus que la crise qui a suivi les attentats de 2015 ».
Favoriser l’investissement
Au-delà de l’adaptation des mesures d’aides aux spécificités des PME et TPE du tourisme fluvial qui permettent de soutenir leur trésorerie à court terme, il faut travailler à un rétablissement plus complet à moyen terme. Celui-ci peut, par exemple, se fonder sur l’investissement en utilisant les actifs que sont les bateaux et les établissements flottants pour cette filière. Ces actifs peuvent faciliter un refinancement, constituer des garanties pour des prêts. Il s’agit de bâtir une ingénierie financière sur la base des actifs que sont les bateaux pour sauver les PME et TPE du tourisme fluvial.
E2F liste les mesures d’aides et de soutien mises en place par le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire pour venir en aide aux entreprises en difficulté en indiquant comment il conviendrait de les adapter aux spécificités de celles actives dans le fluvial, et qui sont souvent des PME et TPE.
- Chômage partiel : maintenir les conditions actuelles avec un plafond porté à 2 500 heures contre 1 607 heures actuellement.
- Prêt garanties par l’Etat : porter la durée de prêt de 5 à 10 ans et la garantie à 60 % du chiffres d’affaires.
- Fonds de solidarité : modifier les critères de chiffre d’affaires, résultat et intégration des dividendes du dispositif.
- Charges sociales : exonérer totalement de charges patronales et salariales les salaires allant jusqu’à 1,5 fois le SMIC.
- Loyers : effacer les redevances d’occupation du domaine public fluvial temporairement.
- TVA : appliquer un taux réduit en période de reprise.
- Contrats fournisseurs : prolonger de deux ans la durée des conventions d’occupation temporaires actuellement en vigueur.
- Contrats clients : rendre applicable aux opérations de transport l’ordonnance du 25 mars 2020 relative aux conditions financières de résolution de certains contrats de voyages touristiques.
- Réglementation : instaurer un moratoire sur l’application des règles techniques imposant des mises aux normes (titres de navigation, permis...).