L’Albe, le Lombarde et le Vesine : trois noms de vents du Sud-Est de la France ont été choisis par la Compagnie fluviale de transport (CFT, groupe Sogestran) pour ses trois nouveaux automoteurs baptisés le 23 mai, qui navigueront dans la vallée du Rhône.
L’armateur fluvial et maritime havrais poursuit ainsi sa tradition de nommer ses bateaux citernes d’après des noms de vents. Il rompt en revanche avec un autre de ses usages : celui de recourir au convoi poussé, abondamment utilisé par la CFT sur le bassin de la Seine et, jusqu’ici, sur celui du Rhône.
Remise en état. Les trois nouveaux automoteurs mesurent 110 m de long pour 11,4 m de large et disposent chacun d’une capacité de 3 600 m³ de stockage. Naviguant préalablement sur le bassin du Rhin, ils ont, après leur acquisition aux Pays-Bas par le groupe Sogestran, fait l’objet sur place de premiers travaux au chantier Asto situé à Raamsdonksveer (Brabant septentrional).
Ils ont ensuite été transportés jusqu’à Fos-sur-Mer par navire semi-submersible, puis ont rejoint Loire-sur-Rhône (entre Lyon et Vienne), siège des activités rhodaniennes de la CFT qui y a achevé leur remise en état.
Carburants et méthanol. Dédiés à des clients ou à des produits spécifiques pour des contrats de long terme, les trois automoteurs citernes vont naviguer entre Lyon et Marseille, transportant des carburants, des bio-carburants, des bases essences et du méthanol.
Soutien du PAMI et du Plan 5Rhône. "Les investissements dans ces trois automoteurs sont le fruit des relations de confiance que nous avons avec nos clients", a déclaré Mathieu Blanc, lors du baptême des trois automoteurs qui s’est déroulé le 23 mai à Loire-sur-Rhône.
Le directeur du métier fluvial du groupe Sogestran a aussi rappelé à cet occasion le soutien des Voies navigables de France (VNF) et de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), à travers le Plan d’aide à la modernisation et à l’innovation (PAMI) pour l’un et le Plan 5Rhône pour l’autre.
Des équipages d’horizons différents. Le temps de remise en état des automoteurs a déjà permis aux équipages de "s’approprier la nouvelle unité et sa documentation, faire les essais et les exercices, refaire l’étiquetage pour identifier toutes les commandes, indique Charles Drouet, directeur de CFT Rhône. Dans un contexte de métier en tension, nous sommes contents d’avoir réussi à constituer trois équipages issus d’horizons différents : certains mariniers naviguaient auparavant sur des convois de barges de conteneurs, d’autres sur des convois pousseur-barge vrac liquide et d’autres sur les transports de passagers. Le sentiment d’appartenance et de fierté est déjà très fort, car chaque équipage s’approprie son automoteur et le bichonne."
Une maintenance "optimum". Le groupe Sogestran explique en effet sa préférence pour des automoteurs plutôt que des convois poussés par une plus grande implication des navigants pour le maintenance d’un bateau, toujours le même, à bord duquel ils logent.
"Les équipages étant plus responsabilisés sur un automoteur qui leur est dédié, l’entretien et le maintien en conditions opérationnelles sont optimum."
Longue tradition de poussage. D’autres raisons sont aussi à l’origine du recours à l’automoteur plutôt qu’à l’ensemble pousseur barge, privilégié jusqu’ici par l’armateur normand. Le groupe Sogestran, créé en 1948, a en effet lancé ses premiers convois poussés pour le transport de pétrole sur la Seine dès 1961.
Le poussage a ensuite été étendu au Rhône dès l’arrivée de l’armateur sur ce bassin en 1975. Ce sont aussi des barges poussées qui ont servi à transporter du charbon sur la Loire à partir de 1983 ou des conteneurs sur la Seine depuis 1994.
Avantage énergétique à l’automoteur. Le retour aux automoteurs s’explique aujourd’hui par une recherche d’efficacité énergétique, mais aussi de modèle économique basé sur des bateaux dédiés à des clients précis, explique le groupe havrais.
"Ces trois nouveaux automoteurs illustrent une tendance de fonds chez CFT : le basculement du modèle pousseur-barge vers le modèle automoteur, expliqué par l’évolution du modèle commercial pour la Compagnie et les exigences environnementales. L’automoteur est intrinsèquement plus efficace énergétiquement : la forme de la coque et le dimensionnement des motorisations permettent de diminuer significativement les consommations de carburant (une diminution de 20 % est constatée)."