La Commission centrale de la navigation du Rhin (CCNR) a publié en décembre 2018 son Aperçu du Marché de la navigation intérieure européenne, riche d’enseignements sur le transport fluvial à l’échelle de toute l’Union européenne (UE). Les données chiffrées concernent le premier semestre de l’année 2018. Pour le bassin du Rhin, la CCNR constate une augmentation de 4,3 % des prestations de transport. Cette croissance du fluvial est, en fait, entièrement concentrée sur le premier trimestre de l’année, puisque le trafic a stagné au deuxième trimestre, avant de plonger dès l’été pour cause de basses eaux. Pour la partie française du Rhin, par exemple, le nombre de conteneurs a diminué de 19 % au cours des 9 premiers mois de l’année. La baisse touche aussi l’Allemagne et les Pays-Bas, alors que l’année avait bien commencé pour les conteneurs fluviaux dans ces deux pays, ainsi qu’en Belgique. Pour le troisième trimestre, le trafic fluvial est attendu en contraction de plus de 15 % par rapport au troisième trimestre 2017.
Les basses eaux du Rhin, qui se font habituellement sentir en hiver, lorsque l’eau est retenue à l’amont sous forme de neige, ont impacté la navigation fluviale dès le début du très sec été 2018, réduisant graduellement la capacité de cale des bateaux. Le niveau d’eau du Rhin a atteint son plus bas en novembre, réduisant de plus de moitié la capacité des bateaux, faisant grimper en flèche les taux de fret et entraînant même des arrêts complets de navigation. Ces basses eaux ont été exceptionnelles surtout par leur durée, jusqu’à la reprise des pluies fin novembre.
Le transport fluvial français s’en sort mieux, avec un essor de 3,6 % du tonnage transporté sur les neuf premiers mois, dû, en particulier, à la hausse des transports de matériaux de construction et surtout de céréales. Les conteneurs fluviaux sont à la peine sur le Rhin, mais aussi, dans une moindre mesure, sur la Seine et le Rhône. Seul le bassin du Nord tire son épingle du jeu, avec un essor de 18 % des trafics conteneurisés.
La Suisse en pointe pour les passagers
En termes de volume financier du secteur fluvial, ce sont, sans surprise, les Pays-Bas qui se placent en 2017 en tête de toutes les nations fluviales européennes, avec 2 362 M€ de chiffre d’affaires pour le transport de marchandises et 205 M€ pour les passagers. L’Allemagne suit de près, avec seulement 1 643 M€ pour les marchandises, mais 521 M€ pour les passagers. La Suisse la devance sur ce dernier chapitre : le transport de passagers y affiche un chiffre d’affaires de 598 M€ contre 185 M€ pour les marchandises. En France, aussi, l’activité passagers (359 M€) devance celle de transport de marchandises (274 M€), de même qu’en Italie (398 M€ contre 43 M€) ou en Suède (193 M€ contre 19 M€). Le transport de marchandises (172 M€) est, en revanche, plus important que celui de passagers (48 M€) en Belgique, de même que dans les pays riverains du Danube (92 M€ pour les marchandises contre 8 M€ pour les passagers en Roumanie, 51 M€ contre 20 M€ en Hongrie, 73 M€ contre 7 M€ en Slovaquie), à l’exception toutefois de l’Autriche, où le secteur des passagers (61 M€) devance par son chiffre d’affaires celui du transport de marchandises (48 M€).